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Appel à contribution "Le journalisme en ligne et ses publics", Revue Sur le journalisme
Forums de discussion, espaces de commentaires, fact checking, crowd-sourcing, blogs, réseaux sociaux ont élargi, depuis les années 1990, la palette des modes d’intervention des internautes dans le processus de production de l’information, complexifiant, de fait, la relation entre le journalisme et ses publics. Ces dix dernières années, de nombreux discours utopiques annonçaient la révolution du journalisme et la fin de la communication de masse unidirectionnelle. Or dans la pratique, l’intervention des internautes est encadrée et finalement isolée de la production d’information. Les chercheurs peuvent à présent s’interroger sur les circonstances, les motivations et les habitudes qui sous-tendent la production et la consommation de contenus informatifs chez les publics dans un contexte numérique. Si les pratiques des professionnels dans les salles de rédaction sont bien connues, peu de travaux ont été réalisés sur les publics du journalisme en ligne, sur leur façon de sélectionner l’information et les raisons qui les motivent à produire des contenus, voire à interagir entre eux ou avec des journalistes.
La figure du lecteur, jusqu’à il y a peu fortement fantasmée par les producteurs d’information, les responsables de rédaction, les régies publicitaires, les services de marketing et les agences de consulting en tout genre, s’est concrétisée sous la forme d’énoncés, de surnoms, d’arguments et de polylogues dans les différents dispositifs sociotechniques. Autrefois cantonnée au courrier des lecteurs des médias écrits, puis travaillée par les figures des médiateurs dans les entreprises audiovisuelles, la parole vernaculaire se voit actuellement légitimée par l’instance médiatique. En rendant visible la catégorie de « public-usager », nous pouvons formuler des hypothèses vérifiables sur ses pratiques de lecture et d’écriture, sur ses représentations du journalisme et sur la place qu’il pense avoir dans
la scène journalistique. Observer le public revient à explorer la place du journalisme dans la société, à analyser sur des bases empiriques les processus d’information et à dépasser les débats stériles sur la fin du journalisme, en le resituant dans le contexte des pratiques digitales émergentes.
Plusieurs disciplines sont concernées par ces changements dans le panorama de l’information : la sociologie du journalisme, l’analyse du discours, la sociologie des publics, l’histoire des publics et des médias, l’anthropologie culturelle, la sociologie de la communication. Les articles proposés pourront aborder les problématiques suivantes analysant le public comme :
• un acteur présent dans la salle de rédaction : le public est pris en compte dans les choix des journalistes (consultation en temps réel des internautes, présence des commentaires), dans leurs représentations, dans leur discours et dans leurs pratiques professionnelles (émergence du métier de community manager, destiné à gérer la production d’un public actif). L’entreprise s’adapte aussi à cette nouvelle configuration (traitement
automatisé des commentaires, ajout de nouvelles tâches de modération dans les responsabilités des rédacteurs, embauche de modérateurs, sous-traitance des commentaires).
• un objet de toutes les attentions économiques : diversification des supports, complexification des mesures d’audience, informations mobiles, transformation de la consommation des médias, délinéarisation avec la télévision de rattrapage, les podcasts, transformation de la monétisation de l’audience, volonté de personnaliser l’information.
• un producteur d’information/un expert : le public devient une source d’information, dans les commentaires et les blogs intégrés aux rédactions, ainsi qu’une figure de légitimation de certaines activités et artefacts.
• un producteur de discours : quelles sont les caractéristiques énonciatives, voire stylistiques du « discours des internautes » ? Quelles sont les modalités d’échange entre internautes ? Quelles sont les représentations qui circulent couramment sur le discours médiatique ? Comment remettent-ils en question le contrat de lecture ?
• un arbitre des discours sociaux : la nouvelle configuration entraîne un questionnement de la distribution de la connaissance dans la sphère publique et l’apparition d’une nouvelle forme – collectivement organisée
– de surveillance envers le discours d’information, qui amène les agents ordinaires à rectifier le discours médiatique et le discours d’experts.
Les articles peuvent être proposés en français, en anglais, en portugais ou en espagnol.
Soumission (textes de 30 à 50 000 signes tout compris) avant le 15 avril 2014 :
http://surlejournalisme.com/rev/index.php/slj/author/submit/1
Evaluation en double aveugle.
Calendrier
Date de publication de l’appel : 20 janvier 2014
Date de clôture de l’appel : 15 avril 2014
Coordonateurs : Laura Calabrese, David Domingo, Kenia Maia
laura.calabrese@ulb.ac.be
david.domingo@ulb.ac.be
keniamaia@yahoo.com
La revue Sur le journalisme – About Journalism – Sobre jornalismo…
…est le lieu de rencontres de traditions et de centres d’intérêts de recherche, travaillées par l’histoire. Les études sur le journalisme se sont structurées à partir d’épistémologies, de démarches et de méthodologies qui façonnent les productions scientifiques nationales et les aires linguistiques. La revue met en résonance ces pratiques et les résultats,
par un positionnement résolument international. Dans un contexte de mondialisation et d’homogénéisation relative des systèmes médiatiques et des pratiques journalistiques, la revue porte aussi un regard sur les convergences et les résistances des cultures journalistiques et scientifiques.
La revue est un espace voué à la science. Animée par un comité éditorial (de quatre éditeurs) chargé de fluidifier les échanges, elle s’appuie sur le travail en commun de conseils scientifiques composés de chercheurs européens, latinoaméricains et nord-américains. Les membres de ces conseils sont des personnalités reconnues pour la qualité de leurs recherches et le regard international et interdisciplinaire qu’ils portent sur les travaux en journalisme.
La revue est un tremplin pour la publication de travaux novateurs, de regards transdisciplinaires et de recherches d’étudiants. Publiée en ligne et sur papier, elle est constituée de dossiers thématiques, autour de problématisations précises, pour diffuser des résultats théoriques et/ou méthodologiques originaux. Les résultats de recherche de Master, de rapports et d’études scientifiques, de notes de terrain et de corpus, trouvent aussi dans la revue un espace de diffusion. La revue est un rendez-vous entre des envies, des regards, des chercheurs qui trouveront dans ces colonnes un lieu de vie scientifique stimulant. Le premier numéro de la revue sera publié en janvier 2012.
Editeurs :
François Demers (Université Laval, Canada), Florence Le Cam (Université Libre de Bruxelles, Belgique), Fabio Pereira (Université de Brasilia, Brésil), Denis Ruellan (Université de Rennes 1, France).
Membres des conseils scientifiques :
Jean de Bonville (Université Laval, Canada) • Jean Charron (Université Laval, Canada) • Rogério Christofoletti (Universidade Federal de Santa Catarina, Brasil) • João Canavilhas (Universidade da Beira Interior, Portugal) • Béatrice Damian-Gaillard (Université de Rennes 1, France) • Javier Díaz-Noci (Universidad Pompeu Fabra, España) • Kênia Beatriz Ferreira Maia (Universidade Federal do Rio Grande do Norte, Brasil) • Mike Gasher (Concordia University, Canada) • Gilles Gauthier (Université Laval, Canada) • Valérie Jeanne-Perrier (Université Paris-Sorbonne, France) • Éric Lagneau (docteur, France) • Zelia Leal Adghirni (Universidade de Brasília, Brasil) • Sandrine Lévêque (Université de la Sorbonne, France) • Claudia Mellado Ruiz (Universidad de Santiago, Chile) • Viviane de Melo Resende (Universidade de Brasília, Brasil) • Erik Neveu (IEP de Rennes, France) • Véronique Nguyên-Duy (Université Laval, Canada) • Greg Nielsen (Concordia University, Canada) • María Laura Pardo (Universidad de
Buenos Aires, Argentina) • Dione Oliveira Moura (Universidade de Brasília, Brasil) • Mauro Pereira Porto (Tulane University, USA) • Guillaume Pinson (Université Laval, Canada) • Franck Rebillard (Université Paris 3, France) •
Rémy Rieffel (Université Paris 2, France) • Roselyne Ringoot (IEP de Rennes, France) • Eugénie Saïtta (Université de Rennes 1, France) • Pedro Santander Molina (Pontificia Universidad Católica de Valparaíso, Chile) • Lia Seixas (Universidade Federal da Bahia, Brasil) • Jean-François Têtu (IEP de Lyon, France) • Annelise Touboul (Université de Lyon 2, France) • Jean-Michel Utard (Université de Strasbourg, France) • Adeline Wrona (Université Paris-Sorbonne, France)
http://surlejournalisme.com/rev