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Appel à contribution dossier "La mémoire humaine à l’épreuve de l’Internet", Revue MEI, 2011.
Numéro sous la direction de Michel Lavigne (Lara), Université de Toulouse II et Nicole Pignier (CeReS), Université de Limoges.
Sans conteste, notre mémoire est conditionnée par la spatialité. Précisément, elle a besoin d’espaces - supports d’inscription et d’expression qui jouent le rôle à part entière de dispositifs médiatiques. Ces derniers définissent moins la pensée et la mémoire des usagers qu’ils ne donnent le cadre de leur émergence, de leur déploiement et de leur communication. Les espaces numériques entendus comme dispositifs médiatiques divers fondés sur la temporalité mathématique, codifiée de l’informatique permettent notamment d’archiver des contenus issus des livres papier, de la télévision analogique ou de la radio hertzienne par exemple, en les « important » dans la mémoire des ordinateurs.
Néanmoins, au sein des espaces numériques, l’Internet, englobant les autres médias, est un méta-médium qui pose des relations spécifiques à la mémoire. Cela, ne serait-ce que parce qu’en intégrant les autres supports d’énonciation, il en modifie inévitablement les fonctions possibles, les usages, et du coup la perception que nous en avons. Pour exemple, le livre, sur les sites web, se retrouve très souvent sous forme de métaphore. On peut en voir la couverture, l’épaisseur, faire comme si l’on tournait les pages… Cependant, la matière du livre n’est plus que souvenir et surtout, tout le travail éditorial est considérablement mis à l’épreuve (Souchier).
Outre la mémoire des usages et des pratiques médiatiques, les usages de l’Internet semblent jouer une place déterminante quant aux appropriations des connaissances, des croyances. Parmi les différentes questions et hypothèses formulées à ce sujet, celle d’ Emmanuël Hoog, Directeur de l’INA. Il explique dans son dernier ouvrage (2009), qu’en pouvant conserver toutes les traces du passé et en les proposant comme un éternel présent, l’Internet, avec le web en particulier, donne l’impression que tout est mémorisable et, du coup, perçu comme mémorable. S’en suit, selon l’auteur, une confusion menaçant la mémoire collective qui, pour s’élaborer et évoluer, a besoin d’une hiérarchisation, d’une structuration. À vouloir se souvenir de tout, l’homme deviendrait finalement amnésique car sa mémoire individuelle n’aurait plus le cadre nécessaire à l’appropriation des textes pris dans un enchevêtrement infini.
Ce dossier propose d’interroger justement les manières dont les usages de l’Internet, au sein des espaces numériques, renouvellent, modifient ou perpétuent les cadres de perception et de mémorisation du monde tout en s’ancrant dans une double forme de mémoire :
la mémoire collective, d’une part, qui fonde ce « corpus de textes enchevêtrés formant un tissu homogène », celui des connaissances et des croyances (Jeanneret, 2004) ;
la mémoire sociale, d’autre part, cet héritage d’usages et de pratiques du quotidien.
Faisant véritablement dialoguer les Sciences de l’Information et de la Communication avec différentes disciplines des sciences humaines telles l’anthropologie, l’histoire de l’art, la sémiologie, la sémiotique, la sociologie des médias, les auteurs de ces travaux tentent de mieux comprendre comment les usages de l’Internet font un double travail d’intégration et de
mise à l’épreuve des formes individuelle, collective et sociale de la mémoire.
Les auteurs des articles proposés exploreront une des questions suivantes :
le rapport entre l’inscription dans l’espace Internet de la mémoire sociale et l’innovation ;
l’émergence de mémoire(s) collective(s) via les pratiques de l’Internet ;
le lien entre la mémoire propre de l’Internet où les textes deviennent des traces au sens d’indices et la mémoire des usagers ;
l’hybridation des catégories médiatiques, génériques (à savoir les genres) dans les espaces d’ Internet.
Merci d’envoyer vos propositions par courrier électronique à Nicole Pignier nicole.pignier@gmail.com avant le 15 mars 2010.
La réception de chaque proposition donnera lieu à un accusé de réception par mail. La proposition en français ou en anglais livrée en fichier attaché (titré proposition nom prénom dossier MEI ) au format rtf, doc, sera composée de 2 parties :
un résumé de la communication de 4000 signes maximum, espaces non compris,
une courte biographie du(des) auteur(s), incluant titres scientifiques (les doctorants sont aussi les bienvenus), le terrain de recherche, le positionnement scientifique (la discipline dans laquelle le chercheur se situe), la section de rattachement.
Un premier comité de rédaction se réunira pour la sélection des résumés et donnera sa réponse au plus tard le 15 avril. L’article complet écrit en français ou en anglais et mis en page selon la feuille de style qui accompagnera la réponse du comité (maximum 25000 signes espaces compris) devra être envoyé par les auteurs en deux versions : l’une entièrement anonyme, l’autre normale, par courrier électronique à Nicole Pignier avant le 15 mai 2010.
Un second comité international de rédaction organisera une lecture en double aveugle et enverra ses recommandations aux auteurs au plus tard le 15 juillet 2010.
Le texte définitif devra être renvoyé par courrier électronique à Nicole Pignier avant le 1er septembre 2010.
Les articles qui ne respecteront pas les échéances et les recommandations ne pourront malheureusement pas être pris en compte. La revue MEI a une visée et une portée internationales (revue de rang A), elle est ouverte à la rédaction en binôme et accueille aussi les travaux des doctorants et jeunes docteurs.
Contact :
Nicole Pignier : nicole.pignier@gmail.com
Revue dirigée par Bernard Darras et Marie Thonon
Université de Paris VIII - UFR-SAT de communication
Revue MEI
2, rue de la Liberté
93526 Saint Denis