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Appel Colloque international "Les mutations de l’information et des médias locaux et régionaux : économie, contenus, usages et pratiques professionnelles", Toulouse, 20-21 octobre 2011.
Colloque organisé par le LERASS (EA 827) http://medias-locaux.info/
Les formes politiques de médiation de l’espace public local et régional se sont largement développées depuis les lois de décentralisation de 1983, mais d’autres lieux de médiation, bien plus anciens pour certains d’entre eux, jouent toujours un rôle de première importance. Ces lieux sont constitués par ce que l’on appelle les médias locaux et régionaux qui se déploient dans des aires de distribution et de diffusion bien délimitées. Ces médias sont des institutions sociales, économiques et politiques chargées de la sélection, de la mise en forme et de la transmission des informations et des débats locaux et régionaux.
Le paysage de l’information locale et régionale semble a priori marqué par une forte diversité d’acteurs. Décrochages régionaux et locaux de France 3, télévisions de villes et de pays, radios locales et décrochages locaux des radios nationales, groupes de presse régionaux et journaux départementaux ou locaux indépendants, généralistes ou spécialisés, informations venant des acteurs politiques, économiques, sociaux et institutionnels, d’associations ou de citoyens, sous diverses formes (bulletins, journaux…), sites web de tous ces intervenants mais aussi pure-players spécialisés dans l’information, tous participent à l’animation de l’espace public local et régional.
Parmi eux, les presses quotidiennes, régionale et locale ont toujours assuré des rôles et des fonctions particulières. Facteurs de construction identitaire des territoires géographiques sur lesquels elles interviennent,
elles sont aussi des presses de service, indispensables à l’organisation sociale des collectivités humaines. Localement, la PQR et la PQL font aussi partie intégrante de la scène politique et ont longtemps constitué le seul
support médiatique du débat public au niveau le plus proche des citoyens. Ainsi, les usages de la presse locale débordent largement la simple fonction d’information. Ils s’étendent à la mise en relation de la population avec les acteurs politiques, économiques et sociaux majeurs du territoire ainsi qu’à l’entretien du lien social.
Dans le même temps, cette presse s’est historiquement constituée autour de modèles organisationnels particuliers. Contrairement aux médias nationaux, le processus de collecte d’information de la presse locale et
régionale se fait à travers le maillage du territoire par un réseau très étendu de correspondants locaux, proches du terrain et souvent même engagés dans la vie politique, culturelle ou économique. Une telle configuration implique une organisation particulière au niveau de la fabrication du contenu et de la distribution des journaux couvrant la totalité du territoire concerné, et ce tout en s’adaptant aux particularités locales. Cette caractéristique est décisive non seulement pour les informations véhiculées par le média mais également pour ce qui est de la construction de l’objet journal d’un point de vue sémio-pragmatique. Ce modèle de sélection et de construction de l’information a ainsi structuré la définition même de l’information locale.
D’un point de vue économique, la construction progressive d’un quasi-monopole des groupes de la presse régionale sur leurs marchés respectifs a longtemps protégé lesdits groupes de l’érosion du lectorat tout en leur assurant l’essentiel des recettes en provenance de la publicité locale et des petites annonces. De même, ce sont les éditeurs de cette presse qui, en tentant de diversifier leurs activités, sont à l’origine d’un grand nombre des chaînes de télévision et des radios locales. L’ensemble de ces caractéristiques est le résultat de divers processus de cristallisation et d’évolution. Cependant, le contexte socioéconomique dans lequel évoluent les presses régionales et locales est en train de se modifier profondément : apparition de nouveaux concurrents, notamment gratuits, changement des habitudes de lecture, difficulté de renouvellement du lectorat, faiblesse du
marché publicitaire, mouvement de rachat de titres et concentration accrue, partage du territoire français en quelques grands groupes monopolistiques sur leur aire d’influence, multiplication des canaux d’information. La diversification de la presse sur l’internet se fait donc dans un environnement pour le moins complexe.
Aujourd’hui, le passage de la presse régionale et locale mais aussi de tous les autres intervenants de la production et de la diffusion des informations locales et régionales à une activité en ligne pose donc la question de l’évolution et de la perpétuation des fonctions et usages de l’information territorialisée. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons interroger la situation de tous les acteurs de l’information intervenants à un niveau
infra-national, en termes organisationnels, techniques, éditoriaux et économiques. En outre, l’ensemble des évolutions concernant la médiation de l’espace public local entraîne du point de vue des lecteurs, une possible
transformation des usages et du rapport à l’information locale.
Ce colloque propose donc d’interroger la configuration de l’espace public régional et local à l’aune des bouleversements du système médiatique et des réseaux de transmission de l’information du point de vue des sciences de l’information et de la communication mais en s’enrichissant des questionnements et des apports venus de l’économie, de l’histoire, de la science politique ou de la sociologie des usages et des pratiques professionnelles.
Les Actes du colloque donneront lieu à une publication. Une sélection d’articles sera publiée dans un numéro spécial de la revue à comité de lecture Sciences de la société en 2012.
Les communications proposées pourront aborder plusieurs questions de recherche :
Le rôle des médias dans la construction des territoires. Quel type de médiation aux territoires les différents médias locaux et régionaux proposent-ils ? Comment participent-ils à la construction symbolique des territoires sur lesquels ils interviennent ? Quels rôles jouent-ils et selon quelles modalités dans les structurations identitaires proposées par les autres acteurs territoriaux, singulièrement les collectivités ?
Le journalisme local et la transformation des pratiques professionnelles . Comment ont évolué les caractéristiques socio-professionnelles et géographiques des journalistes et des correspondants locaux ? Comment le mouvement de rationalisation à l’oeuvre dans les médias locaux a-t-il affecté le travail sur le terrain ? Quelles sont les nouvelles pratiques journalistiques qui se développent au sein des cellules web ? Quel est désormais le poids du marketing dans le choix des sujets ? Comment sont organisées en interne les rédactions numériques ? Quelles sont les relations et les articulations qu’elles établissent avec les rédactions papier ? Le travail si particulier des localiers est-il en train d’évoluer ? La question de la proximité, fondamentale pour la PQR, a-t-elle évolué avec les sites internet d’informations locales et régionales ?
Les rapports avec les acteurs institutionnels. La croissance des services de communication de tous les acteurs institutionnels intervenant sur un territoire entraîne-t-elle une modification du fonctionnement de la sélection et de la fabrication de l’information locale et régionale ? Quelles sont les différences et les similarités entre le rôle joué par les institutions publiques et privées telles que les collectivités territoriales ou certaines associations et celui des médias locaux et régionaux ? Peut-on parler d’une cogestion de l’information locale entre les acteurs institutionnels et les médias dans ses dimensions sociales, politiques et économiques ? Quelles formes prennent les partenariats développés entre les médias et les acteurs institutionnels, en particulier les collectivités territoriales ?
Les changement s des modèles d’affaires, le mouvement de concentration et l’émergence des nouveaux supports. Quelles sont les stratégies numériques qui sont mises en oeuvre par les médias locaux ? Quels sont les choix opérés en matière de revenus ? Comment répondent-ils à la concurrence accrue dans des secteurs traditionnellement porteurs comme la publicité locale et les petites annonces ? Quelles sont les performances économiques de leurs sites internet ? Que signifie le mouvement de concentration qui s’accélère depuis une dizaine d’années ?
L’évolution du contenu des médias locaux d’un point de vue sémio-pragmatique. Quelles sont les formes nouvelles que revêt l’information locale ? Quelle est l’importance du multimédia dans le traitement de l’actualité locale sur le web ? Comment évolue le langage des médias locaux ? Quels formats pour la télévision et la radio locales ? D’où proviennent les discours dominants véhiculés par les médias locaux ?
Les publics et les usages des médias locaux. Le vieillissement du lectorat de la presse locale et l’apparition d’une concurrence sur le web ont-ils modifié l’étendue du public touché par les journaux locaux ? Comment s’intègre la consommation de la presse gratuite dans le paysage local ? Quelles sont les particularités du public des télévisions et des radios locales ?
Les médias locaux en Europe et ailleurs. Quelles sont les particularités et les problématiques propres aux médias locaux en Europe et ailleurs ? Quel lien avec l’histoire, la culture et l’économie des pays ? Les problématiques de concentration et de convergence se rencontrent-elle à l’échelle européenne et internationale ? Assiste-t’on à la naissance de groupes se spécialisant dans l’information locale et régionale ? Comment le passage au numérique se négocie-t-il, avec quelles conséquences ?
Proposition à envoyer avant le vendredi 13 mai à minuit.
Vous serez averti de la décision du comité scientifique le 17 juin.
Contact :
medias.locaux@gmail.com
Responsables : Franck Bousquet et Nikos Smyrnaios
Comité scientifique de la manifestation :
Delia Balaban, Professeur associé, CRC, Université de Cluj
Robert Boure, Professeur, LERASS, Toulouse 3
Franck Bousquet, Maître de conférences, LERASS, Toulouse 3
Stefan Bratosin, Professeur, LERASS,Toulouse 3
Béatrice Damian-Gaillard, Maître de conférences, CRAPE, Rennes 1
Marc Lits, Professeur, Université catholique de Louvain
Isabelle Pailliart, Professeur, GRESEC, Université Grenoble 3
Sheila Perry, Maître de conférences, University of Nottingham
Franck Rebillard, Professeur, CIM, Université Paris 3
Denis Ruellan, Professeur, CRAPE, Université Rennes 1
Vladimir de Semir, Professeur associé, IDEC, Université Pompeu Fabra, Barcelone
Nikos Smyrnaios, Maître de conférences, LERASS, Toulouse 3
Ioanna Vovou, Maître de conférences, CEISME, Université Paris 3 - Université Panteion d’Athènes
Stéphanie Wojcik, Maître de conférences, UPEC, Université Paris 12
Comité d’organisation :
Emmannuel Marty, Université Paris 3
Muriel Gil, Université Toulouse 2
Rebecca Siry, Université Toulouse 2
Jean-Thierry Julia, Université Toulouse 3
Dominique Bertelli, Université Toulouse 3
Marianne Poulanges, Université Toulouse 3