35 - Luttes sociales
Laurent Bihl
La manifestation ouvrière dessinée. L’influence de la caricature sur l’imagerie revendicative à la Belle Époque (1887-1914)
Le Temps des médias n° 35, Automne 2020, p. 12-36.>> Acheter cet article sur CAIRN
A contrario de son apparente vocation ironique ou dégradante, l’image satirique a contribué à sa façon à forger une mémoire visuelle des cortèges ouvriers. On peut citer les compositions devenues familières de Steinlen, Delannoy pour le journal L’Assiette au beurre. Dans le contexte des années 1880, on passe ainsi d’un régime de représentation à un autre : la Marianne inspirée de Delacroix délaisse peu à peu la barricade, puis s’éclipse des cortèges que ne mène désormais plus « le peuple » (souvent parisien) mais une catégorie socioprofessionnelle identifiée comme telle, les ouvriers. Ce basculement iconographique est contemporain des grandes grèves des années 1890-1910 dans le sillage desquelles il s’inscrit. Mais il existe également une imagerie hostile qui ne voit dans ces manifestations que désordre et sauvagerie collective.