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Appel "(Re)penser le journalisme. Innovations, vitesse, transparence", 1ères Rencontres annuelles CFJ/Paris I Panthéon-Sorbonne/ESCP-Europe, 23 novembre 2011

Les rencontres annuelles CFJ/Paris I Panthéon-Sorbonne/ESCP-Europe se donnent pour objectif de faire dialoguer le monde des journalistes et celui de la recherche académique afin de dégager des pistes communes de réflexion autour des évolutions des métiers de l’information. Elles sont ouvertes à toutes les disciplines des sciences humaines et sociales.

Les médias engendrent d’incessantes discussions quant à leur place dans la société, leur rôle dans la vie politique, leur impact sur la population. Tandis que certains leur imputent nombre de dysfonctionnements sociaux (de la violence des jeunes à la désaffection civique, du nivellement culturel à l’appauvrissement du débat public), d’autres soulignent au contraire leur contribution à la vitalité démocratique. Fréquemment investis de passions et de préjugés, ces débats sont loin d’être une originalité de l’époque contemporaine. On ne manque pas d’être surpris par la récurrence des espoirs et des craintes suscitées par les médias, au fur et à mesure de leurs transformations technologiques ou éditoriales. De la « grande presse » doctrinale du XIXe siècle à l’émergence du web, chaque nouveau support médiatique s’est accompagné de discours prophétiques selon lesquels ces innovations bouleverseraient l’ordre social et politique.
Les médias sont en effet fréquemment envisagés comme un « tout » homogène et doté en soi d’un « pouvoir ». Cette conception tient à une insuffisante clarification du terme et notamment à la confusion entre ses deux acceptions, le mot « médias » désignant à la fois des instruments de communication et des acteurs particuliers du monde social. Ce terme renvoie premièrement à l’ensemble des dispositifs et des supports par l’intermédiaire desquels des individus dispersés dans l’espace ou dans le temps sont mis en relation ou exposés à des contenus. Ces outils pèsent ensuite sur les modalités d’exercice du pouvoir. Ils offrent aux gouvernants des ressources (pour prescrire des comportements, légitimer l’action de l’État ou mobiliser la population) mais aussi des contraintes puisque leur activité est virtuellement placée sous le regard d’un public plus ou moins étendu.
Instruments des batailles politiques, les médias sont par conséquent l’un des enjeux de ces affrontements. Leur développement est étroitement dépendant de l’évolution des régimes, des législations et, plus généralement, des rapports de forces sociaux. Les médias désignent enfin, par raccourci, les entreprises médiatiques et, plus généralement, l’ensemble des acteurs qui participent à la production et à la diffusion des contenus médiatiques. Aujourd’hui, parler des « médias » renvoie fréquemment aux sociétés audiovisuelles, aux groupes de presse, aux dirigeants et salariés de ces entreprises (notamment les journalistes), voire à certains membres des secteurs de la communication ou de l’Internet.
L’histoire des médias se présente l’histoire des innovations techniques, des innovations économiques, des inventions de « nouveaux publics », mais également comme l’examen des intermédiaires qui utilisent et produisent des contenus, de leur identité, de leurs pratiques, de leurs enjeux spécifiques et de la place qui leur est accordée. L’apparition de nouveaux modes de collecte et de diffusion de l’information modifie la pratique journalistique, mais on peut s’interroger si elles changent réellement la nature même du journalisme. Le journalisme est soumis à plusieurs défis à la fois : économique d’abord, technologique et sans doute moral. L’objectif de ce colloque est d’interroger les effets de ces innovations sur la nature et la fonction sociale du journalisme. Il s’organisera autour de trois axes :

Axe 1 : Le journalisme est-il victime d’un excès de vitesse ?
Les innovations techniques médiatiques ont souvent été caractérisées par le fait qu’elle affectait plus rapidement un plus grand nombre d’individus. Ça a été le cas de la radio, de la télévision et plus encore maintenant de l’Internet. A chaque fois, elles ont été investies de croyance, de mythologie autour d’un effet fort de ces techniques sur les populations. Les contributions s’interrogeront alors sur le fait de savoir si la dilution des repères (temporels ou spatiaux) et des références rendent possible la construction d’un monde, où seront colportées aussi bien les impostures, les propagandes que des vérités factuelles ; où les frontières entre la sphère publique (celle du journalisme) et la sphère privée seront brouillées. On peut aussi s’interroger sur le fait de savoir si ces innovations enrichissent les capacités d’expression du journalisme (développements multiples) ou le condamnent à multiplier les brèves.

Axe 2 : Les innovations changent-elles la fonction sociale du journalisme ?
A l’évidence, l’apparition de nouveaux modes de collecte et de diffusion de l’information modifient la pratique journalistique. Ces innovations changent-elles aussi la nature même du journalisme ? Les capacités informatiques de traitement des bases de données et de mise en scène de l’information vont-elles permettre l’apparition d’un « journalisme intelligent »(libéré de l’événementiel pur), d’un journalisme « citoyen » ou d’un journalisme « alternatif » dans une société de la connaissance ? Cet axe vise à dresse un état des lieux de l’innovation et de ses impacts sur les pratiques journalistiques. On portera une attention toute particulière aux visions du monde avec lesquels travaillent les journalistes : faut-il par là être au service du public, l’informer en toute neutralité ou alors le guider politiquement ?

Axe 3 : Les nouvelles technologies anéantissent-elles l’économie du journalisme ?
L’évolution économique permet-elle encore de financer un journalisme de qualité et/ou un acte journalistique autonome répondant aux objectifs de la profession ? La surabondance de l’offre a renforcé le poids des contraintes marchandes sur l’ensemble des marchés médiatiques. La plupart des entreprises ont dû adapter leurs normes de production à cette nouvelle donne concurrentielle. Plus qu’autrefois, les médias doivent produire des contenus attractifs, pour retenir l’attention de publics jugés « surinformés » et « zappeurs ». Au-delà des contenus, c’est la viabilité même des différents modèles économiques qui est actuellement mise en question. À partir du milieu des années 1990, la gratuité de l’accès aux médias est apparue comme une réponse pertinente pour (re)conquérir les publics. Mais au-delà de la gratuité, les nouvelles technologies de communication fragilisent les frontières entre « professionnels » et « amateurs » de l’information. Les moteurs de recherche ne hiérarchisent pas les contenus en fonction de leur statut, mettant en équivalence productions journalistiques et promotionnelles. Plus généralement, en permettant théoriquement à chacun d’alimenter la toile, le web tend à bousculer la division traditionnelle entre producteurs « actifs » et récepteurs « passifs » des produits médiatiques.

Les contributions devront être envoyées au conseil scientifique avant le 15 mai aux adresses suivantes :
nicolas.hube@univ-paris1.fr
cdeloire@cfpj.com

Les propositions ne devront pas dépasser 3000 signes et devront contenir une présentation de la problématique, l’axe dans lequel elles pensent pouvoir s’inscrire, le terrain sur lequel elles réponsent.

Citer cet article : http://www.histoiredesmedias.com/Appel-Re-penser-le-journalisme.html

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