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AAC revue Via@ "Représentations du tourisme dans le cinéma de fiction"

Date limite : 28 avril 2018

Les liens entre le tourisme et le cinéma ont récemment donné lieu à plusieurs explorations systématiques. D’un côté, on a montré comment le cinéma – et en particulier le cinéma des premiers temps – jouait sur l’attraction des voyages virtuels, au point que l’expérience filmique peut être rapportée à une expériencetouristique (Gunning, 1995). De l’autre, on a analysé comment le cinéma avait influencé ou déterminé certaines pratiques touristiques (film inducedtourism, Beeton, 2005), que ce soit en promouvant des destinations ou en instituant les lieux de tournages en attractions touristiques (Vicky, Christina, Barcelone, W. Allen, 2008).
Ce numéro de Via@ propose d’explorer une troisième piste, en examinant comment le cinéma de fiction met et a mis en scène les acteurs, les pratiques et les lieux touristiques. De EuropeanRest Cure (Edwin S. Porter 1904) et Le coffret de Tolède (L. Feuillade, 1914) à la trilogie des Camping (F. Onteniente 2006, 2010, 2016) ou Minuit à Paris (W. Allen 2012) en passant par Vacances romaines (W. Wyler, 1953), Vacances à Venise (D. Lean 1955) et les Vacances de Monsieur Hulot (J. Tati 1953), nombreux sont les films qui font du tourisme et des touristes leur motif principal, encore plus nombreux ceux où ils apparaissent comme un motif secondaire. Beaucoup sont des comédies (National Lampoon’s Vacation, H. Ramis, 1983 ; Ferie d’agosto, P. Virzì, 1995), mais on trouve aussi du tourisme dans le drame (Soleit et ombre, J. Roques, J. Lasseyne, 1922 ; Lost in Translation, S. Coppola, 2003), la science-fiction (Passengers, M. Tyldum, 2016), voire le cinéma pornographique (EinlasterhafterSommer, G. Loubeau, 1982).
Un premier enjeu est d’examiner quels touristes, quelles pratiques, quelles destinations touristiques le cinéma – selon l’époque, le lieu ou le genre – choisit de montrer. Il s’agit d’identifier et de caractériser certains motifs touristiques récurrents ou non, probablement stéréotypés, présents dans le cinéma et qui peut-être lui sont propres, d’examiner d’où ils viennent et comment ils évoluent.
Une fois ces motifs identifiés, un deuxième enjeu réside dans leur analyse filmique. Comment tels touristes, telles pratiques ou tels lieux touristiques sont-ils mis-en scène dans tels films, et pourquoi ? Quels sont leurs rôles dans la dramaturgie ? En quoi constituent-ils des ressources cinématographiques, et pour faire quoi ? Quelles sont les visions du tourisme que nous propose le cinéma ? Le mot vision est-il d’ailleurs le bon ?
Un troisième enjeu consiste ensuite à demander dans quelle mesure et de quelle façon les films qui montrent des touristes ont ou ont eu des conséquences sur les acteurs, les pratiques et les lieux touristiques eux-mêmes. Qu’est-ce que Camping a changé au camping, les Bronzés (P. Leconte, 1978) au bronzage, Manolo la nuit (M. Ozores, 1973) aux night-clubs de la Costa del Sol ou EatPray Love (R. Murphy, 2010) aux repas, prières et amours des touristes pendant leurs vacances ? Quels sont les acteurs, les lieux ou les pratiques que ces films ont pu transformer , à partir du rôle du touriste « made in Hollywood » que Rodanthi Tzanelli (2007) a perçu ? Dans quelle mesure les films figurant des motifs touristiques ont changé les représentations qu’on se fait des touristes, des pratiques ou des lieux touristiques, voire les jugements à leur propos et les attitudes à leur égard, que l’on reproduit pendant ses voyages (Monsieur Morimoto, N. Sornaga, 2008 ; Minuit à Paris, W. Allen, 2011) ? Ces questions invitent à compléter l’analyse des films par celle de leur réception et de leurs éventuels effets sur leurs audiences, transformées en touristes-interprètes, protagonistes pendant leur visite.
L’objectif de ce numéro n’est pas de nous faire mieux connaître le cinéma, mais bien de nous faire mieux comprendre le tourisme. Mais que nous apprend donc sur le tourisme sa mise en scène dans lecinéma ? Dans l’espoir de quelle plus-value ? L’examen de ces œuvres de fiction peut-il révéler à propos du tourisme des éléments que l’observation des « vrais » lieux, acteurs et pratiques touristiques laisserait dans l’ombre ? Il y a là un dernier enjeu, d’ordre méthodologique et épistémologique.
Pour répondre à ces questions, qu’il est bien sûr possible voire souhaitable de croiser, toutes les disciplines sont évidemment bienvenues, et tous les films, de toutes les époques et de tous les pays, se prêtent à l’exercice. On évitera toutefois les approches trop monographiques et privilégiera l’analyse de corpus cinématographiques plutôt que celle d’une œuvre isolée.

Modalités de soumission
Les propositions devront être adressées par courrier électronique

avant le 28 avril 2018

aux adresses : redaction@viatourismreview.com ; maria.gravari-barbas@univ-paris1.fr

Voir le document « Recommandations aux auteurs » : https://viatourism.revues.org/1164.

Citer cet article : https://www.histoiredesmedias.com/AAC-revue-Via-Representations-du.html

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