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AAC Journée d’étude "« Non-public(s) » « Non-audience(s) » Identités voulues ou subies ? Du XIXe siècle à demain", 17 mai 2017
Date limite : 17 février 2017
A l’heure où les publics sont mesurés, identifiés, catégorisés, analysés pour mieux développer les offres répondant à leurs besoins ou créer des besoins répondant à des offres, cette journée d’études propose de s’intéresser à la notion contestée de « non-public(s) ». Introduit pour la première fois lors de la déclaration de Villeurbanne, écrite par Francis Jeanson en mai 1968, ce terme fait référence aux populations ne participant pas aux offres culturelles publiques ou officielles, étant occupées à d’autres types d’activités privées ou domestiques. Comme l’explique Frédéric Gimello-Mesplomb, « la ligne de partage entre ‘public’ et ‘non-public’ repose souvent sur un indicateur unique : le fait d’avoir participé ou non à une activité (aller au théâtre, aller au cinéma, lire un livre, écouter de la musique...) ».[1] L’enjeu derrière l’émergence de la notion de « non-public(s) » est de critiquer le déficit culturel de la France reposant trop sur une culture d’élite, au détriment d’un accès à la « culture pour chacun », où le pouvoir créateur du citoyen est prit en compte. Questionner la notion de « non-public(s) » a pour intérêt d’ouvrir une réflexion sur l’origine, le contenu et les moyens de mise en œuvre des activités non institutionnalisées et non officielles des individus, ainsi que leurs impacts sur l’évolution de nos sociétés.
Afin de répondre à cette problématique, cette journée d’études vise à tester la notion de « non-public(s) » dans une perspective internationale, pluridisciplinaire et historique. Bien qu’assez tardive, il nous intéresse de faire remonter l’étude de cette notion au début du XIXe siècle afin de voir si un clivage entre public(s) et « non-public(s) » aurait été exacerbé par les grands bouleversements sociétaux de la révolution industrielle de cette époque. Cette analyse historique doit être mise en perspective avec les enjeux contemporains que sont la qualification des « non-publics » et l’apparition de nouvelles catégories telles que « publics empêchés » (handicapés, hospitalisés, incarcérés), « publics éloignés » (ruraux, enfants, personnes âgées),[2] ou encore les « publics exclus » (notamment liés aux enjeux de la diversité culturelle). Cette journée d’études est donc l’occasion de mieux comprendre les « non-publics » d’hier et d’aujourd’hui : Qui sont-ils ? Comment sont-ils catégorisés ? Quelles sont leurs pratiques ? Quelles sont leurs relations avec les autres acteurs sociaux ? Leur conversion à la culture légitime est-elle inévitable ? Cette notion de « non-public(s) » s’applique-t-elle à tous les domaines ? Les non-publics existent-ils dans tous les pays et dans tous les contextes sociaux-culturels ? Quelles sont les représentations qui y sont associées ? Le « non-public » est-il forcément un exclu de la culture ? Le fait de ne pas participer n’est-elle pas une participation en soi qui révèlerait un positionnement social ? Peut-on encore parler de « non-public(s) » avec le numérique ?
Axes thématiques
Aux vues des questions déjà mentionnées ci-dessus, voici une liste non exhaustive de pistes et problématiques qui peuvent être explorées :
Publics/ « non-publics » : quelles définition, quelles frontières ? A partir de quand devient on public et comment ? Comment prendre en compte les « non-publics » sans qu’ils deviennent publics ? Un « non-public » existe-t-il vraiment (voir les affiches publicitaires, l’exposition aux slogans, etc.) ? Se pose ici la question des espaces publics et privés, physiques et virtuels, avec l’arrivée du numérique.
Les « non-publics » dans le processus de démocratisation culturelle
Ces « non-publics » ont-ils toujours été les mêmes ? Quels furent leur place et leur rôle au sein des mutations en matière de politique culturelle depuis le XIXe siècle en occident ?
« Non-public(s) » : une notion qui existe toujours ? Quels sont les nouveaux modes d’interaction culturelle, les nouvelles pratiques, les nouvelles études, les postures des institutions, les débats actuels ? Etudie-t-on les « non-publics » pour mieux connaître les publics ou bien est-ce une catégorie autonome ?
Cette journée d’études se veut pluridisciplinaire et ouverte à différents champs de recherche : sociologie, histoire, histoire de l’art, musicologie, littérature, études théâtrales, études cinématographiques, histoire visuelle, sciences de l’information et de la communication...
Modalités pratiques d’envoi des propositions
Cet appel à communications est ouvert à tous les doctorants, ou docteurs ayant soutenu ces dernières années, en France ou à l’étranger. Les communications se feront en français ou en anglais.
Les propositions de communication (500 mots environ) sont à envoyer, accompagnées d’une courte présentation de l’auteur (comprenant le titre, la discipline de la thèse, l’année de soutenance le cas échéant, ainsi que l’université et/ou l’organisme de rattachement),
au plus tard le 17 février 2017,
à l’adresse suivante : doctorants.chcsc@gmail.com