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Appel à communications, colloque "Les représentations troublées du corps au cinéma", Paris, 27-28 juin 2014
Date limite : 15 janvier 2014
Ce colloque invite les artistes et les chercheurs en études cinématographiques et audiovisuelles à réfléchir sur les représentations troublées du corps humain à l’écran. Les propositions de communication pourront ainsi porter sur l’analyse de corps qui, de quelque manière que ce soit, sortent des normes : corps meurtris ou mutilés (séquences guerrières, horrifiques, hospitalières...), robotisés (fusion du mécanique et du biologique, exosquelettes...), hybrides, reconstruits ou en transformation (chirurgie, mutation, transsexualité, vieillissement, maladie...), difformes, défigurés ou monstrueux, etc. Les communicants pourront également examiner les techniques et stratégies filmiques qui peuvent perturber la représentation des corps à l’écran (cadrage, montage, lumière, mise au point, etc.).
Les mises en scène de figures atypiques voire monstrueuses – qui contrastent fortement avec les images dominantes, lisses et normalisées du corps humain – soulèvent de nombreuses problématiques telles que la marginalité, la transgression, l’hybridité, les mutations et l’évolution de la figure humaine, la plasticité du corps, la frontière entre le normal et le pathologique, entre l’humain et l’inhumain, etc. Les auteurs sont donc encouragés à explorer ces diverses thématiques et/ou à examiner les effets produits par la représentation de tels corps sur les spectateurs (fascination morbide ou répulsion, plaisir ou dégoût, détachement ou engagement viscéral...).
Pistes de réflexion Voici une liste non-exhaustive de problématiques, de thèmes et de pistes d’analyse que ce colloque pourra aborder :
Approches philosophiques possibles :
Pourquoi certains réalisateurs cherchent-ils à bouleverser les représentations traditionnelles du corps ? Quelles ressources esthétiques emploient-ils pour façonner à l’écran des corps qui s’écartent des normes ? Ces représentations singulières, parfois inquiétantes de la corporéité humaine sont-elles nécessairement rattachées à des genres cinématographiques ou télévisuels spécifiques, tels que l’horreur ou la science-fiction ? De quelles conceptions théoriques et philosophiques du corps ces représentations sont-elles solidaires ? Quelles (re)définitions de la notion de corps suggèrent-elles ? Quelles visions de l’homme proposent-elles ? Quelles implications sociales, culturelles ou politiques renferment-elles ? Quels discours critiques ces corps peuvent-ils incarner ? Approches thématiques possibles :
Le monstrueux Post-humains et trans-humains L’humain et l’inhumain Animalités du corps humain Nouvelle époque, nouveaux corps Déviances sexuelles Transgression des normes de genres (sexuels ou cinématographiques) Homosexualité, transsexualité, hermaphrodisme... Le corps comme allégorie des évolutions ou des crises sociales, culturelles, politiques, économiques... Etats et formes extrêmes du corps (exemples : obésité, anorexie/boulimie, maladies, crise de manque, etc.) Débordements hyperesthésiques à l’écran, sensations viscérales et/ou anxiogènes : la corporéité troublée des spectateurs Mutations, transformations, métamorphoses et “devenirs” Techniques et stratégies filmiques de perturbation des corps à l’écran :
Effets spéciaux, prothèses, maquillages et costumes sont bien sûr des outils majeurs de façonnement, de transformation et, en définitive, d’invention des corps à l’écran. Le travail de mise en scène peut aussi opérer toutes sortes de défigurations du corps humain, notamment à travers le choix des cadrages, l’utilisation de différentes focales, du flou ou de la surimpression qui peuvent fragmenter, troubler ou dédoubler les corps. L’utilisation de la lumière et de ses réflexions sur les corps (ombres, striures) peuvent aussi découper, redessiner voire déformer leurs contours. C’est aussi en post-production, par la scission d’un raccord, par le découpage du montage que les corps peuvent être “agressés”, perdre leur unité, leur cohérence ou leur densité. De même, le travail sur les effets et textures sonores peuvent dématérialiser les corps ou, au contraire, leur conférer une dimension pesante qui peut devenir inquiétante voire monstrueuse. À titre d’exemples…
Ces représentations inhabituelles du corps convoquent bien sûr le cinéma d’horreur ainsi que les films de zombies, de vampires ou de fantômes qui déclinent tout un éventail de corps anormaux, défigurés, morcelés, désincarnés, monstrueux... Une tendance cinématographique récente, souvent nommée extreme cinema, combine des éléments du cinéma d’auteur ou d’art avec des formes de violence extrême et de sexualité morbide qui perturbent les représentations conventionnelles du corps humain. Cette tendance regroupe des réalisateurs comme Gaspar Noé, Claire Denis, Bruno Dumont, Michael Haneke, Lars Von Trier ou encore Nicolas Winding Refn dont les films mettent en scène des corps marginaux, bestiaux, agressifs et/ou agressés en les inscrivant dans des problématiques sociales, culturelles ou philosophiques plus larges. C’est aussi le cas du genre du body horror ou biological horror qu’ont illustrés, entre autres, des réalisateurs comme David Cronenberg, Brian Yuzna, Lloyd Kaufman ou Clive Barker. Dans ces films de fiction, l’horreur dérive essentiellement de la dégénération, de la destruction ou de la transformation monstrueuse des corps : des maladies, des pathologies psychosomatiques ou encore divers phénomènes de mutation y déforment les traits de la figure humaine à l’écran au point, parfois, de la rendre méconnaissable. Certaines productions (films d’action, séries…) mettent en scène des surhommes voire des super-héros dont les corps ne sont pas soumis aux limites habituelles des capacités physiques des êtres humains. D’autres films ré-interrogent le corps humain à la lumière des études de genre et des théories queer, proposant une vision du corps beaucoup plus plastique, instable que nombre de films classiques qui reproduisent une vision essentialiste de la corporéité et de l’identité. Certains films expérimentaux travaillent à remodeler la figure humaine à travers un éventail de techniques et de stratégies filmiques qui offrent de nouvelles variations dans la gamme des représentations du corps humain. Informations pratiques Candidature et inscription
Les candidats devront transmettre un résumé de leur projet de communication d’environ 500 mots ainsi qu’un court CV à BodyInFilm.ENS@gmail.com
avant le 15 janvier 2014.
Ils recevront une réponse du comité d’organisation fin février au plus tard et devront s’acquitter, en cas d’acceptation, de frais d’inscription d’un montant de 20 €.
Les trajets et l’hébergement seront à la charge du participant.
Langues acceptées pour les communications
Français et Anglais
Dates et lieu de l’événement
Le colloque aura lieu à L’Ecole Normale Supérieure de Paris (Amphithéâtre Dussane), les 27 et 28 juin 2014.
Responsabilité scientifique
Jérôme Bloch Benjamin Flores Sophie Walon (ARIAS, ENS, Paris III).
Publication des actes envisagée (à confirmer).