16 - Espionnage
Vincent Chenille
Le national et l’international dans les séries télévisées d’espionnage américaines et britanniques des années soixante
Le Temps des médias n°16, Printemps 2011, p. 74-85.Cet article interroge d’un point de vue culturel les séries télévisées d’espionnage anglo-saxonnes au moment où leur place médiatique était la plus importante (les années 1960) quant au nationalisme, à l’internationalisme et à ce qui n’était pas encore appelé mondialisation mais qui commençait à exister depuis une vingtaine d’années.
Les pratiques culturelles envisagées constituent un paradoxe car si les services secrets défendent les intérêts de la nation qui les emploient les sociétés de production des séries envisagent toutes les marchés d’exportation. Le seul exemple capable de dénouer ce paradoxe, les services secrets de l’OTAN, fut rejeté par les spectateurs américains (la série Destination danger).
L’analyse des discours et des représentations est donc privilégiée quant à la problématique. A ce titre la création d’organisations internationales de sécurité fictives telles que l’UNCLE, Némesis, le département S et leur disparition témoigne d’un souci et d’un échec des sociétés de production à rassurer l’opinion via les téléspectateurs sur le bien fondé des organisations internationales de sécurité telles que l’OTAN. Jusqu’à la fin de la décennie ces organisations témoigneront d’une méfiance quant au cosmopolitisme alors que le mouvement hippie arrive à diffuser une culture de fraternité et de paix.
Quant à l’économie ces entreprises privées de production pourtant versées dans une culture de marché semblent ignorer la réalité de la finance et de l’économie internationale à l’exception des institutions publiques telles que le FMI. Elles rendent illicites ce qui relève du commerce licite donnant ainsi l’illusion que les puissances publiques, nationales et internationales, ont des capacités d’intervention dans ce domaine.
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