27 - L’Âge d’or
Emmanuelle Fantin, Thibault Le Hégarat
Présentation : L’Âge d’or
Le Temps des médias n° 27, Automne-Hiver 2016-2017, p. 6-15.
Dans un cadre médiatique, l’« âge d’or » est d’abord une formule d’une grande simplicité, aisément mobilisable pour catégoriser un phénomène ou une période. Elle est ainsi perçue comme un levier efficace pour conférer un sentiment de gratification, pour valoriser irréfutablement une période antérieure. En somme, parler d’âge d’or permet de faire référence à un passé révolu dont le souvenir rayonne encore sur le présent, tout en insufflant instantanément une coloration méliorative. Les médias apparaissent comme un terrain privilégié de ce travail en raison de leur rôle dans les représentations collectives : c’est en partie grâce aux médias que les âges d’or ont pénétré la culture populaire et le langage, ce qui contrarie d’autant leur déconstruction. Loin d’être de simples vecteurs du passé, les médias peuvent en effet être envisagés comme de véritables « opérateurs de mémoire », des interprètes contribuant non seulement à la transmission mais aussi à la constitution des imaginaires du passé. Les âges d’or construits dans les médias sont des réinterprétations du passé et des récits sélectifs opérant comme des cribles déformants et non exempts d’anachronismes. Analysant la construction des âges d’or par les médias, ce dossier permet de sonder la banalisation d’un mythe enraciné dans le langage, les représentations et les mentalités et de comprendre les processus de réinterprétations du passé à travers ces récits sélectifs qui opèrent comme des cribles déformants et non exempts d’anachronismes.