07 - Campagnes politiques, tribunes médiatiques
Nikolaus Wegmann et Ute Mehnert
Scoop-o-mania, l’introduction du scoop dans la vie politique allemande
Le Temps des médias n°7, hiver 2006-07, p.143-150Le scoop en politique apparaît comme un procédé pour l’homme politique de se sortir de situations difficiles en exploitant l’écho que les médias donnent à son action. Prenant appui sur le liens qu’a si habilement entretenu le chancelier Schröder avec les médias, l’auteur en analysant deux exemples démontre que le chancelier était passé maître dans l’utilisation de ces partenaires proches, quoique apparemment distants, que sont les journalistes. Menacé par les élections trop probablement perdues en Nord-Westphalie, le chancelier a fait annoncer un changement de calendrier électoral pour la consultation suivante, avant que les résultats ne soient connus, cette annonce, ce scoop (22 mai 2005), volant ainsi la vedette à la défaite électorale. Scoop réussi avec le concours des médias. En revanche lors de la défaite électorale du 18 septembre 2005, le scoop n’a, semble-t-il, pas fonctionné. Avant que l’on connaisse les résultats, le chancelier a annoncé que, contrairement aux pronostics faussés des sondages, son parti, le SPD, sortait vainqueur des urnes. Ce « coup de force » médiatique a cependant échoué. Pire, le chancelier a perdu sur le ring des combats politiques médiatiques le prestige qui l’auréolait jusque là et Angela Merkel est apparue comme celle qui revenait à « l’authenticité ». Est-ce à dire que le scoop médiatique est passé au vestiaire ? Sans doute pour l’instant, jusqu’à ce qu’un autre homme (ou femme) au pouvoir y trouve son compte et manipule les médias à son profit.
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