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Colloque international "Expressions Culturelles et Identités européennes", 15-16 avril 2010, Banská Bystrica.
Le titre de ce colloque annonce plusieurs problématiques :
Quelles évolutions des expressions culturelles dans le cadre des constructions identitaires européennes ?
Quelles sont les conséquences éventuelles de cette « globalisation » culturelle à l’échelle mondiale ou européenne par rapport à la permanence de traditions, d’une part, et à l’émergence de nouvelles créativités, d’autre part ?
Comment les expressions culturelles participent-elles à la construction européenne, dans le contexte économique et managérial actuel ?
L’Union européenne actuelle éprouve des difficultés à évoluer vers un fonctionnement à la fois plus démocratique, au sens traditionnel du terme, et avec une gouvernance plus efficace. Ainsi, les difficultés de ratification du traité pour une Constitution puis du traité de Lisbonne révèlent qu’après le grand élargissement de l’Union européenne de nouvelles questions n’ont pas reçu de réponses et, surtout, n’ont pas été au centre d’un débat démocratique. En particulier, les questions relatives à l’existence de valeurs communes, rapidement évacuées en France, celles relatives à la citoyenneté européenne, ou aux rapports entre identités et culture dans un cadre désormais consacré de cette « diversité culturelle » qui ne concerne pas uniquement les minorités au sein de chaque État-membre.
La « globalisation » culturelle affecte évidemment les mécanismes identitaires, comme la construction européenne qui transforme les citoyennetés. La construction identitaire suppose à la fois altérité et communion, et autorise en même temps une différenciation (avec « eux ») et une insertion sociale (dans un « nous »). Il semble donc logique que la construction européenne renforce les sentiments identitaires, au niveau souvent des « nations » et non des États car c’est bien ce contact avec l’autre qui active le mécanisme.
L’identité européenne se ressent alors souvent en négatif, par la confrontation avec l’altérité plus qu’avec le semblable. L’identité, par la culture, hérite en partage d’une tradition d’humanisme, mais aussi d’une éthique politique. L’« européanisation » des cultures s’inscrit dans une démarche d’ouverture constante vers l’autre, un processus d’enrichissement qui complète l’école de morale politique induite par l’Histoire et le rôle de révélateur de l’identité européenne que devraient jouer les institutions européennes.
Après la proposition de Vaclav Havel, en 1994, de tenter de rendre « l’Union européenne crédible », notamment avec la réalisation d’une « Charte de l’identité européenne », puis le développement des programmes « Culture » et « L’Europe pour les citoyens », le débat est désormais installé mais quels progrès ont-ils été réalisés ? Après le fort taux d’abstention aux dernières élections européennes, une réflexion sur les
liens entre citoyennetés, cultures et identités s’impose, dans un cadre où, même si les « vieux » États-nations résistent au moins à moyen terme, un espace public européen pourrait s’imposer rapidement. L’évolution des attentes, l’essor des réseaux sociaux et la mutation sociale dans le cadre de cette société de l’information contribuent à la transformation des espaces publics locaux, nationaux qui utilisent la transformation d’un nouvel espace sans frontière, pour transformer les contraintes en opportunités, avec un engagement qui permet d’espérer que, quelle que soit l’évolution de notre construction européenne, le citoyen soit en mesure de participer à la vie collective dans l’échange et le partage et de construire ainsi notre Europe politique, culturelle et sociale dans la paix, le progrès et le respect de chacun.
La diversité culturelle garde cependant, aux yeux des opinions publiques en Europe, une image fortement positive. Associée souvent à la notion d’identité, la diversité culturelle permet à chaque individu (citoyen, usager ou consommateur selon les approches) d’avoir des choix plus variés et d’affirmer plus précisément ses préférences individuelles ou son appartenance à un groupe, une collectivité ou une communauté.
Cependant pour que cet individu puisse apprécier à sa juste valeur l’opportunité que constitue la diversité culturelle, il lui faut avoir le niveau nécessaire de compréhension. Aussi, le soutien à la diversité culturelle s’inscrit dans une politique plus large de formation et d’accès à la
culture, le plus souvent publique et en principe éloignée de « viles considérations » marchandes, même s’il est parfois fait appel au mécénat et au « sponsoring ». Toutefois, les ressources publiques étant limitées, il est de plus en plus fréquemment demandé aux responsables d’équipements culturels d’être efficaces et de s’inscrire dans une démarche managériale. Les approches managériales de la diversité culturelle sont, certes, diverses, selon que l’on retienne le point de vue du décideur public, de l’organisateur de manifestations, du responsable d’équipement ou du chef d’entreprise souhaitant faire une opération de communication institutionnelle, mais elles ont comme point commun de privilégier une dimension « artisanale » de la culture et de mettre l’usager au centre de leurs préoccupations.
Cette dimension artisanale est peu revendiquée dans les industries culturelles. Ces dernières n’ont en effet pas échappé à la standardisation et la concentration des entreprises, sources principales de la croissance économique de la seconde moitié du XXème siècle. Cette croissance de la production d’objets culturels s’est traduite par un développement sans précédent dans l’histoire de l’humanité de l’accès à la culture. Jamais autant de livres n’ont été lus, de musiques écoutées, d’oeuvres de théâtre, d’opéra, de peinture, de sculpture, vues ni autant de musées, de cathédrales, de palais, de vestiges visités. Or, le respect de la diversité culturelle, même si elle offre des possibilités de développement de niches, apparaît surtout comme une contrainte pour les industriels de la culture avec cette « exception culturelle » qui constitue une entrave à la libre circulation, un frein à la croissance de consommation d’objets ou de services culturels.
Bien sûr, la culture ne peut s’extraire du marché, ne serait-ce que parce que la production culturelle et sa distribution ont un coût qu’il faut assumer, mais elle ne doit pas totalement s’y soumettre d’une part en raison de sa spécificité, d’autre part en raison des déficiences de ce même marché. La culture ne peut être réduite à une approche quantitative de consommation culturelle. Cependant, lorsqu’il s’agit d’effectuer des choix dans un univers contraint (par rareté d’oeuvres culturelles disponibles, par carence de créativité, par insuffisance de temps, par lacunes de connaissances ou de compétences ou tout simplement par manque de ressources), une discipline dont c’est la spécialité s’impose : l’économie. L’approche économique doit donc permettre d’illustrer et de comprendre les liens entre l’industrie et la culture.
Ces problématiques seront déclinées en trois sessions thématiques, permettant d’intégrer analyses, témoignages d’acteurs et recueils d’expériences qui permettront, à la fois d’illustrer par des exemples concrets la multiplicité des approches sociologiques, politiques, managériales ou encore économiques de la diversité culturelle en Europe et de tester leur relative convergence vers une forme de traitement commune à l’échelle européenne.
Première session, Faculté des sciences humaines : Cultures et Identités européennes (15 avril, 9h00 à 13h00), Bibliothèque Nationale à Banská Bystrica
Deuxième session, Faculté de science politique et des relations internationales : Culture, Citoyenneté et Politique en Europe (15 avril, 14h30 à 17h30)
Troisième session, Faculté d’économie : Approches économiques et managériales de la diversité culturelle en Europe (16 avril, 9h00 à 13h00)
Comité scientifique et d’organisation
Helena Balintová, Chaire d’études européennes culturelles, Faculté des sciences humaines, Université Matej Bel de Banská Bystrica.
Magali Boursier, Université Comenius, Faculté de Management, Bratislava
Katarina Chovancová, Chaire des langues romanes, Faculté des sciences humaines, Université Matej Bel de Banská Bystrica
Thierry Côme, Centre de recherches Mouvements internationaux et gouvernance, Institut d’Études européennes et internationales, Reims
Radovan Gura, Faculté de science politique et des relations internationales, Université Matej Bel de Banská Bystrica
Eva Höhn, Chaire d’études européennes culturelles, Faculté des sciences humaines, Université Matej Bel de Banská Bystrica.
Monique Lakroum, Centre de recherches Mouvements internationaux et gouvernance, Institut d’Études Européennes et Internationales, Reims
Jana Marasová, Faculté d’économie, Université Matej Bel de Banská Bystrica
Ľudmila Mešková, Faculté d’économie, Université Matej Bel de Banská Bystrica
Fabienne Maron, GRAPEV, Bruxelles
Janka Pálková, Chaire d’études européennes culturelles, Faculté des sciences humaines, Université Matej Bel de Banská Bystrica.
Mária Rošteková, Faculté de science politique et des relations internationales, Université Matej Bel de Banská Bystrica
Gilles Rouet, Centre de recherches Mouvements internationaux et gouvernance, Institut d’Études européennes et internationales, Reims et Université de Banská Bystrica
François Soulages, AIAC, Paris 8 & RETINA International
Peter Terem, Faculté de science politique et des relations internationales, Université Matej Bel de Banská Bystrica
Gérard Wormser, Sens Public, Paris
Propositions de contributions
Langue du colloque : français et anglais (contributions écrites et présentations orales).
Communication au colloque : en langue française ou anglaise, 15 à 20 mn
Les propositions de contributions (thématiques et court résumé de la proposition) sont à adresser avant fin février 2010 à Gilles Rouet :
(rouet.gilles@fhv.umb.sk ou bien gilles.rouet@gmail.com).
Les auteurs retenus devront adresser leur texte avant le 15 mars 2010 accompagné d’un résumé en anglais ou en français, d’une liste de mots-clés et d’une présentation personnelle succincte, ce qui permettra de mettre en oeuvre une publication rapide (avant fin 2010).
Organisé par :
Univerzita Mateja Bela v Banskej Bystrici
Fakulta politických vied a medzinárodných vzťahov
Ekonomická fakulta, Katedra odbornej jazykovej komunikácie
Fakulta humanitných vied, Katedra európskych kultúrnych štúdií
Chaire Jean Monnet ad personam “Identités et Cultures en Europe”
Institut d’Études Européennes et Internationales
Centre de Recherche « Mouvements internationaux et Gouvernance »
Université de Reims Champagne‐Ardenne
Equipe d’Accueil « Art des Images et Art Contemporain », Université Paris 8
RETINA International
Expressions Culturelles et Identités européennes