23 - Santé à la Une
Valérie Croissant, William Spano
Le journalisme en miroir dans la presse culturelle lyonnaise au XIXe siècle
Le Temps des médias n° 23, Hiver 2014, p. 165-181.
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Parmi les évolutions de toute nature que connaît la presse au tournant des XIXe et XXe siècles, celle consistant à construire une relation nouvelle avec les lecteurs paraît déterminante. Dans les années 1830, les initiatives d’Emile de Girardin témoignaient déjà d’un positionnement nouveau vis-à -vis du lectorat. En cela, La Presse préfigure les changements qui vont se généraliser à l’ensemble des journaux à la fin du XIXe siècle. Ceux-ci entendent désormais incarner le public, l’intégrer à leur prise de parole, parler en son nom. Le public visé n’est alors plus celui des salons littéraires ou d’une élite économique et intellectuelle, mais un public élargi, celui de la presse commerciale, auquel de nouveaux journaux tentent de s’adresser. Pourtant nombreux, tous ces journaux n’ont pas forcément été retenus par les manuels d’histoire de la presse. En étudiant les journaux lyonnais marginaux, nous avons souhaité explorer l’apparition du journalisme. Notre propos est de dessiner les contours d’un double mouvement : d’une part, la professionnalisation des rédacteurs de presse et, d’autre part, la définition de leur relation aux lecteurs. Comment justifient-ils le rôle d’auxiliaire éclairé qu’ils entendent jouer auprès du public ? Comment répondent-ils aux attaques dont ils peuvent faire l’objet ? Quels arguments les rédacteurs mobilisent-ils pour affirmer leurs positionnements ? Afin de répondre à ces questions, nous nous sommes intéressés à la façon dont les rédacteurs définissaient leur activité au sein même de l’espace de ces journaux de province.