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AAC Revue « Double jeu », n°15, L’acteur amateur au théâtre et au cinéma
Date limite : 30 septembre 2017
Les pratiques amateurs au théâtre et au cinéma ont fait l’objet d’ouvrages et événements scientifiques permettant de penser différemment l’histoire de leur art. Dans le domaine des études théâtrales, le monde amateur a été, principalement par Marie-Madeleine Mervant-Roux[1], historiographié et réfléchi dans sa spécificité. La place de l’amateur au sein des études cinématographiques a fait l’objet de publications portant entre autres sur les films de famille, les films militants ou expérimentaux[2]. Forts de ces héritages scientifique et méthodologique, nous aimerions approfondir les recherches sur ces pratiques en proposant, grâce à Double Jeu, un espace de réflexion croisée sur le théâtre et le cinéma. Pour contrebalancer l’ouverture déjà existante sur le monde amateur, nous concentrerons le travail sur la question spécifique de l’acteur qui reste la moins abordée en ce qui concerne ces pratiques, peut-être du fait de « l’absence de statut de comédien amateur en tant que tel, l’absence pour celui qui joue d’une rupture franche avec la société, l’absence d’une inscription franche dans la sphère esthétique »[3]. Ce numéro s’intéressera donc à l’acteur qui pratique en amateur, c’est-à-dire sans maîtriser et avec plaisir, voire avec amour, et « sans penser à conséquence, sans volonté de faire oeuvre ou de se faire connaître ».
Les textes pourront prendre la forme d’études de cas prolongeant, actualisant, mettant en perspective, les études déjà menées sur le monde amateur, analysant les différences de statuts, institutionnelles ou culturelles de l’acteur amateur au théâtre et au cinéma. Il sera possible de se nourrir ou de mettre à l’épreuve les réflexions posées dans l’un ou l’autre domaine : à quel point les réflexions sur l’acteur amateur au sein d’un cinéma documentaire[5], sur cet « acteur de passage » dont parle Jean-Louis Comolli[6], peuvent-elles s’avérer fécondes pour réfléchir à l’acteur amateur dans le théâtre documentaire par exemple ? Dans le prolongement des travaux de Jean-Marc Leveratto[7], les rôles récurrents chez les acteurs amateurs seront également susceptibles d’être analysés. Le rapport de l’acteur au personnage pourra faire l’objet d’études comparatives : peut-on trouver dans le domaine cinématographique un écho à l’interrogation de Jean Caune se demandant si « la particularité du théâtre des amateurs ne réside (…) pas dans l’émancipation vis-à-vis de la vérité du personnage, de son enfermement dans une mimêsis, ou dans un "comme si c’était vrai" ? »[8] ? Enfin, le mode ludique, souvent présent à l’étape du filmage "en amateur", se retrouve-t-il dans le jeu de ces acteurs ? L’amateur, au théâtre comme au cinéma, ne rappelle-t-il pas cette dimension divertissante et plaisante du jeu et avec lui la manière dont jouer participe de la construction de soi[9] ?
Les réflexions pourront également se tourner vers l’acteur amateur au sein d’un dispositif professionnel, soit dans les spectacles et les films, soit dans leur préparation : ainsi, les textes pourront s’intéresser aux relations que l’auteur dramatique, le metteur en scène, les comédiens professionnels entretiennent avec l’amateur, que cette rencontre soit isolée ou régulière. La relation du spectateur (public, critique) avec la présence d’amateurs pourra également être interrogée à la fois dans les attentes qu’elle suscite et les réactions qu’elle produit. Quel projet particulier ou quelle idée absolue (politique, esthétique, idéologique, éthique) du théâtre et du cinéma se dessinent dans ce choix de travailler avec des amateurs, de confronter l’amateur avec le professionnel ? Des méthode(s) de travail sont-elles privilégiées avec les amateurs : jusqu’à quel point l’association de l’improvisation et de l’amateur est-elle pertinente ? En termes de jeu plus précisément, on pourra se demander ce que les corps des acteurs amateurs, leurs voix, leur diction proposent de spécifique et à quel point leur gestuelle relève d’un naturel, de codifications ou d’une forme hybride à identifier. Ainsi, la question d’une spécificité esthétique de l’acteur amateur et, avec lui, des œuvres dans lesquelles il joue pourra être examinée.
Modalités pratiques d’envoi des propositions Les propositions d’articles de 1500 signes maximum sont à envoyer
avant le 30 septembre
à helene.valmary@unicaen.fr. Un retour sur les propositions sera fait d’ici le 15 octobre. Les textes seront à rendre pour le 15 mars 2018.