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Appel à communication, colloque "Reprises et métamorphoses de l’actualité. Fabrication, légitimation, et représentations de l’information ", Lyon, 27-28 mars 2014
Date limite : 15 septembre 2013
L’information d’actualité est soumise à de puissantes évolutions depuis le développement de l’internet. Parmi les nombreux phénomènes soulignés par les analystes contemporains, se trouve la multiplication des reprises qui obtiennent désormais une visibilité et une résonnance dans l’espace public. Par la dissémination sur différents supports, les republications, citations, commentaires, polémiques, détournements ou plaisanteries sur les plateformes des réseaux sociaux numériques, ces échanges et appropriations semblent acquérir à leur tour le statut d’information. Néanmoins, il serait réducteur de considérer ces productions discursives comme de simples prolongements d’une actualité diffusée préalablement dans les médias de masse, laissant aux journalistes le premier rôle dans le paysage informationnel.
Ainsi, non seulement de plus en plus de journalistes cherchent la matière première de leurs sujets auprès des internautes (crowdsourcing), se trouvant ainsi en position de veille sur les réseaux sociaux, mais la recherche de l’effet suscité par leur publication et manifesté par le nombre des commentaires, des citations, par la viralité ou le buzz, intervient dans le travail d’écriture ou de traitement de l’information.
Si ces phénomènes ne sont pas tout à fait nouveaux (pas de journalisme sans informateurs, sources autorisées ou confidentielles, réseau de correspondants, recherche du scoop qui sera repris par tous et phénomènes de « circulation circulaire de l’information », etc.), la nouveauté se trouve peut-être dans l’effet de seuil de ces évolutions au point que la place des journalistes ne cesse d’être questionnée.
L’ambition de ce colloque est donc de rendre compte des déplacements, des ajustements, des redéfinitions, de la notion d’information d’actualité à travers laquelle se joue une grande partie de la définition professionnelle du journalisme. Les questions concernant la nature de l’information d’actualité et ses transformations en lien avec les dispositifs, les usages, les pratiques des professionnels et des amateurs, les flux et les relations plus ou moins distendues à l’événement se posent avec force et constituent autant de perspectives qui pourront être questionnées lors du colloque.
Mais la tâche s’avère d’autant plus difficile que l’information d’actualité devenue mobile, rapide, partagée, commentée, reprise, détournée, polymorphe ne se laisse pas saisir facilement.... L’impression de nouveauté radicale, la prolifération des données et des traces sur les médias numériques semblent devoir imposer au chercheur des démarches comparatives (paleo vs neo, papier vs écran) ou quantitatives dont les résultats peuvent être schématisés par des graphes interactifs. Comment inscrire la recherche (aussi) sur le long terme ? Doit-on désormais, pour s’inscrire dans les humanités numériques, écrire les programmes logiciels de nos recherches ?
Si la perspective du colloque comporte nécessairement une interrogation méthodologique forte, elle est susceptible de permettre des réflexions plus globales qui renversent la perspective première pour se demander de quoi l’offre d’informations d’actualité est-elle l’indice, la marque ou le matériau ? Quels grands traits « idéologiques » sous-tendent ses évolutions ? Ce type de questionnement ne devra pas être disjoint de l’étude de cas susceptibles de s’insérer dans l’un des trois grands axes qui structurent ce colloque.
1. Fabrication, circulation et reprises de l’actualité
Le premier axe porte sur les processus,c’est-à -dire la fabrication, la circulation et la transformation voire la métamorphose des nouvelles. Dans cette perspective, les propositions de communication pourront s’intéresser aux modalités de production, de circulation des informations d’actualité en prenant en compte la variété des matériaux, formes et formats et des manières d’informer. Où se situent les journalistes parmi l’ensemble des acteurs concernés par l’actualité et comment s’adaptent-ils aux différentes modalités d’existence des informations ? L’observation et l’analyse s’attacheront tout particulièrement aux évolutions de l’information dans une perspective diachronique.
2. Statut et légitimité des informations
Le second axe pose la question de la reconnaissance sociale de l’information d’actualité, en considérant la diversité des propositions actuelles. Alors qu’il est souvent question de désintermédiation, d’autopublication ou de publication autoritative, que devient la fonction éditoriale ? A qui revient la responsabilité de l’éditorialisation de l’information ? Les messages échangés sur Twitter par des journalistes sont-ils des informations ? Et comment qualifier les billets auto-publiés sur les blogs des citoyens concernés par l’actualité ? Est-ce que, comme cela a pu être affirmé parfois, sur le web « tout se vaut » du fait de la « dilution » des identités énonciatives ? Le label « journalisme » suffit-il à donner crédit et légitimité aux productions médiatiques ? Cet axe interroge les modalités de l’énonciation éditoriale ainsi que la nature de la reconnaissance ou de la légitimité de l’information, bref, la définition de la valeur, la newsworthyness.
3. Les représentations et discours de l’actualité
Le troisième axe regroupe les analyses qui s’intéressent aux représentations construites ou proposées par l’offre d’informations d’actualité. Il s’agit de questionner les types de contenus offerts et de réfléchir aux transformations du rôle et des enjeux relatifs à l’activité d’informer. En effet, si informer consiste à donner forme et sens à un fait ou un événement par un travail de mise en scène ou mise en récit, comment qualifier et définir les différentes reprises et transformations de l’information ? En effet, la circulation actuelle (reprises, etc. ) fait éclater le récit : le nÅ“ud de l’intrigue, qui tenait à la configuration du récit, est-il en train de basculer vers la réception, et la refiguration ? Quelles représentations de la société et du monde construisent l’offre actuelle et quel rôle joue le journaliste dans cette offre ? Quelles représentations de l’information et du métier d’informer se font jour ?
Les propositions peuvent s’inscrire dans des contextes nationaux ou géographiques particuliers et questionner les discours sur la mondialisation ou la standardisation de l’information d’actualité. Enfin, si des questionnements sont suscités par les évolutions contemporaines, les approches sur le temps long ne sauraient être exclues.
Les propositions devront faire apparaître un référencement théorique, une méthodologie de recherche, un matériau d’analyse.
Modalités de soumission : adresser à gis.journalisme@gmail.com
un résumé de 3000 à 5000 signes (espaces et ponctuations compris ; merci de ne porter
aucune indication permettant d’identifier l’auteur ou les auteurs)
1ère page comprenant l’identité, l’institution, l’adresse mail de l’auteur (ou des auteurs) ; ces
informations ne seront pas communiquées aux membres du comité scientifique chargés de porter un avis sur les propositions.
Les résumés et les communications peuvent être présentés en anglais, en espagnol, en français, en portugais.

Calendrier
soumission (résumé) de la proposition pour le 15 septembre 2013 - réponse du comité scientifique le 31 octobre 2013
communication rédigée attendue pour le 31 janvier 2014
Publication
A l’issue du colloque, il sera proposé à une revue scientifique de constituer un dossier à partir des meilleures contributions.
Comité scientifique
Rodney BENSON, New-York université (USA)
Nadège BROUSTAU, Université du Québec à Montréal (Canada)
Jean CHALABY, City university of London (GB)
Jean CHARRON, Université Laval (Québec, Canada)
Valérie CROISSANT, Université Lyon 2 (France)
Kênia Beatriz FERREIRA MAIA, Universidade Federal do Rio Grande do Norte (Brésil) - Isabelle HARE, Université de Poitiers (France)
Valérie JEANNE-PERRIER, Université Paris Sorbonne (France)
Florence LE CAM, Université libre de Bruxelles (Belgique)
Christine LETEINTURIER, Université Paris 2 (France)
Jean-Baptiste LEGAVRE, Université Paris 2 (France)
Claudia MELLADO, Universidad de Santiago (Chili) (sous réserve)
Fabio PEREIRA, Universidade de Brasilia (Brésil)
David PRITCHARD, Université du Wisconsin (Milwaukee, USA)
Jean-Michel RAMPON, Institut d’études politiques de Lyon (France)
Rémy RIEFFEL, Université Paris 2 (France)
Roselyne RINGOOT, Institut d’études politiques de Rennes (France)
Denis RUELLAN, Université de Rennes 1(France)
Philip SCHLESINGER, University of Glasgow (GB)
William SPANO, Université Lyon 2 (France)
Emmanuel SOUCHIER, Université Paris Sorbonne (France)
Jean-François TETU, Institut d’études politiques de Lyon (France)
Annelise TOUBOUL, Université Lyon 2 (France)
Adeline WRONA, Université Paris Sorbonne (France)