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Appel à communications, CULTURHISTO 2014, la journée d’études des doctorants du CHCSC, 7 Mai 2014, UVSQ
Date limite : 7 mars 2014
Grands axes de la journée
les acteurs de "l’invention" du patrimoine
les lieux et formes de diffusion du savoir sur le patrimoine
les dispositifs de médiation et leurs ambitions
les moyens d’appropriation des savoirs par le public
Les propositions de communication (500 mots environ), comprenant notamment la méthode utilisée et les matériaux mobilisés, sont à envoyer accompagnées d’une présentation de l’auteur avant le 7 mars 2014 à l’adresse suivante : doctorants.chcsc@gmail.com
Les propositions émanant de jeunes chercheuses et chercheurs sont naturellement les bienvenues.
Comité d’organisation :
Anne-Claire Bondon (UVSQ-CHCSC) Justine Delassus (UVSQ-CHCSC) Thibault Le Hégarat (UVSQ-CHCSC) Flora Ngando (UVSQ-CHCSC)
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Invention européenne héritière des monuments historiques du XIXe siècle, la notion de patrimoine s’est épanouie jusqu’à rencontrer un succès populaire largement partagé dans le monde. La richesse de l’héritage artistique et culturel du vieux continent, les réflexions que le patrimoine nourrit sur les identités nationales, tout en légitimant des sentiments de fierté populaire, sont autant de facteurs qui ont participé à son développement.
La bibliographie s’est d’abord consacrée à l’étude de la notion de patrimoine sur un temps long[1], et un grand nombre de monographies publiées se sont intéressées aux différents objets patrimoniaux ainsi qu’aux institutions destinées à les préserver[2]. Le patrimoine tel qu’il ressort de ces lectures se présente comme un ensemble d’œuvres naturelles, matérielles et de l’esprit qu’il est nécessaire de transmettre aux générations futures. La définition proposée par l’UNESCO l’exprime aussi puisque le patrimoine est défini comme « l’héritage du passé dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir[3] ». Ce n’est que plus tardivement que le regard s’est porté sur les représentations et les symboliques des objets patrimoniaux, un terrain dont la richesse n’a pas encore été épuisée.
Il est aussi possible d’ouvrir l’étude aux acteurs du patrimoine, et surtout à une autre catégorie que les institutions chargées de sa conservation. En effet celles-ci ne sont pas les seuls acteurs à avoir un rôle dans la reconnaissance des œuvres ; d’autres, à l’image des intellectuels (critiques d’art, universitaires) et des experts (techniciens, architectes), contribuent à définir et valoriser le corpus patrimonial ainsi qu’à le mettre à la disposition du public. Ces derniers acteurs sont également des producteurs de savoir et de discours, qui se différencient par une mission de médiatisation du patrimoine, c’est pourquoi nous pouvons les identifier comme des faiseurs et des passeurs de patrimoine.
Aussi, nous souhaitons maintenir hors des limites de cette journée d’études toutes les opérations de conservation des œuvres, les institutions mobilisées et les techniques employées pour cela. Nous postulons que la manière même dont le patrimoine est conservé et valorisé est signifiante[4]. Dès lors, il convient de s’interroger sur les discours qui émanent des acteurs en charge des missions de collecte, d’exposition, de valorisation et surtout de mise à disposition du public. Ces trente dernières années, l’approche anglo-saxonne s’est particulièrement intéressée au rôle des musées comme « faiseurs » de patrimoine, c’est à dire, comme le souligne Carol Duncan[5], à ceux qui ont le pouvoir de sélectionner les œuvres pour en « faire » du patrimoine. Loin d’être anodins, les discours qui justifient ces choix participent à délimiter les contours du patrimoine et constituent, de manière plus ou moins affirmée, des représentations sur l’histoire et l’identité d’une nation.
Nous souhaitons donc porter notre attention vers les acteurs qui remplissent une mission de médiation du patrimoine en produisant des discours, des savoirs et des dispositifs de transmission qui cherchent à valoriser les œuvres et à les mettre à la disposition du public. Certaines institutions telles que les musées et l’école remplissent ce rôle puisqu’elles ne se limitent pas à l’exposition et à la présentation des œuvres mais tendent à en faire comprendre et partager le sens et la mémoire. On relèvera enfin l’influence des grands médias qui ont largement alimenté le débat public autour du patrimoine et de ses objets, acteurs qu’il s’agit également de mettre au centre de la réflexion pour leur mission culturelle et de médiation.
La démocratisation du patrimoine, l’un des mouvements majeurs du XXe siècle, est une des conséquences de l’activité de tous ces acteurs sur la définition même du patrimoine. Tout en ayant conservé certaines de ses valeurs d’origine qui l’inscrivaient dans l’horizon d’une élite sociale et cultivée (faisant appel à la culture savante et au goût tel que l’a étudié la sociologie de la culture), la « pratique » du patrimoine est devenue un loisir populaire, comme l’atteste chaque année, et ce depuis trente ans, le succès des journées européennes du patrimoine. Parallèlement à ces évolutions, le périmètre du patrimoine s’est continuellement élargi, rassemblant une variété toujours croissante d’objets. Ce processus s’est également opéré grâce aux voix des simples citoyens qui se sont fait entendre sur ces questions, ce qui illustre la diversité et l’élargissement des acteurs capables de revendiquer et de défendre un patrimoine dans nos sociétés démocratiques.
S’inscrivant dans le sillon de l’histoire culturelle, définie par Pascal Ory comme une histoire de « l’ensemble des représentations collectives propres à une société[6] », cette journée d’études se veut pluridisciplinaire et fera appel à des domaines variés, allant de l’histoire à la muséologie, en passant par les sciences de l’information et de la communication et les études littéraires. Des comparaisons entre différents pays occidentaux, où la notion s’est épanouie, sont souhaitées. Le but de la journée sera de réfléchir à la manière dont les discours – au sens large – et les représentations qu’ils transmettent contribuent à définir le corpus des œuvres ainsi qu’à modeler les pratiques culturelles du patrimoine.
Grands axes de la journée
les acteurs de "l’invention" du patrimoine
les lieux et formes de diffusion du savoir sur le patrimoine
les dispositifs de médiation et leurs ambitions
les moyens d’appropriation des savoirs par le public
Comité scientifique
Isabelle Brianso, Jean-Charles Geslot, Edwige Lelièvre, Jean-Yves Mollier, Ada Savin, Jean-Claude Yon
Calendrier prévisionnel
retours des propositions : 7 mars 2014
date de la journée d’études : 7 mai 2014
lieu : UVSQ, site de Guyancourt
[1] Françoise BERCÉ, Des monuments historiques au patrimoine : du XVIIIe siècle à nos jours, ou « les égarements du cœur et de l’esprit », Paris, Flammarion, 2000.
[2] Philippe POIRRER et Loïc VADELORGE, Pour une histoire des politiques du patrimoine, Paris, Comité d’histoire du ministère de la culture, la Documentation française, 2003.
[3] http://whc.unesco.org/fr/apropos/
On peut également convoquer ici la définition proposée par Michel MELOT : « On s’entend pour dire que le patrimoine recouvre tout ce que l’on a hérité des générations passées et/ou que l’on veut – ou que l’on doit – transmettre aux générations futures. », tiré de « Le monument à l’épreuve du patrimoine » in Les cahiers de médiologie n° 7, « La confusion des monuments », coordonné par Michel MELOT, Paris, Gallimard, 1999.
[4] Voir Jean DAVALLON, « le musée est-il un média ? » Publics et Musées, 2-1, 1992, p. 99‑123.
[5] Carol DUNCAN, « Art Museums and the Ritual of Citizenship » in Steven D. LEVINE (ed), Exhibiting Cultures : The Poetics and Politics of Museum Display, Washington, Smithsonian Books, 1991.
[6] Pascal ORY, L’Histoire culturelle, Paris, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », Paris, 2007.