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AAC colloque "Presse et littérature africaine(s)"
Date limite : 1er décembre 2017
Ce colloque invite à réfléchir sur les relations réciproques entre la presse et la littérature africaine(s) au XXe et au XXIe siècles. Depuis les bulletins coloniaux jusqu’aux revues en ligne en passant par les magazines illustrés et les grands quotidiens créés après les indépendances, le périodique a constitué, pour les écrivains issus d’Afrique, un support de publication décisif. Les travaux d’histoires littéraire, sociale et culturelle ont mis ces dernières décennies en avant les multiples formes de croisements entre presse et littérature : sur le continent africain, ils se sont cependant plus timidement étendus aux contextes francophones, en dépit de quelques études pionnières (Ricard, 1987 ; Lüsebrink 2003 ; Thérenty 2014 ; Jaji, 2014 ; Bosch-Santana, 2014 ; Peterson, Hunter et Newell, 2016). C’est dès la fin du xixe siècle que la presse publiée en Afrique a offert des lieux d’expression aux écrivain·e·s, importants en quantité, et souvent cruciaux au niveau de leur contenu et de leur réception, comme l’a notamment montré Hans-Jürgen Lüsebrink dans un ouvrage invitant à reconsidérer l’histoire littéraire africaine traditionnelle, en élargissant le corpus canonique de langue française. Stephanie Newell a théorisé ailleurs la souplesse et la créativité du travail des auteur·e·s et de leurs publics dans la presse produite en Afrique occidentale britannique entre 1880 et 1940. Au-delà de la période coloniale, quelles continuités et quelles discontinuités touchent la presse africaine jusqu’à aujourd’hui ?
Plus encore qu’à la présence des auteur·e·s africain·e·s dans une presse européenne généraliste, une attention particulière sera portée à leurs prises de parole dans des parutions affichant leur rattachement à l’Afrique, qu’elles soient produites sur le continent, qu’elles soient destinées à un public national, africain ou encore diasporique. Si les revues intellectuelles, sur le modèle de Présence africaine ou de Black Orpheus, ou le magazine Drum en Afrique du Sud, ont été bien étudiés désormais (Mudimbe, 1997 ; Helgesson, 2007 ; Frioux-Salgas, 2009 ; Arndt, 2016), les journaux (comme Dakar-matin, devenu Le Soleil) et les magazines, parfois de grande diffusion, à l’image de Bingo : l’illustré africain, Awa : la revue de la femme noire, Jeune Afrique, ou, en langue anglaise African Parade et Joe, ont en effet été beaucoup moins abordés sous l’angle de leurs interactions avec la production littéraire qui leur est contemporaine. Ce sont pourtant des espaces où se mettent en place des sociabilités, des débats, et des dynamiques d’hybridation avec la littérature, qu’elle soit écrite ou orale (Frère 1999).
Comment ces périodiques, inscrits dans un espace public politisé, ont-ils aussi nourri la production littéraire africaine, à travers des références et des débats intellectuels propres, la place du divertissement, de certaines rubriques et de formes littéraires courtes (poésie, conte, nouvelle, feuilleton), ou les interventions d’écrivain·e·s journalistes ou pigistes ? Quels sont les espaces géographiques de référence de ces parutions, quant à leurs zones nationales de distribution, quant à la localisation de leurs publics, quant à leurs choix linguistiques, mais aussi quant à la place qu’elles réservent à un imaginaire cosmopolite ? En quoi le caractère éphémère et, souvent, transnational, de cette presse africaine modifie-t-il l’inscription de la littérature dans l’espace et dans le temps ? En d’autres termes, dans quelle mesure la prise en compte de la presse africaine permet-elle de penser un autre type de mondialisation des littératures que celle que produit un marché éditorial dominé par l’hémisphère nord ?
Les propositions s’appuieront de préférence sur un matériau empirique : un périodique ou un moment précis, des figures d’auteurs journalistes ou pigistes dont il s’agira de caractériser l’écriture dans la presse, ou ce que lui doit l’œuvre développée ailleurs, l’attention à tel ou tel texte littéraire présent dans ces parutions, en français, en anglais, et/ou dans des langues africaines. Elles pourront mettre l’accent sur des aspects méthodologiques : comment étudier, en effet, ce corpus extrêmement abondant (archives, numérisations, bases de données, analyses textuelles, contextualisation historique et sociale) ? Les communications pourront ainsi s’articuler autour des sujets suivants :
circulation de modèles, de rubriques et de textes (y compris d’une langue à l’autre, à l’échelle diasporique et transatlantique) ; dynamiques de sociabilités, d’échanges et de réseaux entre écrivains, journalistes, financeurs, éditeurs ; rôle de la presse dans la promotion, la circulation, l’institutionnalisation, la forme de la littérature africaine ; trajectoires sociales et présences d’écrivain·e·s africain·e·s dans la presse : entretiens, portraits, critiques littéraires, journalistes. Modalités de soumission Merci d’envoyer vos propositions (300 mots), avec un titre et une courte biographie (50 mots maximum) à colloquepresseafricaine@gmail.com
d’ici le 1er décembre 2017
La langue principale du colloque sera le français.
Nous envisageons la publication d’un numéro de revue à la suite de ces rencontres.
Ce colloque, qui aura lieu les lundi 19 et mardi 20 mars 2018, en ouverture de la deuxième Semaine de la Francophonie de l’Université Paul Valéry, est organisé par Ruth Bush (Université de Bristol) et Claire Ducournau (Université Paul Valéry Montpellier 3 – RIRRA21), dans le cadre du projet “‘Popular’ print and reading cultures in francophone Africa”/“L’imprimé ‘populaire’ et les modes de lecture en Afrique francophone”, financé par le Arts and Humanities Research Council (Royaume-Uni). Ce projet relève d’un partenariat entre l’Université de Bristol, l’Université Paul Valéry Montpellier 3, l’Institut Fondamental d’Afrique Noire-Cheikh Anta Diop, les Archives Nationales du Sénégal et le Musée de la Femme Henriette Bathily.