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AAC revue Télévision "Le Spectateur numérique"
Date limite : 10 juillet 2019
Appel à propositions d’article pour le numéro 11 (à paraître en avril 2020)
Dossier coordonné par Matteo Treleani et François Jost
Parler de téléspectateur à l’heure des récits interactifs et immersifs ou du transmédia a-t-il encore un sens ? Souvent décrit comme un être passif vissé à son canapé, le spectateur serait aujourd’hui *actif*, opérant des choix entre différentes pratiques de visionnage, entre les chaînes de télévision et les plateformes, et *mobile* grâce aux dispositifs portables (Barthes et Chambat-Houillon, 2019). Dans quelle mesure cette perméabilité des situations de visionnage et des environnements médiatiques transforment-elles la notion ancienne de téléspectateur ?
Ce numéro de Télévision souhaite aborder cette problématique par différents angles :
• Impact des modalités de distribution, de production, de visionnage des industries numériques sur la réappropriation des contenus. Que change le fait de voir un contenu sur une plate-forme ou à la télévision ? Par exemple, une série est-elle la même quelle que soit la nature du diffuseur ? Que change le replay au visionnage linéaire ? Le binge watching ?
• Diffusion numérique et réutilisation : le spectateur est-il un spectacteur ? Comment analyser les formes créatives basées sur la reprise de matériaux préexistants : mash-up, remix, etc. ? Comment tracer la frontière entre spectateur, acteur et auteur ? Que devient le spectateur dans des environnements numériques délinéarisés, interactifs ou immersifs quand il doit aussi assumer un rôle d’usager ou de joueur (voir le film interactif Bandersnatch, les vidéos 360, le cinéma immersif, etc.) ? Plus généralement les questions liées à l’appropriation spectatorielle et à son influence sur les modalités de construction du sens pourront être abordées.
• Nouvelles croyances ? Comment les modalités de la croyance changent-elles avec la circulation des contenus ? Les récits conçus pour les contextes télévisuels immersifs ou interactifs redéfinissent-ils les notions d’énonciation ? (Basso-Fossali et al. 2019). Les genres, l’un des éléments traditionnellement entendus comme une médiation interprétative entre récit et spectateur, sont-ils touchés par ces multiples modalités de visionnage ?
• Programmation et recommandation : les plateformes semblent faire disparaître l’articulation programmée entre le temps de la diffusion et le temps de la réception. Est-ce à dire que l’usager est totalement libre ou faut-il voir le jeu des algorithmes sur ses choix – aussi bien son « historique » que les recommandations – comme une autre programmation ? L’idée de « rendez-vous » a-t-elle complètement disparu ? L’enchaînement des programmes sur YouTube n’est-elle pas une nouvelle programmation ? Si les modalités spectatorielles manifestent une soumission moindre du spectateur aux temporalités imposées par les industries médiatiques – la structuration de la journée ne serait plus dictée par la programmation télévisuelle – on constate cependant une omniprésence des produits culturels dans le temps quotidien des spectateurs : ces derniers en font usage partout et tout le temps.
• Persistance de la télévision dans le numérique : Malgré les nouveautés énumérées ci-dessus, la télévision reste l’écran le plus regardé. Et même des éléments considérés définitoires pour ce médium, comme par exemple les émissions en direct, apparemment peu exploitées par les plateformes numériques, semblent revenir d’actualité sous des nouvelles formes (le Facebook Live ou le YouTube Live). Alors que les contextes pré-numériques sont refaçonnées par les nouveaux formats, des pratiques traditionnelles semblent également réactualisées dans les environnements numériques (Jost, 2019). Pratiques, logiques et formes traditionnelles cohabitent avec des nouvelles tendances liées à la culture numérique. Faut-il envisager ces migrations comme des remédiations (Bolter, J-D. & Grusin 1999), des figures de l’intermédialité et/ou des « relocalisation » (Casetti, 2015) ?
L’analyse de ces dimensions peut inclure des méthodes de recherche interdisciplinaires : sémiologiques, esthétiques, ethnographiques, socio-économiques et aussi des méthodes quantitatives issues des humanités numériques. Ces questions impliquent également une mise à jour des théories critiques.
*Calendrier prévisionnel :*
10 juillet 2019 : date-limite de l’envoi des propositions d’articles (2000 signes maximum espaces compris)
à partir de fin juillet 2019 : notification aux auteurs.
15 octobre 2019 : réception des articles (de 35 000 à 45 000 signes espaces compris) avec résumé et biographie de l’auteur.
15 novembre 2019 : retour aux auteurs des évaluations en double aveugle.
Ier janvier 2020 : réception de la version définitive des articles après correction.
publication prévue début avril 2020
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