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Cinéma

Ouvrage : Priska Morrissey, Historiens et cinéastes. Rencontre de deux écritures (L’Harmattan, 2004). Recension par Isabelle Veyrat-Masson.

C’est avec un peu de masochisme que je rends compte du livre de Priska Morrissey : celui-ci, en effet, cite mon travail sur les historiens à la télévision avec une erreur et ne renvoie à aucune note… Pourtant, j’ai apprécié ce petit ouvrage qui étudie la rencontre à la fois rare et précieuse des historiens de métier avec le cinéma. Comment s’effectue cette rencontre ? Pour quelles raisons ? Dans quelles circonstances ? Sous quels auspices ? Comment se réalise-t-elle et surtout dans quelle mesure l’historien peut-il intervenir et modifier le travail du cinéaste ? Enfin quelles sont les limites de cette collaboration et les conflits forcément intervenus au cours de cette rencontre plus ou moins étroite, plus ou moins sollicitée (...) Lire la suite

Ouvrage : Sylvie Lindeperg, Nuit et brouillard : un film dans l’histoire (Odile Jacob, 2007). Recension par Kristian Feigelson.

L’ouvrage de Sylvie Lindeperg, historienne du cinéma à Paris III, contribue de façon originale et méritoire aux études filmiques autour d’une réflexion sur les fonctions de l’image. Ce livre s’inscrit dans la continuité de ses précédentes recherches consacrées à l’Occupation « Les écrans de l’ombre : la Seconde Guerre mondiale dans le cinéma français » et « Clio de 5 à 7 : les actualités filmées de la Libération » parus aux Presses du CNRS. Sylvie Lindeperg propose ici une nouvelle analyse du film d’Alain Resnais « Nuit et brouillard » à la lumière de multiples relectures et d’une confrontation avec les archives. Le sous-titre, « Un film dans l’histoire », (...) Lire la suite

Ouvrage : François Garçon, Enquête sur le cauchemar de Darwin (Flammarion, 2006). Recension par Kristian Feigelson.

François Garçon, historien à l’Université de Paris I, nous propose dans cet essai une mise en perspective de l’espace médiatique en France à partir d’une analyse en profondeur d’un cas d’école, le film documentaire d’Hubert Sauper Le cauchemar de Darwin (2005). Salué unanimement à sa sortie, nominé ensuite aux Oscars d’Hollywood, le film est revisité de manière critique dans un premier article de François Garçon publié par la revue Les Temps Modernes en décembre 2005. Occasion souvent rare pour un chercheur, le débat est repris dans la presse et suscite une réelle controverse médiatique en 2006 par supports interposés (journaux, radios et télévisions). Son enquête sur Le cauchemar de Darwin, centrée sur l’anatomie d’un mensonge filmique, (...) Lire la suite

Ouvrage : Jérôme Bimbenet, Film et Histoire (Armand Colin, 2007). Recension par Elise Foucault.

Quels liens particuliers le film et l’histoire entretiennent-ils ? Telle est la question qui anime le dernier ouvrage de Jérôme Bimbenet Film et Histoire, paru dans la classique collection U chez Armand Colin. Ce livre propose une série de clés pour analyser le traitement de l’histoire au moyen du médium cinématographique au sens large : l’auteur observe tout autant les films de propagande que les actualités filmées ou les adaptations d’œuvres littéraires comme À l’Ouest Rien de Nouveau. Dans ce cadre, il invite le lecteur à penser les différents modes de représentations filmiques de l’histoire au cours des deux grandes guerres du xxe siècle, car, dans ces périodes, le matériau filmique sur l’histoire est le plus foisonnant et le plus (...) Lire la suite

Ouvrage : Valérie Vignaux, Jean Benoit-Lévy ou le corps comme utopie. Une histoire du cinéma éducateur dans l’entre-deux-guerres en France (AFRHC, 2007). Recension par Caroline Moine.

En choisissant d’analyser le parcours et l’œuvre cinématographique de Jean Benoit-Lévy (1888-1959), producteur et réalisateur, Valérie Vignaux retrace une histoire passionnante du cinéma éducateur de l’entre-deux-guerres, des enjeux qu’il représente, en France mais aussi au niveau international, dans le cadre notamment de la Société des Nations. L’ouvrage s’appuit sur une solide recherche historique et un travail d’analyse de sources très variées. L’auteure a en effet pu avoir accès aux fonds privés du cinéaste conservés par sa famille (correspondances, articles et conférences sur le cinéma éducateur…). Elle a également dépouillé d’autres fonds comme ceux du ministère des Affaires étrangères, notamment au sujet de l’action dans le domaine cinématographique de la Commission internationale de coopération intellectuelle de la SDN. Afin de saisir les débats et enjeux liés à la question du rôle de l’image cinématographique dans ces années 1920 et 1930, V. Vignaux a également étudié la presse spécialisée de l’époque (des revues allant de Cinéopse, Cinémonde à La Vie agricole et rurale ou encore le Bulletin du Musée pédagogique). Enfin, grâce à un DVD fourni à la fin de l’ouvrage, le lecteur peut accompagner sa lecture de la découverte de quelques-uns des films tirés du très vaste corpus étudié, comprenant plus de 240 titres (majoritairement des courts-métrages), de fiction et documentaires.

L’action de Jean Benoit-Lévy, proche du parti radical et radical-socialiste et de la Ligue de l’enseignement, s’inscrit dans les grands mouvements de vulgarisation des connaissances qui se sont développés tout au long du xixe dans la lignée de l’époque des Lumières. Son œuvre recouvre ainsi des ambitions scientifiques mais aussi éthiques et politiques : le cinéma doit servir la démocratie. Art des masses, il est susceptible d’agir sur les mentalités et protéger la démocratie en éclairant la nation. Le cinéma devient même le medium d’une utopie : participer à la reconstruction du corps social. La société est en effet conçue comme un organisme, comme un corps touché par une série de fléaux : outre celui de la Grande guerre, ceux par exemple de la tuberculose, de la mortalité infantile, mais aussi des taudis, autant de sujets qui vont faire l’objet des multiples films du cinéaste.

V. Vignaux décline alors cette thématique autour de quatre parties : l’Utopie, le Corps biologique, le Corps social et le Corps cinématographique. Dans la première, elle retrace le parcours institutionnel de J. Benoit-Lévy, dont l’action et la réflexion se situent à la croisée des milieux intellectuels et scientifiques, des politiques des pouvoirs publics français (du local au national) et des instances internationales (SDN). Cette partie porte un éclairage précieux sur la place que tient le cinéma dans l’action de coopération intellectuelle internationale de l’entre-deux-guerres. Dans les trois parties suivantes, les films eux-mêmes, documentaires et fictions, œuvres de propagande hygiéniste ou destinés à l’enseignement professionnel, sont au cœur de l’analyse, grâce à des études de cas très concrètes. L’un des grands intérêts de l’œuvre de Jean Benoit-Lévy, souligne l’auteure, est de nous proposer les rares images que l’on ait encore décrivant les classes populaires auxquelles elles sont destinées. Mais le réalisateur s’est aussi interrogé sur ce que peut le langage cinématographique, sur l’art et la notion d’auteur, à travers des fictions grand public ou des films de danse de quelques minutes. Exilé aux Etats-Unis pendant la Seconde guerre mondiale, Jean Benoit-Lévy va continuer à être très actif, via notamment le French Americain Bureau of Eductional Research. Après guerre on le retrouve à l’ONU où il se fait un ardent défenseur du cinéma comme acteur de la coopération internationale. Peu avant sa disparition, il participe à la fondation en 1958, sous les auspices de l’ONU, d’un Conseil international du cinéma et de la télévision.

Les œuvres et les écrits de Jean Benoit-Lévy témoignent ainsi d’une réflexion et d’un engagement social, politique comme artistique qui justifiaient amplement une telle étude.

Caroline Moine

Recension publiée dans Le Temps des médias, n° 11, hiver 2008-2009, p. 272-273.

Ouvrage : Daniel Winkler, Transit Marseille. Filmgeschichte einer Mittelmeermetropole (transcript Verlag, 2007). Recension par Caroline Moine.

A l’annonce du choix de Marseille comme capitale européenne de la culture pour 2013, les médias ont souligné l’importance de cet événement pour la cité phocéenne, 2e ville de France par sa démographie mais très en retard pour ses équipements culturels. La victoire sur Toulouse et Bordeaux serait donc due avant tout au fait que Marseille soit au cœur des enjeux culturels de l’Europe, « cité de migrations », « ville cosmopolite », entre le Nord et le Sud. Une certaine image de Marseille se dessine ainsi, véhiculée par les médias. Mais comment et depuis quand les médias ont-ils contribué à forger de telles représentations de la ville ? La lecture de l’ouvrage de Daniel Winkler, Transit Marseille. Histoire cinématographique (...) Lire la suite

Ouvrage : Sébastien Denis, Le cinéma d’animation (Armand Colin, 2007). Recension par Caroline Moine.

Cet ouvrage paru dans la collection « Armand Colin Cinéma », dirigée par Michel Marie et déjà riche de nombreux titres de référence, comble un manque sur le cinéma d’animation. Le lecteur y trouvera de nombreuses pistes de réflexion et de recherche, faisant de cet ouvrage foisonnant, muni d’une bibliographie et d’index précieux, un outil indispensable. L’enjeu de l’ouvrage est posé d’entrée par son auteur, historien du cinéma et agrégé d’arts plastiques : non pas chercher à donner une définition de l’animation, mais en proposer une lecture historique et thématique.

Sébastien Denis ouvre son étude en rappelant que le cinéma d’animation n’est pas un genre mais une technique – tout à (...) Lire la suite

Ouvrage : Jacques Aumont, Bernard Benoliel (dir.), Le Cinéma expressionniste. De Caligari àTim Burton (Presses Universitaires de Rennes, La Cinémathèque française, 2008). Recension par Caroline Moine.

Issu de la programmation et de l’exposition « Le cinéma expressionniste allemand – Splendeurs d’une collection » de la Cinémathèque française (octobre 2006-janvier 2007), cet ouvrage réunit des conférences qui s’y sont tenues autour d’une double interrogation : Qu’est-ce que l’expressionnisme cinématographique ? Peut-on encore parler d’expressionnisme dans le cinéma allemand et étranger d’après 1933 ? Enseignants et chercheurs d’histoire et d’esthétique du cinéma, mais aussi critiques et cinéastes se sont prêtés à l’exercice. Le résultat est tout à la fois stimulant et inégal.

En prologue, Jacques Aumont rappelle que « l’expressionnisme » est un mot (...) Lire la suite

Ouvrage : Rainer Rother, Karin Herbst-Messlinger (dir.), Hitler darstellen. Zur Entwicklung und Bedeutung einer filmischen Figur (Edition text+kritik, 2009). Recension par Caroline Moine.

Alors que le thème du nazisme et de la Seconde Guerre mondiale occupe depuis ces dernières années une place croissante dans les médias allemands, la question de la personnalité d’Adolf Hitler semble cristalliser la volonté de briser certains tabous dans la représentation de cette période. La Chute de O. Hirschbiegel (2004) est emblématique de ce phénomène. Si la performance d’acteur de Bruno Ganz a été largement saluée, la manière dont Hitler est mis en scène dans cette fiction retraçant les derniers jours du dictateur a donné lieu, par contre, à de vifs débats, en Allemagne comme à l’étranger. Pour mieux mesurer la spécificité des représentations actuelles, cet ouvrage, issu d’une conférence organisée fin 2007 à la Cinémathèque allemande/Musée (...) Lire la suite

Ouvrage : Sébastien Denis, Le cinéma et la guerre d’Algérie. La propagande àl’écran (1945-1962) (Nouveau Monde éditions, 2009). Recension par Caroline Moine.

Issu d’une thèse en histoire du cinéma consacrée à « L’Etat, l’armée et le cinéma pendant la guerre d’Algérie », l’ouvrage de Sébastien Denis, maître de conférences en cinéma à l’Université de Provence, offre une belle étude sur « la manière dont l’Etat a utilisé le cinéma pour évoquer l’Algérie française entre 1945 et 1962 » (p. 11), à partir d’un corpus de près de 300 courts métrages (actualités, documentaires et fictions) produits principalement par des sociétés civiles privées sur commande de l’Etat français ou par le Service cinématographique des armées (SCA). L’originalité de ce travail est double. La chronologie choisie, de 1945 à 1962, permet de comparer la période précédant (...) Lire la suite

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