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Appel à communication
Journée d’étude "D’un système sémiotique à l’autre : Comment parler de l’art ?", Université de Bourgogne, 2 avril 2010
Si un artiste choisit tel ou tel mode d’expression pour créer une oeuvre, c’est sans doute parce qu’il offre des possibilités autres que celles qu’offre la langue ; ainsi pour M. Béjart son art « dit »-il beaucoup sur un mode singulier (« La danse n’a plus rien à raconter : elle a beaucoup à dire ! »). Les possibilités offertes par l’art sont d’ailleurs souvent présentées comme supérieures à celles offertes par le langage verbal : Picasso « ne di[t] pas tout mais pein[t] tout » et R. Doisneau oppose la création rendue possible par l’art à la destruction opérée par le langage verbal (« Suggérer, c’est créer. Décrire, c’est détruire. »).
Cette concurrence affirmée des différents modes d’expression postule l’existence d’un décalage, d’une différence entre les possibilités d’expressions qu’offre le langage verbal et celles qu’offrent les autres systèmes sémiotiques. Ce décalage apparaît notamment dans la difficulté souvent éprouvée par les locuteurs quand il s’agit de parler de l’art, difficulté qui constitue un topos non seulement dans le discours des artistes eux-mêmes (« La musique est faite pour l’inexprimable » selon C. Debussy, ou encore « La peinture, c’est comme la merde ; ça se sent, ça ne s’explique pas » selon Toulouse-Lautrec), mais aussi des philosophes (cf. V. Jankelevitch : La musique et l’ineffable) ou des linguistes (cf. C. Thim-Mabrey : Möglichkeiten der Sprache – Grenzen der Sprache). Mais, paradoxalement, seul le langage verbal possède la capacité de dénoter tous les systèmes sémiotiques, ce qui lui confère une position particulière, soulignée par Benveniste (1969) et justifiée par sa fonction d’« interprétance » (Vouilloux 2005). C’est bien seulement du langage verbal dont nous disposons pour caractériser le style d’un peintre ou d’un écrivain, l’intention d’une chorégraphie, l’atmosphère d’une sonate, l’effet produit par une sculpture etc.
La journée d’étude propose de se pencher de manière générale sur les moyens linguistiques relevant du système verbal dont dispose le locuteur pour parler des arts. Les communications s’attacheront plus particulièrement à décrire et analyser les possibilités, les difficultés, voire les impossibilités de verbaliser les contenus livrés par les oeuvres artistiques relevant d’autres systèmes sémiotiques, leurs intentions, les perceptions et les impressions qu’elles suscitent chez le spectateur ou l’auditeur.
Afin de cerner en priorité les éventuelles difficultés engendrées par l’expression verbale de contenus par nature non verbaux, les arts considérés seront limités aux productions relevant de tous les systèmes sémiotiques à l’exception du langage verbal : musique, danse, peinture, sculpture, architecture, photo, cinéma, etc. Les discours considérés, qu’ils soient oraux ou écrits, pourront relever autant du discours savant que du discours profane, mais on tentera de mettre l’accent sur les discours suivants :
discours de vulgarisation,
discours pédagogiques et discours pour la jeunesse,
discours de l’artiste sur son art : le musicien parlant de sa musique, le peintre parlant de sa peinture, etc. à un public large plus ou moins large.
Les corpus employés couvriront un panel aussi vaste que possible des genres textuels du discours sur l’art et pourront relever autant de l’oral que de l’écrit : émissions de radio, émissions de télévision (par exemple « Palettes » en France ou « Kunst und Krempel » en Allemagne), master classes, presse, manuels scolaires, ouvrages pour la jeunesse, écrits d’artistes sur leur oeuvre, littérature spécialisée en histoire de l’art, publicités et catalogues d’expositions, correspondances, etc.
Les études pourront porter sur :
les outils linguistiques de caractérisation d’une oeuvre et plus particulièrement les « prédicats stylistiques » (Vouilloux) touchant aux propriétés classificatoires, historico-esthétiques, évaluatives ou affectives d’une oeuvre,
les métaphores et les comparaisons,
les stratégies de contournement de la difficulté à dire, les stratégies de reformulation et d’explicitation,
les genres textuels spécifiques au discours sur l’art,
les écarts entre le discours spécialisé et le discours de vulgarisation sur l’art.
Organisation :
Organisation et coordination scientifique : Stéphanie Benoist et Anne-Laure Daux
Comité scientifique (en cours de constitution) : Irmtraud Behr (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle), Claire Despierres (Université de Bourgogne), Elodie Vargas (Université Stendhal – Grenoble 3)
Langues : allemand et français
La journée d’étude donnera lieu à une publication, dont les conditions seront spécifiées ultérieurement aux participants.
Les propositions de communication (résumé de 300 mots environ, sans la bibliographie) sont à envoyer d’ici le 30 octobre 2009 par voie électronique aux deux adresses indiquées ci-dessous.
Notification aux contributeurs : début janvier 2010.
Contact :
Stéphanie Benoist benoist.stephanie@orange.fr
Anne-Laure Daux annelaure.daux@gmail.com