Mémoires et thèses
GOULET Vincent, Usages et circulations des informations médiatiques dans les milieux populaires. Enquête sur la construction des "lieux communs médiatiques", sous la direction de Patrick Champagne, Thèse de sociologie, EHESS, 2009.
Considérant les « actualités » comme des biens culturels parmi d’autres, c’est-à -dire en faisant « rentrer la culture au sens restreint et normatif de l’usage ordinaire, dans la culture au sens large de l’ethnologie » (P. Bourdieu, La Distinction, 1979), cette recherche a voulu en saisir la « réception », c’est-à -dire les appropriations, les circulations et les usages concrets, chez les individus situés « au bas de l’échelle sociale », notamment en articulant les conditions objectives d’existence et de reproduction des individus appartenant aux milieux populaires avec leurs représentations et leurs valeurs dans ce qu’elles ont de plus socialement efficient. Il s’agit en ce sens de proposer une économie des biens symboliques qui ne peut séparer, dans son analyse de la « réalisation de la valeur », le producteur, le consommateur, le produit et le lieu et les conditions de l’échange.
Nous avons choisi comme terrain un grand ensemble HLM de la banlieue bordelaise, un quartier populaire classé ZUS relativement tranquille, pour étudier, par l’observation, la circulation des informations médiatiques dans les espaces publics, et, par des entretiens, les usages qui en sont fait dans la sphère privée. Il apparaît que la fréquentation des médias d’information dépend directement des formes de capital mobilisables par les agents et surtout, par leur position et trajectoire sociale, celle de leur conjoint et celle qu’ils espèrent pour leurs enfants, qui sont au centre des processus de réception médiatique. Que cela soit dans les rapports de voisinage, de travail ou à l’intérieur de la sphère familiale, les rapports de classe structurent fortement la réception et les usages des biens médiatiques. Dans un second temps, remontant du récepteur au message et du message au producteur, c’est-à -dire les rédactions, nous avons tenté de comprendre pourquoi certaines informations, comme les faits divers, le sport, les pages people mais aussi certains problèmes sociaux ou politiques étaient plus ajustées que d’autres aux intérêts des membres des classes populaires. Il résulte de l’analyse que les informations médiatiques ne sont pas uniquement des éléments de connaissance permettant aux individus de construire leur opinion ou de justifier leur action. Elles ont au moins trois autres fonctions : l’accumulation et l’entretien du capital relationnel, des fonctions identitaires et de réassurance, des fonctions de transmission et d’éducation par l’affirmation de normes.
Peu à peu s’est confirmée la fonction doxique des médias d’information en ce sens qu’ils produisent des représentations sociales qui semblent « s’imposer par elles-mêmes ». A travers une « écriture du social » facilement partageable, ou encore à travers la construction journalière d’un « sens commun » le plus commun possible à travers un « texte médiatique » toujours renouvellé sur des pattern constants, les médias ont une fonction d’encadrement social. Or, cette forme d’encadrement est moins le produit d’un plan concerté ou d’une politique préalablement réfléchie par la classe dominante que celui du fonctionnement du champ journalistique et médiatique : cet espace social peut être considéré comme un champ particulièrement hétéronome parce que structuré par les rapports sociaux et les luttes matérielles et symboliques qui traversent toute la société. La production d’un « sens commun médiatique » découle ainsi indirectement des rapports de genre et de classes et nous chercheront à comprendre sociologiquement comment les conditions matérielles d’existence et les représentations sociales des récepteurs s’articulent aux offres de discours médiatiques. Les biens informationnels particulièrement destinés aux classes populaires n’étant pas fabriqués - comme le supposerait la « règle » de l’homologie structurelle - par des agents issus de ce milieu, nous nous sommes interrogé, en particulier à partir de l’étude d’une émission de radio interactive de RMC, sur les mécanismes d’ajustement entre les producteurs et les récepteurs à travers le discours médiatique. La co-construction des lieux communs susceptibles de susciter une croyance ou une adhésion minimale chez les récepteurs suppose la production des catégories de perception et d’appréciation, notamment politiques, qui accompagnent les messages proposés aux publics populaires et qui proposent une lecture relative accessible de leurs expériences vécues.
Ainsi, l’analyse du processus médiatique intégrant nécessairement celle des conditions objectives de réception, cette thèse devrait également apporter des éléments de connaissance sur les classes populaires et permettre d’alimenter le débat sur les transformations contemporaines de celles-ci.
Nous avons choisi comme terrain un grand ensemble HLM de la banlieue bordelaise, un quartier populaire classé ZUS relativement tranquille, pour étudier, par l’observation, la circulation des informations médiatiques dans les espaces publics, et, par des entretiens, les usages qui en sont fait dans la sphère privée. Il apparaît que la fréquentation des médias d’information dépend directement des formes de capital mobilisables par les agents et surtout, par leur position et trajectoire sociale, celle de leur conjoint et celle qu’ils espèrent pour leurs enfants, qui sont au centre des processus de réception médiatique. Que cela soit dans les rapports de voisinage, de travail ou à l’intérieur de la sphère familiale, les rapports de classe structurent fortement la réception et les usages des biens médiatiques. Dans un second temps, remontant du récepteur au message et du message au producteur, c’est-à -dire les rédactions, nous avons tenté de comprendre pourquoi certaines informations, comme les faits divers, le sport, les pages people mais aussi certains problèmes sociaux ou politiques étaient plus ajustées que d’autres aux intérêts des membres des classes populaires. Il résulte de l’analyse que les informations médiatiques ne sont pas uniquement des éléments de connaissance permettant aux individus de construire leur opinion ou de justifier leur action. Elles ont au moins trois autres fonctions : l’accumulation et l’entretien du capital relationnel, des fonctions identitaires et de réassurance, des fonctions de transmission et d’éducation par l’affirmation de normes.
Peu à peu s’est confirmée la fonction doxique des médias d’information en ce sens qu’ils produisent des représentations sociales qui semblent « s’imposer par elles-mêmes ». A travers une « écriture du social » facilement partageable, ou encore à travers la construction journalière d’un « sens commun » le plus commun possible à travers un « texte médiatique » toujours renouvellé sur des pattern constants, les médias ont une fonction d’encadrement social. Or, cette forme d’encadrement est moins le produit d’un plan concerté ou d’une politique préalablement réfléchie par la classe dominante que celui du fonctionnement du champ journalistique et médiatique : cet espace social peut être considéré comme un champ particulièrement hétéronome parce que structuré par les rapports sociaux et les luttes matérielles et symboliques qui traversent toute la société. La production d’un « sens commun médiatique » découle ainsi indirectement des rapports de genre et de classes et nous chercheront à comprendre sociologiquement comment les conditions matérielles d’existence et les représentations sociales des récepteurs s’articulent aux offres de discours médiatiques. Les biens informationnels particulièrement destinés aux classes populaires n’étant pas fabriqués - comme le supposerait la « règle » de l’homologie structurelle - par des agents issus de ce milieu, nous nous sommes interrogé, en particulier à partir de l’étude d’une émission de radio interactive de RMC, sur les mécanismes d’ajustement entre les producteurs et les récepteurs à travers le discours médiatique. La co-construction des lieux communs susceptibles de susciter une croyance ou une adhésion minimale chez les récepteurs suppose la production des catégories de perception et d’appréciation, notamment politiques, qui accompagnent les messages proposés aux publics populaires et qui proposent une lecture relative accessible de leurs expériences vécues.
Ainsi, l’analyse du processus médiatique intégrant nécessairement celle des conditions objectives de réception, cette thèse devrait également apporter des éléments de connaissance sur les classes populaires et permettre d’alimenter le débat sur les transformations contemporaines de celles-ci.
Citer cet article : http://www.histoiredesmedias.com/Usages-et-circulations-des.html