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Appel à communications, colloque "La place de la culture populaire et de ses médiateurs dans les relations franco-allemandes après 1945", Metz, 10-11 juin 2014
Date limite : 15 janvier 2014
L’histoire des relations franco-allemandes depuis 1945 est en général centrée sur la question de savoir comment les deux pays sont parvenus, après le temps de l’« ennemi héréditaire », par la compréhension, le rapprochement et la réconciliation, à mettre en place une coopération dans des domaines très divers. Alors que, dans une première phase, les études ont surtout porté sur les relations politiques, la thèse est désormais établie qu’on ne peut séparer l’approche politique de l’histoire des facteurs sociétaux, tant les deux sphères sont interdépendantes. C’est pourquoi la recherche s’intensifie désormais sur les processus d’échanges et de transferts, de perception et de réception, qui mettent tous en lumière le fait que l’histoire d’un pays ne peut être conçue sans prendre en compte l’histoire de l’autre.
Depuis plusieurs années, les travaux sur le rapprochement franco-allemand ont mis l’accent sur le rôle décisif des acteurs socio-culturels, dont la mission était, au sein de ce processus, d’expliquer à ses propres concitoyens les modes de pensées spécifiques du voisin et de susciter de l’autre coté du Rhin la compréhension pour son pays d’origine. En tant que pionniers transnationaux, ces traducteurs des cultures nationales se caractérisent par leur capacité à penser, ressentir et agir au delà du cadre national, qu’ils mettent en Å“uvre en deça du niveau d’action étatique officiel. Par la « politique des petits pas », ces acteurs sociétaux visent, dans leur champ d’activité, à assoir une compréhension et un rapprochement entre les deux peuples solidement et durablement ancrés dans les sociétés. Une telle définition a conduit de manière non surprenante, à se concentrer surtout sur les intellectuels et les représentants des milieux universitaires.
En relation avec le concept de « culture élargie », les relations franco-allemandes depuis 1945 se caractérisent cependant par élargissement sociétal à des milieux et des catégories sociales qui, par le passé, étaient restés éloignés de ces échanges. De nouveaux champs d’action et de nouvelles marges de manÅ“uvre ont émergé, qui jusqu’à maintenant n’ont guère été pris en compte par la recherche : parmi eux, le champ de la culture populaire et les médiateurs qui en sont issus. La culture populaire doit être ici comprise, en contrepoint de la « grande culture » ou « culture des élites », comme l’ensemble des activités et offres culturelles produites dans le cadre de la société industrielle (production), diffusée le plus souvent par le biais des mass media (diffusion), que s’approprient de nombreux individus, et qui sont perçus comme des éléments importants de l’environnement quotidien (réception).
Suite à l’amélioration du niveau de vie en France et en Allemagne à partir des années 1950, se sont produites dans les deux pays – quels que soient les différences et les décalages temporels – des mutations socio-économiques et culturelles, étroitement liées à l’essor de la consommation de masse, à l’émergence des loisirs et au souci de se démarquer de l’établi et du normé. Sans aucun doute la culture populaire a-t-elle contribué à la diversification des modes de vie et à l’individualisation des styles de vie, à de nouvelles formes de mise en scène publique de soi et a modifié les pratiques culturelles sur bien des questions de société longtemps marquées par des tabous moraux. Au même moment, la génération du baby boum est entrée sur la scène des relations franco-allemandes, marquée par les formes d’expression de la culture populaire, de nouvelles attitudes et un nouveau style de vie.
Pour la période après 1945, on connaît encore trop peu de choses sur ces « emprunts de voisinage », sur les influences et interpénétrations réciproques, sur les voies de transmission, les espaces de recoupement et les formes de l’appropriation. C’est pourquoi ce colloque entend contribuer à élargir le champ des relations, des médiateurs et des transferts à la dimension de la culture populaire pour répondre aux questions des conditions de production, aux modes de transmission et aux schémas de réception sur la base concrète d’études de cas. Parallèlement le concept de médiateur, plutôt orienté vers la culture traditionnelle, doit être débattu, et si besoin redéfini de manière plus large.
Ce colloque accordera une place particulière à la musique, au cinéma, à la radio, à la télévision, à la littérature populaire, aux journaux, à la presse de jeunesse, à la consommation, à la mode et à la publicité. L’objectif est de saisir les possibilités, les barrières, les asymétries et les limites des processus d’échanges et de transferts dans le domaine de la culture populaire. En plus de ces formes d’expression et de ces vecteurs, on se propose d’étudier les médiateurs de la culture populaire.
Ce colloque interdisciplinaire s’adresse tout particulièrement aux chercheurs expérimentés comme aux jeunes chercheurs issus de toutes les disciplines des sciences humaines et sociales. Les communications pourront se faire en langue allemande et française, ne pas dépasser 25 à 30 mn et ouvrir sur une discussion consécutive. Le déroulement thématique du colloque sera conçu en fonction des contributions proposées. Aussi aucune structure organisée autour de sections prédéfinies n’est-elle proposée a priori.
Le colloque aura lieu les 10 et 11 juin 2014 à l’université de Metz.
La publication des contributions est prévue pour 2015. Les frais de voyage et d’hébergement seront pris en charge en fonction des subventions obtenues pour cette manifestation.
Modalités de soumission Merci d’envoyer
avant le 15 janvier 2014
un exposé (2500 signes) présentant votre proposition, avec titre et mention des sources utilisées, ainsi qu’un CV à Ulrich Pfeil : upfeil@orange.fr
Conseil scientifique Le conseil scientifique, chargé de la sélection des propositions, réunit les membres suivants :
Dietmar Hüser Ulrich Pfeil Corine Defrance Christoph Vatter