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Appel àcommunications du Réseau Thématique « Sociologie des médias  » (RT 37) en vue du congrès 2011 de l’Association Française de Sociologie.

Les processus de création(s) et d’innovation(s) sont partie intégrante de l’histoire des médias. Ces derniers paraissent conditionner aujourd’hui fortement la production et le renouvellement des idées, des biens et des pratiques dans de nombreux domaines (domestique, politique, économique, artistique, culturel…), ils ont en cela un rôle social majeur dans l’émergence et le développement des innovations.

Les sessions du réseau thématique « sociologie des médias » sont cette année l’occasion de réfléchir à la place et aux retombées des processus de création(s) et d’innovation(s) dans l’évolution du secteur des médias, mais aussi à la contribution de ces derniers aux dynamiques de création(s) et d’innovation(s) dans l’ensemble de la société. Les propositions de communications pourront s’inscrire dans trois axes structurant la réflexion à ce sujet.

Axe 1 : Innovation(s)-création(s) technologique(s) et redéfinition du périmètre des médias
Les révolutions technologiques et les inventions techniques semblent avoir chaque fois provoqué de profonds bouleversements dans la structure et le fonctionnement du secteur des médias. Tout d’abord, l’introduction de nouveaux procédés et de nouveaux matériels au stade de la production ou de la diffusion des contenus modifie les équations économiques et commerciales (qu’il s’agisse des besoins en investissements financiers, des coûts de fabrication, de la taille des populations exposées aux messages médiatiques,…). Que l’on pense aux entreprises de capitalisme familial, aux grands groupes industriels ou bancaires, aux multinationales des « télécommunications » ou même au « service public » des médias, chaque nouvelle « révolution » a vu l’émergence, le renforcement ou le recul de certains acteurs ou de certaines formes d’emprise sur le secteur. En envisageant la grande diversité des supports médiatiques, les sessions du RT devraient permettre d’examiner ces permanences et ces reconfigurations parmi les acteurs qui ont été confrontés à ces bouleversements techniques.
Les création(s) et innovation(s) technologiques ont également eu des effets sur les frontières des groupes professionnels travaillant pour les médias. De nouveaux métiers et de nouvelles spécialités sont apparues, d’autres ont disparu, et beaucoup ont été redéfinies sous le coup de ces évolutions (typographe, cameraman, preneur de son, webmaster,…). Mais le perfectionnement du matériel et les contraintes économiques n’ont pas seulement modifié les métiers dits « techniques ». Ces derniers ont été en effet souvent fusionnés avec les activités de « rédaction » ou de « création ». Ainsi, dans les rédactions de télévision, après la suppression progressive des preneurs de son, c’est au tour des fonctions de « rédacteur » et de « journaliste-reporter d’images » voire même de « monteur » et de « web reporter » d’être réunies en un même poste. A partir de travaux de « terrain », les communications des RT retenues devront aider à cerner les évolutions intervenues dans la définition des tâches et la division du travail du fait des injonctions faites aux professionnels de s’adapter aux innovations et au « progrès ». Les caractéristiques sociales des professionnels des médias s’en trouvent-elles changées ? Quelle est la place des formations dans ces transformations ?
Dans le même temps, la généralisation des équipements informatiques et de l’accès à internet dans les foyers a, au moins en partie, remis en cause le monopole de la fonction de médiation des médias. Désormais, les « usagers » des médias sont en effet en mesure de diffuser leurs propres écrits et productions audiovisuelles (via les « forums », les « blogs », les « réseaux sociaux », les « sites de partage »â€¦). De même, d’autres acteurs récurrents de l’espace public (les grandes entreprises, les institutions, les porte-paroles politiques et associatifs…) trouvent ainsi des alternatives pour s’adresser à leurs populations « cibles ». Mais passées les prophéties du « tous producteurs de média », qu’en est-il réellement de l’étendue de ces pratiques ? quelles catégories d’acteurs et d’institutions sont effectivement investies ? De quelles manières concurrencent-elles les « médias historiques » ? Comment ces contenus cohabitent-ils et s’interpénètrent-ils ?

Axe 2 : Création(s)- innovation(s)-standardisation(s) des contenus ?
Les inventions et les évolutions techniques ont permis l’émergence de nouveaux types de contenus, à l’instar de l’apparition du télégraphe et du « reportage de guerre » rendu possible par l’accélération des moyens de communication. Cependant l’ « hyperconcurrence » pour la quête des publics et des revenus publicitaires que connaissent la plupart des médias, expose très souvent producteurs et diffuseurs à une tentation paradoxale qui consiste à imiter les contenus déjà plébiscités par les « audiences cibles » tout en étant novateur pour se démarquer des concurrents. Comment cette double contrainte s’impose-t-elle dans les pratiques de production aux professionnels des médias ? Et surtout comment s’efforcent-ils de la surmonter ? Comment apparaît-elle effectivement dans les contenus médiatiques proposés ?
Une attention particulière sera prêtée aux travaux portant sur les acteurs sollicités par les médias pour répondre à cet objectif de création et d’innovation dans un univers de production où l’anticipation des attentes des publics favorise la reprise de « recettes » pré-existantes (« pilotes d’émission » et « formules de magazine » importés de l’étranger, « remake » de films,…). Les « conseillers éditoriaux », les « designers » de maquette de journaux, les chargés d’études des instituts marketing (etc.) font partie de ces métiers régulièrement associés à la création de « nouveaux formats » y compris dans le domaine de « l’information ». A ce sujet, il sera intéressant de réfléchir à la manière dont les dirigeants de rédaction gèrent l’exigence prêtée aux publics d’une « actualité » constamment renouvelée. Quels sont les dispositifs mis en place pour y parvenir ? Quelles sont les incidences sur la production de l’information ? À côté des journaux télévisés et des émissions de reportages, les dernières décennies ont notamment vu apparaître de nouvelles catégories de programmes revendiquant leurs statuts intermédiaires entre « information » et « divertissement » (« infotainment », « docufiction »,…). De même en quoi l’ouverture dans les médias d’espaces dévolus à la « participation » des publics remplit-elle cette fonction d’innovation et de création de contenus (« médias participatifs », « forums », vote du public lors des émissions de téléréalités) ? Dans quelle mesure influencent-ils les dirigeants de presse dans la prise de décision pour l’élaboration des contenus ?
L’emprise des médias sur la production et la diffusion des biens culturels (littérature, musique, cinéma,…) a déjà fait l’objet de nombreuses études mais l’occasion se présente ici de se pencher sur les effets des dernières « innovations » (retour des émissions de « télécrochets », promotion d’artistes par les internautes via des « sites de partages » ou des « maisons de disques en ligne »,…). Quel type d’artistes ces supports de « découverte » font-ils connaître ? Quelle trajectoire connaissent-ils ? Comment les processus de création(s) et d’innovation(s) se trouvent-ils modifiés du fait de l’interface du média (télévisuel, internet) ?

Axe 3 : Innovation(s)-création(s) médiatiques pour une nouvelle donne démocratique ?
Une idée de plus en plus répandue veut que les luttes politiques et les mobilisations se mènent désormais sur « internet », via les « blogs », les « forums », les « sites de partages » et les « réseaux sociaux ». De nombreux observateurs employés par les médias traditionnels (presse écrite et audiovisuel) ont par exemple imputé la victoire du « non » lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en mai 2005 à l’activisme sur « internet » des opposants au texte. Plus récemment, des députés du parlement réunis en séances à huit clos ont ébruité le contenu de débats confidentiels en alimentant des réseaux sociaux (comme twitter) avec leur téléphone portable. Les mobilisations lycéennes à l’occasion du mouvement contre la réforme des retraites » (septembre-octobre 2010) auraient, pour partie au moins, été organisées avec ces nouveaux moyens de communication. La démocratisation de l’accès à ces « nouvelles technologies » (téléphonie mobile reliée à internet) et l’apparition de nouveaux espaces médiatiques (« forums », « réseaux sociaux »â€¦) contribuent-elles effectivement à l’émergence de mouvements sociaux et surtout créent-elles de nouvelles formes d’actions politiques ? Dans quelles mesures ces mobilisations adossées à de « nouveaux médias » parviennent-elles à faire entrer dans l’action publique des catégories jusqu’ici éloignées de l’engagement ? Comment ces nouveaux espaces de discussion (ces nouveaux « espaces publics » ?) se positionnent en opposition ou en complément à l’espace médiatique « traditionnel » ?
Le succès de ces nouveaux supports d’expression constitue dès lors un moyen d’accès supplémentaire à une part importante de la population. Les pouvoirs publics (notamment les services de communication des ministères et de la Présidence de la république, mais aussi les services de maintien de l’ordre et de renseignements) et les responsables des grandes formations politiques ou syndicales et des groupes de pression, ont logiquement investi ces nouveaux supports de diffusion. Il en est de même pour certains activistes dont les arguments ne sont pas légitimés par l’espace médiatique ou certaines associations qui voient en internet une manière d’individualiser leur militantisme, de faire valoir des idées à moindre coût. Comment ces acteurs s’approprient-ils ces nouveaux espaces d’expression ? Et plus largement comment ces évolutions médiatiques participent-elles à la transformation du débat démocratique ?

ENVOI DES COMMUNICATIONS
Les résumés (entre 4 000 et 6000 signes espaces compris et hors biblio) seront envoyés au plus tard le 7 janvier 2011 et devront répondre aux normes suivantes :
Nom, prénom du/des auteur-e-s
Institution de rattachement
Adresse mail
Titre de la communication
Résumé de la proposition

Les propositions de communication seront accompagnées d’une bibliographie succincte. Elles devront être envoyées à rtmedias2011@yahoo.fr
Merci de bien vouloir indiquer en objet de votre message : « RT37 proposition »
L’évaluation des propositions sera effectuée anonymement. Les réponses du comité scientifique seront communiquées fin janvier 2011. Pour les proposiions retenues, un résumé de 1500 signes sera demandé pour le livre du Congrès. Les textes définitifs devront être remis le 29 mai 2011.

Citer cet article : http://www.histoiredesmedias.com/Appel-a-communications-du-Reseau.html

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