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Appel à communication, colloque "Formes et dynamiques des contestations et des soulèvements dans le monde arabe", Rabat, 24-25 avril 2013

Date limite : 10 mars 2013

L’actualité des soulèvements dans le monde arabe est saisissante pour leur caractère brusque et les interrogations qu’elles suscitent. Les sciences sociales, qui n’ont de cesse de réfléchir au pourquoi et au comment des mouvements sociaux, à la culture de l’émeute (B. Badie) et à la violence de masse dans le monde arabe (J. Waterbury), n’ont rien vu venir. Ce qui nous place devant le fait accompli de la dure réalité de la vie sociale, cette insondable énigme des temps modernes, nous éloignant du coup de ce à quoi servent les sciences sociales, la fameuse maxime d’Auguste Comte : « Savoir pour prévoir, prévoir pour pouvoir ».

Au cours des dix dernières années, le nombre des émeutes dans les sociétés arabes, n’a cessé d’accroître allant du local au global, aux revendications ponctuelles à une contestation franche et massive de la légitimité des gouvernants. Si pour certains, les émeutes servent plus la continuité que le changement, pour d’autres, ce sont plutôt les expressions d’un malaise sociétal profond qui finira par contester les légitimités des régimes politiques autoritaires.

En effet, bien que n’étant pas toutes médiatisées, les émeutes, toutes formes confondues, n’ont épargné aucun pays arabe. Néanmoins, leurs formes et dynamiques ont changé au fil du temps. Si dans certains cas, on parle d’une manifestation d’ordre social, dans d’autres la visée est plus profonde et radicale : on parle de révolution. Si pour certains, les sit-in devant les instances politiques et législatives de l’Etat sont le meilleur moyen pour exprimer sa peine, pour d’autres l’immolation est la réponse la plus adéquate à l’opacité des régimes. Des émeutes qui disparaissent aussitôt qu’elles apparaissent, résiduelles si l’on doit les qualifier, ou celles qui se prolongent, se durcissent et se radicalisent et dont il est, même à l’heure actuelle, difficile de prévoir les prolongements empiriques : c’est toute la question de ce concept flou d’émeutes qu’il convient de redéfinir ou au moins de typifier rationnellement.

Ces transformations quantitatives et qualitatives des émeutes dans le monde arabe requièrent une nouvelle réflexion voire une nouvelle pensée réflexive permettant aux chercheurs de replacer ce phénomène dans le cadre des transformations sociales que les sociétés arabes ont connues ces derniers temps, en alimentant la littérature scientifique sur la question par de nouvelles perspectives théoriques et méthodologiques.

Ainsi, les derniers événements que la Tunisie et l’Egypte et d’autres pays arabes ont connu un retentissement certain dans les rues arabes et ont bénéficié d’une médiatisation soutenue. Toutes choses qui replacent les émeutes au centre des débats scientifiques et académiques. Inscris dans une démarche compréhensive et comparative, les travaux du présent colloque tenteront de décrire, analyser et expliquer les formes et les mécanismes des émeutes dans les différents pays arabes tout en analysant dans quelle mesure les émeutes récentes intègrent les modèles classiques des émeutes et à quel point elles convergent avec une dynamique du changement social.

Plusieurs questions nous semblent donc importantes et auxquelles les participants sont appelés à apporter sinon des réponses du moins des éléments de réflexion. Ces questions s’inscrivent dans les axes suivants :

Discours et représentations sociales des contestataires

Que réclament les jeunes aujourd’hui ? Quelles sont les valeurs à forte mobilisation : démocratie, liberté, égalité, etc. ? Quels sont les symboles mis en avant par les contestataires ? Des figures nationales et nationalistes (Nasser, Bourguiba, Benbella, etc.) ou étrangères ? Formes et dynamiques des mobilisations contestataires

Comment les mouvements contestataires se sont déclenchés, quelles en sont les configurations, les formes et les principaux acteurs ? Comment les émeutiers construisent-ils leur mouvement ? Quelles formes de contestations prônent-ils ? Comment et dans quelle mesure les émeutes peuvent se transformer en une révolution sociale et politique ? S’agit-il d’un problème de démocratie, de libre expression, de gouvernance ou de condition sociale et du niveau de vie ? annoncent-elles une nouvelle forme de mobilisation socio-politique ? Du suicide au vandalisme passant par la démolition, les causes semblent tout légitimer. Les émeutiers sont prêts à tout tenter pour exprimer leur point de vue. Il est par ailleurs intéressant de décrypter la puissance des symboles les plus en vogue au cours des émeutes (immolation par le feu, la signalétique mobilisée sous forme de slogans…)

NTIC, Médias et mouvements contestataires

Quel rôle des nouvelles technologies dans la mobilisation des contestataires, notamment les réseaux sociaux sur internet ? Comment les jeunes contestataires expriment-ils leurs demandes à travers les médias ? Dans quelle stratégie ? Les émeutes se multiplient et mettent en avant des formes de contestation de plus en plus similaires. Effet de contagion ? S’agit-il d’une forme de mondialisation de la contestation et du refus et quel en est le rôle des médias ? Les réponses politiques et syndicales face aux soulèvements

Que font les politiques et les syndicats pour accompagner ces mouvements ? Quel encadrement politique et syndical ? Y a-t-il de nouvelles réponses politiques et syndicales face aux réclamations des émeutiers ? Peut-on faire la politique autrement ?

Genre et mouvements contestataires

Quelle place tient la femme dans les mouvements contestataires et quels types de contestations mettent-elles en œuvre ? Y a-t-il une division des tâches basée sur le genre ? Si oui, quel rôle attribue-t-on aux femmes dans les mouvements contestataires et les révolutions arabes ?
Modalités de soumission
Les propositions de communication (en arabe ou en français) ne dépassant pas deux pages sont à envoyer à : youssefsadik@yahoo.fr

Calendrier

10 mars 2013 : Dernier délai pour envoyer une proposition de communication selon les axes sus-mentionnés

15 avril 2013 : Dernier délai pour recevoir les communications retenues
24 et 25 avril 2013 : Colloque
26 mai 2013 : Dernier délai pour recevoir les communications sous format d’article dont les conditions de publication parviendront aux participants ultérieurement.

Comité scientifique
Aissa Kadri, Professeur à Paris VIII, Directeur de l’Institut Maghreb Europe
Abdessalam El Ouazzani, Doyen de la Faculté des Sciences de l’Education, Rabat
André Trembly, Sociologue, Université d’Ottawa
Youssef Courbage, Chercheur à l’INED, Paris
Sarah Ben Néfissa, Chercheur à l’Institut de Recherche pour le Développement, Paris
Youssef Sadik, Professeur de sociologie, Université Mohammed V-Souissi, Rabat et président de l’OTS, coordonateur du colloque
Dominique Martin, Professeur émérite de sociologie à l’Université Lyon II et président du Conseil scientifique de l’OTS
Abdellah EL Khiary, Sociologue, membre du conseil scientifique de l’OTS
Ahmed Ouzzi, Psychologue, membre du conseil scientifique de l’OTS

Comité d’organisation
Youssef SADIK, sociologue, président de l’OTS, coordonateur du colloque
Lamia RADI, politologue
Mohamed GOLFERNI, politologue
Brahim LABARI, sociologue
Habiba HAFSAOUI, sociologue
Abdellah CHAHI, chercheur à l’OTS

Citer cet article : https://www.histoiredesmedias.com/Appel-a-communication-colloque,4433.html

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