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Appel à communication, colloque "L’Amateur en cinéma : un autre paradigme ?", Tours
Date limite : 25 mars 2015
COLLOQUE INTERNATIONAL 23, 24, 25 juin 2015
Université François Rabelais de Tours, 3 rue des Tanneurs, 37000 Tours.
Responsables
Valérie Vignaux (MCF-HDR), Arts du spectacle, Université de Tours, InTRu (Interactions, Transferts, Ruptures artistiques et culturels, EA 6301)
Benoit Turquety (MER), Études cinématographiques, Université de Lausanne (Suisse) Groupe de recherche Dispositifs http://www.unil.ch/dispositifs
Si dès 1895, le Cinématographe Lumière fut d’abord conçu pour l’amateur photographe, on peut toutefois considérer que la pratique du cinéma en amateur s’est institutionnalisée à la suite de la commercialisation en 1923, d’instruments d’enregistrement et de diffusion des images animées reposant sur une pellicule de taille inférieure au format devenu standard. La réduction du format permettait de diminuer les coûts de fabrication et de réalisation, tandis que la miniaturisation des machines, en facilitant la maniabilité, favorisait la démocratisation des usages. Ainsi, l’expression « cinéma amateur » recouvre un appareillage technique comprenant une caméra ou autre moyen de production d’images en séries, parfois un appareil de montage, et un projecteur. Dispositif qui associe à la captation ou à la mise en scène du réel, un temps de réception où les images sont organisées pour être montrées, souvent par ceux-là même qui les ont faites, pour ceux qui y figurent. Le procédé a immédiatement été l’objet d’un vaste engouement pérenne. Toutefois les films réalisés par les cinéastes amateurs, officiant dans un environnement qui leur est proche – la famille ou des groupements associatifs –, ont longtemps été oubliés par les études cinématographiques, ces films parfois dénués d’ambition esthétique ne correspondant pas aux canons du cinéma professionnel. Néanmoins, on assiste actuellement à un large regain d’intérêt international pour cette production, en raison de l’expansion contemporaine et massive des pratiques amateurs sur le web, mais aussi parce que la numérisation de certains corpus sur pellicule les a rendus disponibles pour la recherche ou pour la création audiovisuelle. Dès lors l’amateurisme cinématographique n’incarne plus seulement ce « cinéaste du dimanche », mais devient possiblement un modèle social, esthétique, idéologique, englobant une considérable diversité de pratiques concrètes, individuelles ou collectives (des clubs aux festivals), et un champ social très étendu.
Reconnaître l’importance culturelle et économique de ce mode d’existence du cinéma amène à envisager de le constituer en paradigme pour une nouvelle compréhension du médium et du média cinéma. C’est ce paradigme qu’on voudrait interroger en s’intéressant à l’histoire des pratiques filmiques amateurs, aux modalités de leurs exercices techniques, tout en observant ce dont les films témoignent : relation immédiate, intime, regard sur soi ou les siens, ou engagement dans une activité collective, parfois immédiatement politique. Films qui constituent assurément des documents de premier plan pour qui voudrait dans le cadre d’une réflexion anthropologique interroger les relations que les hommes entretiennent avec les images, enregistrées, animées, projetées en l’occurrence.
Sous quels modes pourrait-on envisager de construire – s’il y a lieu – le « cinéma amateur » en paradigme spécifique nous permettant d’interroger autrement les relations que les individus entretiennent avec les images animées ? Les modèles d’analyses filmiques mais également les compréhensions historiographiques et sociologiques développés dans le cadre du cinéma commercial sont ils pertinents au regard des pratiques filmiques amateurs ?
Au cours de ce colloque intitulé « Le cinéma amateur : un autre paradigme ? » on souhaite interroger le phénomène en trois mouvements :
1) L’amateurisme quel paradigme ? Histoire, pensées, gestes
2) Cinéma amateur et espaces institutionnels
3) Le « modèle amateur » : discours et pratiques
1) L’amateurisme quel paradigme ? Histoire, pensées, gestes
On privilégiera dans ce premier temps, des questionnements portant sur le cadre historiographique et épistémologique des pratiques filmiques amateurs à partir d’une interrogation sur les techniques (du Pathé-Baby à la vidéo en passant par les caméras Bolex...). La dimension de technicité de ces pratiques les élabore en savoir-faire, susceptibles d’induire des processus d’apprentissage pour soi ou pour autrui. C’est ainsi une forme de connaissance qui se trouve construite, fondant des actions d’éducation populaire ou de démocratisation culturelle dans lesquelles s’inscrivent pleinement les pratiques amateurs. On s’intéressera en particulier à partir de la notion de dispositif, au rôle joué par les appareils dans la composition du regard.
2) Cinéma amateur et espaces institutionnels
Le second mouvement intitulé Cinéma amateur et espaces institutionnels a pour objectif de faire entendre la voix d’intervenants de diverses nationalités (Suisse, Pays-Bas, Canada, Royaume-Uni, Luxembourg) qui en livrant les résultats de leurs recherches, contribueront à mettre en perspective les réflexions épistémologiques développées au cours de la première journée. On souhaite confronter les méthodes mais aussi les outillages conceptuels sur lesquels reposent les travaux dédiés au patrimoine filmique amateur, et ce afin d’interroger les spécificités locales de développement du milieu et des formes du cinéma amateur. On interrogera dans cette session, parallèlement aux films produits, les cadres institutionnels dans lesquels ils sont réalisés, que cela soit la famille, les clubs, l’armée, etc. On s’attachera à la façon dont les cinéastes produisent des processus de légitimation individuelle ou collective destinés ou non à conforter des cadres institutionnels.
3) Le « modèle amateur » : discours et pratiques
La troisième journée prolongera les interrogations sur les cadres sociaux dans un axe radicalement inverse puisque on souhaite interroger la façon dont ces pratiques entreprennent une critique des représentations. Le recours au format amateur, s’il est le plus souvent une nécessité économique, influe néanmoins sur les modalités de la représentation, élaborant une esthétique spécifique qui, à travers la texture de l’image mais également dans les agencements syntaxiques, interroge le cinéma lui-même. En effet, que cela soit dans les pratiques militantes (Groupe Medvedkine, Dziga Vertov, Carole Roussopoulos ...) ou dans le cinéma dit expérimental (Jonas Mekas, Joseph Morder, Boris Lehman...), on assiste à un ébranlement des rôles et des postures afférentes, puisque le cinéaste est tour à tour acteur, spectateur, mais aussi producteur. De plus, les regards qui sont portés sur le monde et qui sont livrés aux spectateurs tendent, par la posture amateur, à déjouer les hiérarchies, qu’elles soient sociales ou esthétiques.
Trois journées qui ont l’objectif de poser les bases théoriques d’une réflexion sur les enjeux actuels du cinéma amateur, en montrant comment ces pratiques proposent un autre paradigme dont les implications sont à la fois sociologiques, esthétiques et anthropologiques. A la suite du colloque, les textes devront être adressés dans leur version finale au plus tard le 30 octobre 2015 pour une publication souhaitée fin 2015.
Date limite pour le dépôt des propositions : 25 mars 2015
Les propositions (1000 signes maximum), accompagnées d’une brève bio-bibliographie de l’auteur, doivent être envoyées à Valérie Vignaux (valerie.vignaux@gmail.com) et Benoit Turquety (b.turquety@gmail.com).
Réponse aux auteurs : 15 avril 2015