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Appel àcontributions, Revue Sur le journalisme "Journalisme, dangers et risques"

Date limite : 30 novembre 2015

Date de publication de l’appel : 5 octobre 2015 Date de soumission des résumés : 30 novembre 2015 Décision sur les résumés retenus : 15 janvier 2016 Date finale de réception des articles : 15 avril 2016

Coordinateurs : François Demers (Université Laval, Canada) Renaud de La Brosse (Université Linnaeus, Suède) Marie-Soleil Frère (Université Libre de Bruxelles, Belgique) Sylvia Moretzsohn (Universidade Federal Fluminense, Brésil)

De nombreuses études élaborées en référence au cadre du journalisme dit « d’information » (Charron et de Bonville, 2004) sont construites autour d’une seule des conditions juridico-culturelles de son exercice : la liberté d’expression et d’opinion du citoyen.

Ce numéro thématique est centré sur le journalisme comme prolongement de la liberté d’informer, en ce que celle-ci suppose non seulement la liberté de faire savoir mais aussi celle de rechercher l’information de manière systématique et d’en faire une activité professionnelle. Cette pratique professionnelle du journaliste a, depuis toujours, comporté des risques. Mais elle nous semble confrontée aujourd’hui à de nouveaux dangers.

Il faut pour cela prendre en compte les inquiétudes qui se font jour sur l’Etat démocratique lui-même, et sur la réalité des libertés d’expression et de presse en particulier. L’assomption que la démocratie est en progression constante à l’échelle mondiale d’un côté, et de l’autre au plan qualitatif au sein de chaque état libéral démocratique, est contredite dans les faits. Le front des médias et de l’information en est un indicateur en soi.

Trois traits du monde global contemporain rendent pertinentes, sinon pressantes, les interrogations liées au lien entre journalisme, dangers et risques.

Le plus visible est le repli de l’État marqué par son impuissance (et par le maquillage de cette impuissance) à intervenir dans plusieurs flux transnationaux d’activités qui rendent les vies quotidiennes hautement instables : volatilité des capitaux qui provoque des fermetures ou des relocalisations abruptes des sources de travail et des ruptures de stocks désastreuses, banditisme international en matière d’armes, de prostitution, de trafics d’organes et d’enfants, multiplication des guerres de faible intensité, interétatiques ou civiles. Cet environnement instable augmente, stimule ou provoque, dans plusieurs points du monde, les environnements socio-politiques marqués par la corruption, les trafics illégaux et immoraux, l’impunité de la violence et l’insécurité physique. Pour tous, et pour les journalistes qui ont à rendre compte de ces évolutions.

Un deuxième trait est la réorganisation du travail à l’échelle globale dans des flux transnationaux imposant d’une part des spécialisations régionales et de l’autre, une gestion de la main d’œuvre caractérisée là aussi par l’instabilité dans les entreprises (y compris les médias) : sous-traitances diverses, contrats à durée déterminée, travail à temps partiel et à la pièce. Le journalisme devient lui aussi un lieu de travailleurs « autonomes », indépendants ou entrepreneurs mais toujours moins protégés, plongés dans l’insécurité et la solitude professionnelles (comme le théorisent Ulrich Beck, 2001 et Anthony Giddens, 1991).

Un troisième est l’extension de la surveillance généralisée des activités individuelles au-delà des activités traditionnelles de renseignement et d’intelligence, par le déploiement de systèmes numériques de surveillance et de profilage dont le centre d’observation est occupé non plus seulement par des États mais aussi par des méga-entreprises privées. Cela fabrique des « sources » publiques et privées de plus en plus armées d’informations sur le journaliste et susceptibles de les utiliser pour peser plus ou moins ouvertement sur lui, ou le punir.

Ce nouveau contexte interpelle le journalisme sous différents angles. Ici, nous en proposons trois : 1) Quelles parades met à l’essai ou est en train de développer le journalisme pour suppléer à la déliquescence (et à la corruption) des États face au banditisme international et aux conflits armés qui champignonnent un peu partout ? Par exemple, comment se construisent des alliances avec d’autres acteurs, soucieux de s’opposer à ces évolutions problématiques, afin de permettre l’activité journalistique sans risque inconsidéré ? 2) Quelles formules émergent pour soulager la précarité du journaliste dans une organisation du travail qui transfère sur lui seul l’organisation et les conséquences de ses entreprises de couverture, de ses essais, erreurs et échecs, aussi bien que son avenir professionnel et sa sécurité ? 3) Quels usages font les journalistes des moyens électroniques de surveillance mis à leur disposition : drones, géolocalisations, bases de données, etc. ? D’autre part, comment se défendent-ils de l’usage de ces mêmes moyens contre eux ? Par exemple, comment négocient-ils avec les sources institutionnelles (gouvernements et organisations) qui travaillent la gestion de la communication de risques dans le but de prévenir/gérer les événements en neutralisant les effets critiques du journalisme ?

Les contributions pourront apporter des réponses globales ou partielles à l’une ou l’autre de ces questions. Les études de cas seront bienvenues. Des analyses de ce que soutiennent, racontent, souhaitent et rêvent les journalistes à propos de l’un de ces thèmes pourraient être pertinentes. Les rappels des procédures et pratiques qu’ont mis au point des journalistes dans le passé pour « faire avec » certains risques et dangers pourront être éclairants. Les présentations de l’état de l’une de ces questions dans un pays ou dans une zone géographique conviendront parfaitement.

Bibliographie :

BECK, Ulric (2001). La société du risque. Sur la voie d’une autre modernité. Paris, Éditions Aubier.
CHARRON, Jean et DE BONVILLE, Jean (1996). « Le paradigme du journalisme de communication : essai de définition ». Communication. Vol. 17, no 2. P. 51-97.
GIDDENS, Anthony (1991). Modernity and Self-Identity. Self and Society in the Late Modern Age. Stanford University Press.

Les articles peuvent être proposés en français, en anglais, en portugais ou en espagnol.

Merci de faire savoir votre intérêt pour ce dossier, en proposant un résumé de deux pages maximum de votre projet d’article, avant le 30 novembre 2015, à :
francois.demers@com.ulaval.ca
renaud.delabrosse@lnu.se
msfrere@ulb.ac.be
sylviamoretz@uol.com.br


Les auteurs seront informés de la décision des coordinateurs le 15 janvier 2016.
Merci de soumettre les textes finaux (de 30 à 50 000 signes tout compris) avant le 15 avril 2016.

Évaluation en double aveugle. Les articles proposés doivent faire apparaître un référencement théorique, une méthodologie de recherche, un matériau d’analyse.

Citer cet article : https://www.histoiredesmedias.com/Appel-a-contributions-Revue-Sur-le,6163.html

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