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AAC Colloque "Le phototexte engagé. Du militantisme aux luttes de visibilité" Paris, 31 mai-1er juin 2018
Date limite : 15 octobre 2017
Le texte illustré de photographie ou la photographie accompagnée de texte ont été désignés par des néologismes variés dont « photo-essay », « photo-récit », « photolittérature » ou encore « iconotexte », une notion développée par Michael Nerlich au début des années 1980, mais qui englobe toutes formes d’iconicité. Mais le concept de phototexte rend compte d’un dispositif formel dont on comprend immédiatement que les deux composants sont indissociables et qu’ils forment une unité de sens. L’histoire du phototexte rejoint classiquement celle de la photolittérature, tout en la dépassant largement : elle rencontre en effet celle de la culture des médias, de l’édition, du livre d’artiste, du tract, de l’affiche publicitaire, et depuis l’avènement de la bureautique et d’internet, celle de la communication numérique. Car si le phototexte apparaît aujourd’hui bel et bien comme le paradigme dominant de lecture au 21e siècle (des nombreuses interfaces numériques du web social comme Twitter, Facebook ou Instagram, aux organes d’information qui diffusent du phototexte en continu, en passant par les milliers d’outils accessibles en ligne sans formation professionnelle), la masse phototextuelle, depuis la fin du 19e siècle, est telle – comme celle des images et des textes seuls – que son étude ne peut aussi s’envisager que par segments.
A la croisée des études visuelles, des études culturelles, de l’histoire des images et de l’analyse sémiologique et linguistique, le colloque a pour but de faire émerger la singularité d’un corpus formalisé (le phototexte) à partir d’un point d’ancrage culturel et politique : le militantisme, les luttes pour les droits et l’égalité, et la quête d’une meilleure visibilité sociale de minorités.
Jouxtant les problématiques de la propagande d’état (qui pourrait faire l’objet d’un second volet), le colloque vise à rassembler des formes variées de militantismes visuels et textuels, des moyens de faire émerger des enjeux de société et des débats, et de rendre tangibles des luttes pour la conquête d’un espace visible.
Enjeux
Etant donné le nombre de dispositifs actuels permettant de produire du phototexte, les interventions sont invitées à explorer le phototexte dans les contextes suivants :
Les revendications pour l’égalité (luttes féministes, antiracistes, civil rights, LGBTQIA et black rights movements, sans restriction) Les luttes d’indépendance et de reconnaissance (coloniales, postcoloniales et décoloniales) Les luttes antispécistes, pour les droits des animaux, écologistes et environnementales La construction de nouveaux espaces de visibilité (éditions, magazines, tracts et pamphlets) Les dispositifs rhétoriques et sémiotiques (pathos, violence, chocs visuels) La notion d’engagement est aussi à mettre en question : en quoi un document phototextuel peut-il apparaître comme engagé ? Comment sa contextualisation/décontextualisation est-elle mobilisée dans ses effets pragmatiques ? Dans quelles mesures engagement et agency (agentivité) sont des notions qui peuvent être concurrentielles ? De même, le phototexte engagé, lorsqu’il est transformé, redistribué ou transmis, en particulier dans le cadre de la culture du remix, est pris dans une mémoire qui contribue à en définir le sens et les formes.
Par exemple, et sans restriction, seront les bienvenues des études sur :
les ouvrages illustrés consacrés à des pays, qu’ils soient en lutte ou aux prises avec une révolution, comme par exemple Au cœur du Vietnam de Roger Pic ou La Chine de Mao d’Armand Gatti ; les lignes éditoriales de collections ou de reportages photojournalistiques des années 1970, comme ceux que l’on peut voir dans Zoom, dont la photographe Sophie Ristelhueber était alors la rédactrice en chef ; les œuvres relevant de l’artivisme, du détournement, de l’art dit « politique » ou de la production populaire, contre-culturelle et contestataire (fanzines, posters, montages) les productions phototextuelles numériques natives (d’internet ou plus spécifiquement du web social) diffusées et partagées à des fins protestataires ou militantes : mèmes, images macro, pancartes, vignettes, tous types de photographies incrustées d’écrits ; les approches théoriques et historiques sur ces notions d’engagement, d’agency et de mémoire, leur évolution, leur déplacement dans le temps (de l’histoire des luttes au volet politique des visual studies) les formes, les effets de sens, les circulations, les modes de fabrication et les évolutions historiques. La période est ouverte ainsi que les aires géographiques et culturelles concernées.
Modalités de soumission et calendrier
Les communications peuvent se faire en français et/ou en anglais. Une publication est prévue (en ligne)
Date limite d’envoi des propositions : 15 octobre 2017
Format des propositions : 3000 signes max. (soit 500 mots), avec bibliographie indicative et brève bio-biblio
Remise des articles pour publication : fin juin 2018
Dates du colloque : 31 mai et 1er juin 2018
Lieu : Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, Saint Denis, auditorium
Comité organisateur : Magali Nachtergael, Charlotte Foucher Zarmanian et Marie-Anne Paveau
Comité scientifique en cours de constitution
Contacts : nachtergael@univ-paris13.fr ; foucher@legs.cnrs.fr ; ma.paveau@orange.fr