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AAC Journée d’études "Le « nous  » en images : approches critiques des pratiques photographiques et de la sociabilité"
Date limite : 15 janvier 2018
Injonctions à la production et au partage d’images au sein de plateformes socio-numériques, modélisations et mises en avant de la photographie dans des dispositifs sociotechniques tels que le téléphone mobile, visibilité croissante du rôle de l’image dans les interactions sociales : les pratiques visuelles paraissent envahir notre quotidien, le réarchitecturer et agencer de nouvelles figures et formes de sociabilité.
Le lien entre photographie et sociabilité ne s’inaugure pourtant pas avec l’avènement des TIC. Il semblerait plutôt que la sociabilité soit imbriquée dans l’essence même de certaines pratiques de l’image. Pierre Bourdieu a bien établi l’usage de la photographie comme une sorte de ciment familial, qui renforce « l’intégration du groupe familial en réaffirmant le sentiment qu’il a de lui-même et de son unité » (Bourdieu, 1965 : 39). Il semblerait donc qu’à l’heure actuelle nous assistions à de nouvelles manières d’interagir à propos et avec des photos, qui ne se substituent pas aux pratiques antérieures, bien qu’elles déploient de nouveaux territoires (Beuscart et al, 2009 : 93-94) et fassent émerger de nouveaux enjeux.
Le but de cette journée d’étude est d’interroger les relations entre les pratiques photographiques, les représentations qu’elles engendrent et les formes de sociabilité dans lesquelles elles sont prises ou dont elles sont le support. Les « pratiques » sont ici entendues comme une façon cohérente d’effectuer une action et de déployer certains objets, connaissances, gestes corporels et émotions (Rose, 2012 : 549) ; les « représentations » saisies non comme simple reflet de la réalité, mais travail signifiant participant de la construction de la réalité (Hall, 2007 : 91) ; les « sociabilités » en tant que dynamiques d’animation du lien social (Rivière, 2004 : 223).
Si des travaux de recherche ont déjà abondamment interrogé les relations entre pratiques et représentations photographiques (Beuscart, Cardon, Pissard, Prieur, 2009 ; Gunthert, 2014 ; Allard, 2014), il n’en est pas de même pour la photographie et la sociabilité. Nous avons préféré la notion de sociabilité à celle de « photographie conversationnelle » (Gunthert, 2014) car elle nous semble particulièrement utile au projet d’une approche critique des pratiques et représentations photographiques contemporaines, et cela pour deux raisons.
Si la conversation en tant qu’échange oral structuré par le tour de parole est considérée comme un fondement de la sociabilité (Gunthert, 2014 : § 22), elle n’en est pourtant pas le seul élément. Il existe en effet différentes pratiques avec et autour des images qui ne peuvent pas être caractérisées comme conversations et qui constituent pourtant des modes de sociabilité.
Nous considérons la notion de sociabilité comme plus adaptée pour son imbrication avec des normes, des discours et des rapports sociaux. Il nous semblerait donc qu’en interrogeant les pratiques photographiques et la sociabilité nous pouvons « réfléchir aux rapports de pouvoir qui produisent, sont articulés, et peuvent être contestés à travers des manières de regarder et faire des images » (Rose, 2012 : xix).
Cette journée d’étude est articulée autour de trois axes de réflexion :
1. Cartographier les pratiques : répertoires, références, sociabilités
Cet axe a pour but de situer, délimiter et interroger les sociabilités médiées par l’image à partir des questionnements suivants :
Au delà des discours dominants qui prônent une révolution totale de l’image avec l’explosion des TIC, quelle place accorder aux continuités temporelles et esthétiques des répertoires de pratiques photographiques ?
Comment caractériser les ajustements de pratiques photographiques qui viennent s’opérer en fonction d’éléments contextuels et de sociabilité pris en compte par le sujet ?
Quels gestes, objets/sujets représentés, références visuelles sont convoqués dans différentes situations de sociabilité médiées par l’image ? Quels processus d’appropriation de ces références et quelles tactiques d’hybridation sont déployées et mises en œuvre ?
2. Repérer les injonctions, les modélisations et les résistances
Cet axe a pour objectif d’interroger l’influence des contraintes modelées par des déterminants économiques, politiques, sociaux et techniques sur les pratiques, représentations et sociabilités à partir des questions suivantes :
Dans quelle mesure les pratiques photographiques sont-elles parties prenantes des stratégies propres au « web affectif » et à la modélisation des émotions (Alloing, Pierre, 2015) ?
Quel est le rôle des dispositifs sociotechniques dans les déterminations de l’image ?
Quels sont les détournements possibles et les résistances des pratiquant.e.s face à ces injonctions multimodales ?
Comment et dans quelle mesure les pratiques photographiques peuvent contribuer à des sociabilités qui seront orientées vers des pratiques émancipatrices ou vers des résistances ?
3. Les discours sur la photographie et sur la sociabilité
Cet axe a pour but d’explorer les discours construits par les acteurs économiques, médiatiques, politiques, scientifiques, ainsi que par les usagers/ères sur les dispositifs, les pratiques photographiques et la sociabilité. Il sera aiguillé par les questionnements suivants :
Quels systèmes de valeurs, idéologies et philosophies d’action sont véhiculés par ces discours autour de la sociabilité liée aux pratiques photographiques ?
Comment circulent ces discours et sous quelles conditions ? Quelles stratégies discursives sont mises en œuvre pour orienter les pratiques photographiques et stimuler le désir d’expression ?
Quelles sont les représentations dominantes au sein de la communauté scientifique autour des pratiques photographiques ? Comment envisager un cadre critique d’analyse permettant de rendre compte des enjeux épistémologiques, méthodologiques et éthiques inhérents à la constitution de la relation entre pratiques photographiques et sociabilité en objet de recherche ?
Modalités de participation
Les propositions de communications (3500 signes maximum espaces compris, bibliographie indicative non incluse, au format PDF) devront être envoyées en anglais ou en français, avec l’indication du nom, prénom et appartenance institutionnelle à l’adresse mail photoetsociabilites@gmail.com
Les trois axes de réflexion proposés sont des supports à partir desquels orienter les propositions de communication, mais ils ne doivent pas être entendus ou compris comme des cadres rigides : nous encourageons d’ailleurs la mise en tension de tout ou partie des axes dans les propositions de communication.
Calendrier
20 novembre 2017 : Publication de l’appel à communications
15 janvier 2018 : Date limite pour l’envoi de propositions de communication
5 février 2018 : Résultats de la sélection de communications
3 mai 2018 : Date de la journée d’études