SPHM Infos
Appel à communications, colloque "La caméra explore le champ Mondes ruraux contemporains, chercheurs et images animées", Lyon, 16-17 juin 2014
Date limite : 15 février 2014
Colloque organisé par le Laboratoire d’Etudes Rurales avec le soutien de l’Université Lumière Lyon 2 et du Réseau national des MSH, Lyon, Institut des Sciences de l’Homme (16-17 juin 2014)
Les productions d’images animées n’ont cessé de croître depuis leur invention au début du 20e siècle. D’abord limitée, en raison des coûts de fabrication, de diffusion et de contraintes techniques, leur utilisation va progressivement s’étendre dans tous les domaines de la société. Au cinéma qui domine la première moitié du XXe siècle succèdent ensuite la télévision, puis les télévisions, et toutes les ressources de la vidéo analogique et numérique diffusées par de nouveaux supports qui ont transformé notre société en une société dite de l’image.
À cette production d’images animées « par le haut » se juxtapose rapidement, à partir de la Première Guerre mondiale, une production par le « bas », facilitée par les progrès techniques et la multiplication d’appareils privés : c’est le domaine des réalisations d’amateurs, en constante expansion. Le monde de la recherche et de la science s’est aussi très tôt intéressé à ce média, tant pour sa dimension pédagogique que par les nouvelles opportunités de fixer les thèmes, les espaces et les sociétés observés, produisant de plus en plus de sources originales. Au-delà de leurs usages récréatifs et culturels, le cinéma et ses « héritiers », comme la vidéo sont devenus des instruments essentiels de découverte, de connaissance et d’appropriation du monde, proche ou lointain que l’on identifie désormais sous le terme du visual turn. Il s’impose donc aux sciences sociales du contemporain de s’emparer de ces images qui constituent autant de nouvelles sources pour la connaissance du passé.
En ce domaine, les études sur le monde rural contemporain ont principalement été menées sur les images fixes, qu’il s’agisse de la peinture et surtout de la photographie. Porter l’accent sur les images animées est d’autant plus pertinent que leur utilisation croissante correspond, pour les sociétés occidentales en général et la France en particulier à une période de profonde mutation des sociétés rurales, entendues tout à la fois comme lieux de production, avec la mise en œuvre de la seconde révolution agricole, mais aussi comme espace géographique et social autour de la « fin des paysans ». La transformation des espaces, liée à la mécanisation, les recompositions sociales et culturelles, la réorganisation des relations villes-campagnes s’opèrent sous l’objectif et dans le champ des caméras.
Ce colloque s’inscrit dans une dynamique de recherche initiée depuis 2010 à partir d’un projet porté par l’Université Lumière Lyon 2 et le Laboratoire d’Etudes Rurales, Approches du Monde Rural par l’Image Animée, projet pluridisciplinaire associant plusieurs équipes de Lyon2 qui s’est ensuite élargi à d’autres partenaires, notamment à travers le réseau national des maisons des sciences de l’Homme et plus particulièrement les établissements de Dijon, Rennes et d’Aix en Provence ainsi qu’à d’autres chercheurs, historiens, géographes, sociologues et anthropologues. Deux journées d’études ont déjà permis d’engager des débats et d’amorcer des pistes de recherche autour des films militants et des méthodes et des enjeux de l’indexation, avec des partenaires institutionnels investis dans la conservation et la validation de fonds audiovisuels : l’INA, les cinémathèques des Pays de Savoie et de l’Ain, de Bretagne, de Toulouse et le Centre national de Documentation Pédagogique.
L’objectif principal de ce colloque est celui de la confrontation : entre institutions de toutes natures possédant des archives, documentalistes et chercheurs, entre chercheurs de différentes disciplines, et autour des usages différenciés et parfois complémentaires de l’image animée par la recherche. De tels échanges apparaissent indispensables dans un domaine où existent encore nombre de cloisonnements et de doutes sur le bien fondé du recours à l’image animée, ou les enjeux de la conservation et de la diffusion sont objet de débats et de stratégies parfois divergentes et où le travail de la recherche ne peut que profiter de projets construit collectivement.
La prise en compte de la diversité des regards et des usages est une condition nécessaire au développement des études utilisant de manière centrale ou ponctuelle les images animées produites par des amateurs, des institutions publiques et privées, des associations. Le choix a été fait de ne pas inclure les films de fiction, pour lesquels on dispose déjà d’études de qualité, même si la frontière entre les genres est très largement illusoire et constitue en elle-même un sujet de réflexion. De même, le « rural » est moins une catégorie en soit, refermée sur elle-même qu’un point d’entrée, largement ouvert, sur l’étude des sociétés contemporaines.
Axes thématiques Quatre thématiques sont particulièrement attendues :
Une première séquence sera consacrée à la présentation de différentes institutions, privées ou publiques engagées dans la collecte et la conservation de fonds en rapport avec le monde rural. Ce sera l’occasion de mettre en évidence la diversité des supports existants, issus de la télévision, du monde amateur ou de la production associative et privée. Les approches comparatives à l’échelle européenne seront particulièrement privilégiées.
Une seconde séquence se penchera sur les difficultés spécifiques liées à la conservation et à l’exploitation des images animées, à la fois en amont, par les institutions dépositaires, mais aussi par les chercheurs. On pense en particulier à la question des procédures d’indexation, du droit des images, de leur propriété et de leur diffusion, ainsi que des outils d’analyses développés par les documentalistes et les chercheurs.
Un troisième volet abordera plus directement les usages scientifiques des images, en s’attachant aux dynamiques de production : comment l’ensemble des champs disciplinaires des sciences sociales ont fait et font de plus en plus de l’image animée non pas un simple collecteur de données mais un support central d’écriture scientifique.
Enfin, le quatrième et dernier temps sera consacré aux usages des images animées comme sources et matériaux de connaissance et d’exploration des sociétés contemporaines. Comment les chercheurs en sciences sociales utilisent et intègrent les images sans cesse plus nombreuses produites dès la fin du XIXe siècle puis de manière exponentielle après 1945 sur les sociétés rurales ? Quels types de fonds apparaissent les plus riches, quelles sont les échelles d’analyse les plus pertinentes et comment s’articulent-elles avec les autres ressources documentaires, écrites ou orales mobilisées par les chercheurs ?
Comité d’organisation
Martine Cocaud (CERHIO, Rennes 2)
Gilles Laferté (INRA, CESAER Dijon)
Béatrices Maurines (Centre Max Weber, Lyon2)
Serge Miguet (LIRIS, Lyon2)
Edouard Lynch (Laboratoire d’Etudes Rurales, Lyon2)
Nadine Michau (CITERES, Tours)
Modalités de soumission Merci de faire parvenir vos réponses (deux pages maximum de présentation de votre contribution et votre rattachement institutionnel) à imagesrurales2014@ish-lyon.cnrs.fr
avant le 15 février 2014.
Les membres du comité d’organisation sélectionneront les propositions avant le 1 mars 2014 et préviendront l’ensemble des personnes ayant répondu à l’appel à contribution.