09 - La fabrique des sports
Colloques
Le Temps des médias n°9, automne 2007, p.217-223
50 ans de recherches sur l'information
Conférence de l'Association Internationale des Etudes et Recherches sur l'Information (AIERI), « Médias, Communication, Information : 50 ans de théories et de pratiques », 23-25 juillet 2007.
Co-organisée par les Universités Paris II et Paris III, cette conférence internationale s'est tenue à l'UNESCO et a revêtu un caractère particulier et festif. Elle a accueilli plus de 900 participants originaires de 150 pays venus célébrer le 50ème anniversaire de cette association.
L'AIERI est l'une des deux grandes associations internationales de recherche en information et communication qui se distingue, aux côtés de l'ICA (International Communication Association), par le fait qu'elle a, depuis ses origines, rassemblé des chercheurs appartenant à diverses régions du monde, son homologue étant davantage ancrée dans le monde anglo-saxon. Cette spécificité et cette originalité, l'AIERI les doit à sa naissance en pleine guerre froide.
L'AIERI a en effet été fondée, en 1957, sous les auspices de l'UNESCO, et à l'initiative du directeur-fondateur de l'Institut Français de Presse, Fernand Terrou. Ce dernier était un ardent défenseur de la liberté de l'information. Ainsi il participa à la conférence des Nations Unies de 1948, consacrée à la liberté d'expression, où il jouera un rôle actif dans la rédaction de l'Article 19 sur la Liberté d'Opinion et d'Expression de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme qui sera adoptée par les Nations Unies, en décembre de cette même année. Il était aussi convaincu de l'importance de ce qui s'appelait alors « les sciences de la presse » et de la nécessité d'une coopération scientifique au niveau international. Dès 1952, Fernand Terrou sollicitera la coopération de l'Unesco et il mobilisera d'autres spécialistes de la presse à l'étranger. Ces efforts conjugués permettront la fondation, de l'AIERI dont il sera le premier président.
L'AIERI est parvenue à maintenir et à renforcer, par-delà les fractures géopolitiques et idéologiques, un dialogue entre les chercheurs de l'Ouest et de l'Est, du Nord et du Sud. Au fil des cinq dernières décennies, l'association s'est développée et a accueilli un nombre croissant de membres originaires d'Europe, d'Amérique du Nord et du Sud, d'Afrique et d'Asie. Durant toutes ces années, l'AIERI, qui a un statut consultatif à l'UNESCO, a bénéficié du soutien de cette agence. D'une cinquantaine de membres à l'origine, les conférences rassemblent aujourd'hui plusieurs centaines de participants.
La thématique choisie, “Médias, Communication, Information : 50 ans de théories et de pratiques†, a permis de réexaminer des questions saillantes qui, déjà en 1957, faisaient l'objet de débats comme la liberté de l'information, la protection juridique des journalistes ou la diffusion de l'information. Depuis, d'autres questionnements ont émergé, liés d'une part à la forte expansion des technologies de communication, à la prolifération de l'information et des biens culturels et, d'autre part, aux bouleversements géopolitiques qui se sont déroulés sur la scène mondiale dans les dernières décennies.
Toutes ces thématiques ont été abordées au cours des 147 ateliers qui se sont déroulés en parallèle et ont été l'occasion de débats scientifiques animés entre des chercheurs de diverses origines. Les grands courants de la recherche française et de la recherche européenne ont respectivement fait l'objet, à l'ouverture, de deux séances plénières, tandis que les deux plénières de clôture étaient consacrées d'une part, à une rétrospective de la recherche en information depuis 50 ans et à ses enjeux actuels et, d'autre part, à la commémoration de l'anniversaire de l'AIERI. Pour cette occasion, un livret historique sur l'AIERI, qui retrace la vie de l'association sur un demi siècle, a été distribué à la conférence.
Par ailleurs, une démonstration de l'Inathèque de France a permis de présenter, dans le grand amphithéâtre de l'UNESCO, son patrimoine unique d'archives radiophoniques et télévisuelles ; elle a été accueillie avec grand intérêt par la communauté internationale des chercheurs.
La réussite de cette conférence commémorative n'aurait pas été possible sans l'accueil favorable qu'elle a reçu auprès de divers partenaires. La conférence a ainsi été l'occasion de fédérer l'ensemble des départements d'Information-Communication des Universités d'Ile-de-France réunis dans le CERFIC – Comité Enseignement Recherche Francilien en Information Communication- qui ont apporté leur contribution à cette manifestation. L'UNESCO a gracieusement mis ses locaux à la disposition de la conférence. L'organisation de la conférence a aussi obtenu le soutien du Ministère de la Recherche, de l'Office International de la Francophonie, de la Région Ile-de-France et de la Ville de Paris. Par ailleurs, Ouest-France, l'Institut National de l'Audiovisuel, Microsoft France et Vivendi ont également sponsorisé cet événement.
Le programme complet de la conférence peut être consulté sur le site : http://www.iamcrparis2007.org
Le comité d'organisation
Colloques sports et médias (xixe-xxe siècles) Grenoble, 30-31 octobre – 1er novembre 2008 - 13e carrefour d'histoire du sport
Appel à communication
http://carrefours2008.ujf-grenoble.fr/
Les médias, et en particulier la presse écrite, constituent des matériaux de base pour les recherches historiques. Les historiens s'intéressant au sport y puisent des informations sur sa place sociale, ses manifestations ou pour retracer des itinéraires biographiques. Malgré la fréquence importante des références à des journaux, à des images ou à des événements télévisuels, les rapports entre le monde sportif et les médias dans l'histoire ont rarement été interrogés. Le 13e carrefour d'histoire du sport organisé à Grenoble les 30-31 octobre et 1er novembre 2008 s'inscrit dans le projet de questionner et d'analyser cette relation dans une perspective dialectique : les médias comme élément structurant du sport et le sport comme élément structurant des médias.
Ne se limitant pas aux seuls médias sportifs spécialisés, il s'agit de prendre la mesure du phénomène sportif dans la diversité des médias du xixe siècle à nos jours. Sa place tend à traduire ce que représente l'ensemble des activités renvoyant au sport dans les sociétés contemporaines. Elle souligne aussi son attrait pour des médias non dénués d'intérêts et qui vont devenir des acteurs majeurs du monde sportif. La profusion des discours et des initiatives médiatiques touchant de près ou de loin au sport conduit à un premier niveau de questionnement dont les communicants devront s'emparer. Il porte sur les aspects méthodologiques et la spécificité de l'utilisation des médias dans la construction historiographique.
Mensuel, hebdomadaire ou quotidien pour la presse écrite, le sport acquiert une présence quasi-permanente à la télévision, à la radio et depuis quelques années sur internet. Les médias en font une lecture particulière et sont les outils essentiels de son succès populaire. La nature de ce corpus conduit à prêter attention à l'analyse des discours, de leurs mises en scènes et/ou des images qui les accompagnent. Si le colloque doit être l'occasion de monographies sur les grands médias sportifs tel L'Auto/L'Equipe, Le Miroir des Sports ou les grands directs sportifs, les travaux portant sur les médias à l'origine peu ou pas concernés par le sport mais lui offrant une place seront appréciés.
Les acteurs du développement conjugué du sport et des médias constituent un autre volet important du programme scientifique. Des « grandes plumes » aux chroniques suivies, de l'invention d'une profession à son organisation, des trajectoires individuelles ou collectives à l'influence de certains protagonistes dans les rédactions, la diversité des profils d'acteurs dans les médias nous renseigne sur les tendances d'évolution du sport.
Enfin, loin de se limiter au territoire français, ce colloque a pour ambition d'aborder également les études de cas internationales ou comparées.
S'inscrivant dans un contexte scientifique favorable à l'analyse des relations entre les sports et les médias, le 13e carrefour d'histoire du sport de Grenoble se situe dans une conjoncture permettant le développement des travaux. En effet, l'accessibilité facilitée des archives de l'INA, la mise en ligne d'archives sonores comme la numérisation accélérée de nombreux titres de la presse écrite associée à la classique consultation des matériaux dans les centres d'archives doivent favoriser des communications permettant de couvrir une grande diversité de thèmes. Le colloque pourra être l'occasion d'identifier de nouveaux lieux d'archives dans un domaine de recherche encore peu développé.
Les participants peuvent s'inscrire dans une des thématiques proposées. Toutefois, de nouvelles pistes de recherche peuvent être suggérées au comité scientifique.
Colloque organisé par Jörg Requate
La société médiatique du xixe siècle : France et Allemagne - Colloque à l'Institut historique allemand de Paris, 7-8 juin 2007
Le but de ces journées était, d'une part, de faire se rencontrer des chercheurs allemands et français travaillant, dans leurs pays respectifs, sur les interactions entre médias et société au xixe siècle et, d'autre part, de répondre à la question de savoir dans quelle mesure le concept de société médiatique se justifie et quelles en sont les caractéristiques.
Lors de l'introduction de ce colloque, les questions posées portaient sur la périodicité et les aspects spécifiquement français et allemands des relations entre médias et société au xixe siècle. Tout d'abord, Marie-Eve Therenty a présenté sa thèse situant le début de « l'ère médiatique » en 1836, suivie par Christian Delporte qui a examiné « la société médiatique du xixe siècle » à partir d'une perspective du xxe siècle. En effet, le paysage médiatique du xixe siècle lui paraît présenter la particularité d'aspirer à l'éducation morale et politique des lecteurs, et de dépendre toujours plus de l'économie de marché ; ce qui, à bien des égards, est également le cas des médias du xxe siècle. Ensuite, Jörg Requate a présenté le poids particulier du contrôle politique, le rôle de la presse dans l'auto-organisation de la société civile et, comme Delporte, les prétentions pédagogiques de la presse comme étant les trois caractéristiques principales du développement médiatique allemand au xixe siècle. Dans son commentaire, Thomas Mergel a fait remarquer que les trois contributions précédentes comprenaient surtout, sous le terme « médias », la notion de « presse ». Il a conseillé de ne pas oublier les destinataires en s'intéressant trop aux « producteurs » de médias, et souligna plutôt les différences entre les xixe et xxe siècles.
Lors de la deuxième partie du colloque, l'intérêt a porté sur le rôle central de « la presse comme média d'auto-organisation sociale ». Alice Primi a exposé, dans une étude comparative franco-allemande, comment un certain nombre de femmes réussirent à être présentes dans l'opinion publique, voire même à se profiler sur la scène politique. Thorsten Gudewitz, à partir de l'exemple des fêtes en l'honneur de Schiller, a étudié comment la formation de la nation fut activée par des acteurs individuels sur le mode d'un processus « de bas en haut » – bottom-up. Primi et Gudewitz ont exposé comment les différents journaux proposaient des interprétations à leurs lecteurs et lectrices, contribuant ainsi à un réseau national et finalement à une sorte de communauté d'esprits. Martina Kessel par contre, dans son commentaire, a souligné le danger de la tendance emphatique à se rallier démesurément au discours héroà ¯que de l'époque ; discours d'une presse toujours plus inclusive, visant « l'émancipation » : l'inclusion serait toujours accompagnée d'exclusion.
Dans la troisième partie qui traitait du « sensationnel quotidien » dans les médias, Anne-Claude Ambroise-Rendu et Philipp Müller ont présenté les résultats de leurs recherches sur les « faits divers ». Le genre ne servait pas seulement au divertissement, mais bien plutôt à une normalisation et à une régulation sociale ; d'autant que ces faits divers étaient dans une large mesure liés à l'orientation politique des journaux. On trouva dans la discussion beaucoup de similitudes entre la France et l'Allemagne dans ce domaine. De plus, ces deux conférences montrèrent également la dynamique propre toujours grandissante de la médiatisation. Dans le domaine du divertissement, tout particulièrement, les journaux étaient en étroite symbiose avec leurs lecteurs, de sorte que les interactions entre les journaux et le public, entre les médias et la société y étaient particulièrement visibles.
Damien de Blic a ouvert la partie suivante sur les « scandales » par une conférence sur le scandale de Panama en France. Cet exemple démontrerait particulièrement clairement comment les nombreux scandales qui éclatèrent à la fin du xixe siècle à la fois dans la presse et dans la société française furent à l'origine de considérables processus de transformation. Les médias découvrirent la « scandalisation » comme nouvel instrument politique, tandis qu'inversement les journalistes furent à leur tour observés avec un œil de plus en plus critique et considérés comme potentiellement corrompus. Martin Kohlrausch et Frank Bösch parlèrent ensuite de la signification des scandales dans l'Empire allemand. Kohlrausch soutint la thèse que les scandales auraient à court terme stabilisé la monarchie, parce qu'ils suggéraient au peuple un droit d'intervention et une perspective d'amélioration. Mais à long terme, selon Kohlrausch, ils auraient eu un effet dynamisant car les erreurs de l'empereur auraient été très minutieusement enregistrées et lui auraient été négativement imputées dans des cas ultérieurs. Pour Bösch qui argumentait plutôt d'un point de vue « émancipateur », les scandales étaient l'expression de publics médiatiques quasiment démocratiques qui luttaient contre l'autorité impériale et étaient capables de montrer ses limites à l'État autoritaire. Dans son commentaire, Christophe Charle reprit le thème de ces connotations positives des effets des scandales pour mettre en question une représentation trop positive de ceux-ci. Comme on pourrait le constater notamment à l'apparition de dangereux populismes, l'effet favorable à la démocratie des scandales serait, selon Charle, très limité.
Le thème de la dernière partie fut finalement la place toujours croissante de l'image en tant que caractéristique centrale de la médiatisation au xixe siècle. Laurent Bihl et Daniela Kneià Ÿl traitèrent, sous des angles différents, des illustrations dans la presse. Bihl aborda le problème de la censure des images et Kneià Ÿl la tentative explicite de la revue Le Père Gérard, créée en 1878, de familiariser une population rurale aux moyens intellectuels et artistiques modestes avec les valeurs de la République. Franz Becker et Ludwig Vogel-Bienek se consacrèrent, quant à eux, aux « nouveaux médias », à l'image panoramique et aux premières projections des images animées, qui transportèrent les spectateurs dans un monde visuel entièrement nouveau.
Le colloque apporta tout d'abord la preuve que les recherches menées dans ce domaine en Allemagne et en France vont dans des directions analogues : un aspect central de la société médiatique au xixe siècle, en France comme en Allemagne, s'avère être le rôle capital des prétentions pédagogiques des journaux, mais il faudrait sans aucun doute analyser plus précisément l'évolution historique du concept d'éducation. De plus, il est apparu clairement que le problème de la réception ne peut, certes, jamais être vraiment résolu, mais que, si l'on envisage les interactions entre les médias et la société, ce problème se révèle plus profond : se concentrer uniquement sur les médias ne suffit pas.
Jörg Requate