Séminaires
Séminaire du Groupe de recherches en histoire et esthétique du cinéma documentaire (GRHED) programme 2012-2013
Cinéma documentaire de lutte. Théories, formes d’engagements et d’émancipations
Depuis sa création en janvier 2010, le GRHED – Groupe de Recherches en histoire et Esthétique du cinéma Documentaire - propose un parcours et une analyse historique du cinéma du réel comme lutte, et tente ainsi de cerner la notion d’engagement dans le champ complexe du documentaire. Le réel offre un champ infini d’observation, d’interrogation, d’analyse et d’interprétation qui, depuis les premiers temps, anime de nombreux réalisateurs. Loin de réduire le cinéma documentaire à une catégorie définie et unique, nous l’avons envisagé dans tous ses possibles transversaux (fiction documentaire, fiction ou vidéo documentée par l’emploi d’archives etc.) Le GRHED est animé par la volonté d’observer et d’étudier ces images comme matériau dynamique d’un document engagé dans l’Histoire.
Présentation
Le GRHED est ouvert aux étudiants en thèse, Master 2R ou post-doctorat de toute université, école et de toute discipline dont les travaux soulèvent une problématique concernant le documentaire cinématographique.
Le GRHED souhaite promouvoir les travaux en cours des jeunes chercheurs et favoriser le dialogue entre les universités.
Le GRHED est parrainé par le CERHEC (Centre d’études et de recherches en histoire et esthétique du cinéma), laboratoire de l’université Paris 1, Panthéon Sorbonne en étroite collaboration avec l’équipe d’accueil Histoire culturelle et sociale de l’art HiCSA (composante E4100).
Valoriser et diffuser les travaux des jeunes chercheurs portant sur l’histoire, l’esthétique et les usages du cinéma documentaire. Cette année universitaire sera particulièrement marquée par le partenariat mis en place avec le département de l’audiovisuel de la Bibliothèque nationale de France. Certaines séances du GRHED se dérouleront à la BNF et les interventions des membres seront basées sur les collections documentaires du département dirigé par Alain Carou et sa collaboratrice Brigitte Loret.
Horaires des séances et projections : 17h30 à 20h Lieux : Salle AVD 133 – Institut National d’histoire de l’art – Paris & Salle en mezzanine de la salle P – département de l’audiovisuel – Bibliothèque Nationale de France.
Le GRHED
Depuis sa création en janvier 2010, le GRHED – Groupe de Recherches en histoire et Esthétique du cinéma Documentaire - propose un parcours et une analyse historique du cinéma du réel comme lutte, et tente ainsi de cerner la notion d’engagement dans le champ complexe du documentaire. Le réel offre un champ infini d’observation, d’interrogation, d’analyse et d’interprétation qui, depuis les premiers temps, anime de nombreux réalisateurs. Loin de réduire le cinéma documentaire à une catégorie définie et unique, nous l’avons envisagé dans tous ses possibles transversaux (fiction documentaire, fiction ou vidéo documentée par l’emploi d’archives etc.) Le GRHED est animé par la volonté d’observer et d’étudier ces images comme matériau dynamique d’un document engagé dans l’Histoire.
Notre groupe de recherches valorise le documentaire engagé, consacré comme un cinéma d’ouverture, qui mêle, entremêle, démêle, avec application et méthode, avec pudeur ou colère, par le cri ou la confidence, les différents points de vue, les affirmations, les interrogations, les doutes. Au-delà de tout clivage, nous l’envisageons comme une pratique cinématographique qui construit (dans l’idéal) des passerelles entre nos acquis. Le documentaire oppose pour relier, affirme pour provoquer, il tend à assumer son rôle de passeur d’images et d’idées dans une résistance matérialisée au réel : le film. Le cinéma documentaire permet un rapport à la réalité immédiate et concrète avec le spectateur, lequel se trouve projeté dans le réel en même temps qu’on lui projette des images. Le documentaire choisit de nous laisser dans le réel, même si ce réel est exposé à travers le prisme du regard du réalisateur d’où émane une autre réalité (la sienne) à partir d’un réel déterminé puis recomposé.
Les programmations passées ont élaboré un espace de réflexion autour de la notion d’engagement, terme et valeur, qui connait de multiples résonances. Le cinéma de lutte nous est apparu comme un espace privilégié de métissage, de réflexion, de rencontres et de possibles documentaires. Ce cinéma engagé n’est pas envisagé uniquement comme un acte de revendication et/ou de dénonciation, il peut représenter, exposer un rapport (son rapport) avec la réalité immédiate du cinéaste, des individus et des événements filmés. Ainsi, le GRHED encourage une réflexion sur le rapport aux autres par l’image animée, mais également, au-delà des images, une attention à l’Histoire : le pourquoi des hommes, ceux qui filment, ceux qui sont filmés. Il s’agit, au final, d’encadrer la notion d’histoire de l’engagement dans une réflexion cinématographique.
La notion de documentaire engagé évoque le souci du rapport à l’argent et au public, intrinsèquement liés. Notre groupe de recherches pense le film comme un outil social et historique, plutôt que comme une fin. C’est pourquoi, les réunions du GRHED tentent de privilégier la projection de films rares dans leur intégralité (André Sauvage, Danielle Jaeggi, Raymond Vaugel et Jean-Jacques Sirkis, Sergio Bianchi et prochainement Rui Simões, Jang Sun-woo, Eduardo Coutinho). Ainsi, le GRHED échappe à une approche « spectaculaire » de la projection, valorisant une relation plus intime et plus directe aux images, afin que, si elles nous touchent, nous puissions aussi les atteindre.
Programmation : Johanna Cappi (Paris 3 Sorbonne Nouvelle – IRCAV – CRECI) avec la collaboration de Catherine Roudé (Paris 1 Panthéon Sorbonne – CERHEC) Contact : grhed@hotmail.fr
Programme
11 octobre 2012. Ouverture du cycle à la BNF
Renato S Guimaraes, doctorant ATER à l’université Paris I Panthéon Sorbonne. « Bahia, un siècle de cinéma ».
Une présentation de trois courts-métrages : Vadiação (1954/8 min) de Alexandre Robatto Filho, précurseur du cinéma à Bahia.Um dia na ramp (1955/10 min) de Luiz Paulino dos Santos, scénariste du premier long-métrage deGlauber Rocha (Barravento). Le projet devait être réalisé par lui-même et non par Glauber Rocha et Pátio (1959/13 min) de Glauber Rocha, un film qui semble renouer avec les deux autres, non par sa thématique ou ses choix avant-gardistes, mais parce que comme les autres, il se rapporte à une expérience extérieure à l’espace filmé.
Cette séance mettra en lumière ce moment de grande agitation créative à Bahia, fondateur de la Bossa Nova, du Cinema Novo et du Tropicalisme et, à partir de ces trois court-métrages prémonitoires, cherchera à donner quelques clés pour une réflexion future sur les directions esthétiques prises par le cinéma brésilien, un cinéma né d’une nécessité.
22 octobre 2012. Séance d’ouverture à l’INHA.
Raquel Schefer, Université Paris III Sorbonne Nouvelle. Sur Los Rubios film argentin, 2003. Les formes de représentation de l’histoire dans le cinéma postcolonial : la reconstitution, l’usage d’images d’archives et le témoin. Doctorante en études cinématographiques, sous la direction de Philippe Dubois.
Los Rubios (2003) de la réalisatrice argentine Albertina Carri, est un film sur l’irreprésentabilité de la mémoire historique. Les blonds sont les parents d’Albertina Carri, disparus en 1977, lors de la dictature militaire argentine. Dans le film, une comédienne, Analya Couceiro, interprète le rôle de Carri, même si la réalisatrice joue son propre personnage de metteur en scène. Le système narratif autoréflexif et de permanente mise en abîme du film, notamment l’adoption du dédoublement en tant que dispositif énonciatif, bouleverse les catégories de sujet représenté et de sujet de représentation, en affirmant l’hiatus qui existe entre l’un et l’autre, ainsi que le désajustement entre la mémoire et l’histoire. Los Rubios interroge non seulement les frontières de genre, mais aussi la catégorie de film politique, en s’adressant à l’histoire du cinéma militant argentin.
La séance propose de montrer comment la coexistence de divers systèmes et formes de représentation cinématographiques (la reconstitution, le témoignage, le direct cinéma, la fiction, l’animation, etc.) fait de “Los Rubios” une Å“uvre incontournable du point de vue formel et, en même temps, symptomatique des changements politiques et idéologiques en cours dans les années 2000 en Argentine. R.S
19 novembre 2012. Séance INHA
Sur Iracema, uma transa amazônica de Jorge Bodansky et Orlando Senna (film brésilien rare projeté en intégralité) par Joanna Espinosa, doctorante de l’université Paris I Panthéon Sorbonne et cotutelle avec le département en anthropologie de laUniversidade Federal Fluminense de Rio de Janeiro, sous la direction de Sidnei Peres Clemente et Daniel Serceau.
17 décembre 2012. Séance INHA
Olivier Hadouchi, docteur en études cinématographiques de l’université Paris III, Sorbonne Nouvelle/ IRCAV.
Séance dédiée à Ugo Ulive, grand metteur en scène de théâtre venezuélien d’origine uruguayenne, auteur de plusieurs pièces, il tourna des films en Uruguay (son pays d’origine) tels que Como el Uruguay no hay en 1960 (considéré comme l’une des « premières satires politiques en Amérique latine »), à Cuba (Crónica cubana, 1963) et au Venezuela (Caracas dos o tres cosas, Basta, Diamantes, TO3.
Projection de 4 films d’Ugo Ulive : Como el Uruguay no hay (1960), en espagnol (Uruguay) sans sous-titres, Diamantes (1969), Caracas… dos o tres cosas (1969), Basta(1969). « Basta nous confronte à un univers angoissant et cauchemardesque (asile psychiatrique, autopsie dans une morgue, ville dénaturée par la publicité agressive), entrecoupé d’images de guérilla. » ; « Basta ! est un film éminemment expérimental. Par l’intermédiaire de symboles violents (utilisant librement le concept de cruauté d’Artaud), quelques-unes des conséquences de l’organisation sociale actuelle en Amérique Latine sont exposées : l’aliénation de l’être humain, marginalisé et chosifié, et la présence constante de l’impérialisme vu comme un viol.” (Propos d’Ugo Ulive traduits par Olivier Hadouchi)
10 janvier 2013. Séance BNF
Alice Leroy, doctorante de l’université de Provence, monitrice à l’université de Lille 3. Sur le fond « John Marshall » et le corpus de la série “Pittsburgh Police” (1969-1970)
21 janvier 2013. Séance INHA
Jorge Flores V. Sur Llocsi… de Jorge Sanjinés. (Equateur, Bolivie, Venezuela / 1977 / 100′ / Espagne). Jorge Sanjinés est né à La Paz en 1937. Il a étudié la philosophie en Bolivie, puis le cinéma au Chili. Cinéaste et théoricien engagé, il réalise des documentaires et des longs-métrages sur la dépendance, le sous-développement et l’exploitation du peuple indien. À plusieurs reprises, il est contraint de quitter son pays pour des raisons politiques.
Llocsi… est une reconstitution basée sur des faits réels, fondée sur un système narratif qui mélange des stratégies de mise en scène issues de divers styles documentaires. Une communauté indigène des Andes équatoriennes entre soudainement en conflit avec les représentants légaux d’une puissante entreprise qui a découvert de riches gisements de minéraux dans leur territoire ancestral, et souhaite se les approprier. Au milieu de l’affrontement, un groupe de religieux américains apparaît et divise les paysans, les opposant entre croyants et non-croyants. Afin de parvenir à ses fins, l’entreprise déclenche une tuerie, aidée par l’armée équatorienne. Les images du film constituent un document unique sur la situation des communautés andéennes dans les années 1960 et 1970. Période d’intervention idéologique et économique américaine sans précédents en Amérique Latine, suite à la Révolution Cubaine en 1959. La représentation des peuples indiens en Equateur au XXe siècle a été liée à la construction de l’État-nation. Le film du cinéaste bolivien produit par le Groupe Ukanamau (groupe de réalisateurs qui avait comme objectif de créer des films au service de la lutte historique pour la libération des peuples) constitue une exception à cette constante. C’est peut-être la raison pour laquelle Llocsi… est un des films les plus cachés de l’Equateur. Cette séance propose une analyse des stratégies de mise en scène du film par rapport à son contexte historique de production, et son circuit de distribution particulier.
7 février 2013. Séance BNF
Brice Castanon, Maître de conférence de l’université Paris XIII, département d’études hispaniques. « Un autre regard sur la transition démocratique espagnole », une présentation de Morir de dia (2010) de Laia Manresa et Sergi Dies.
21 mars 2013. Séance INHA
Nathalie Mary, docteure en étude cinématographiques de l’université Paris III Sorbonne Nouvelle. Sur La chute de la dynastie Romanov d’Esther Choub.
Evocation de la société russe de l’ancien régime et commande d’Etat pour le dixième anniversaire de la Révolution d’octobre. Le film La chute de la dynastie Romanov(1927) innove en matière de montage de documents d’actualités et de documents de diverses provenances. Comment travaille Esther Choub (1894-1959), monteuse au Goskino dès 1922 et proche d’Eisenstein ? Qu’apportent les fragments du film de la réalisatrice soviétique au Tombeau d’Alexandre (1992) de Chris Marker ? Choub a-t-elle eu une influence sur Paris 1900 (1946) de Nicole Védrès, film de montage considéré comme novateur à l’époque ?
11 avril 2013. Séance BNF
Sur la collection « Jean Rouch », par Camille Bui, université Paris VII Denis Diderot. Doctorante contractuelle, monitrice. L’urbain comme genre du cinéma documentaire direct. L’héritage de Chronique d’un été (1961) de Jean Rouch et Edgar Morin dans le cinéma des trente dernières années. Sous la direction de Jacqueline Nacache, Laboratoire CERILAC Paris 7.
26 mai 2013. Séance BNF
Pauline Gallinari, docteur en Histoire contemporaine, université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Sur la collection « Ciné-Archives » de la Bibliothèque nationale de France.
17 juin 2013. Séance INHA
Chiara Rubessi, doctorante rattachée à l’unité de recherches Traverse 19/21, Université Stendhal-Grenoble III. Présentation de Overlook hotel (2011) par les réalisateurs Lemnaouer Ahmine, Francesco Cannito et Luca Cusani.
“Depuis le début de l’année 2011, en raison de la situation en Afrique du Nord, plus de 50.000 personnes ont débarqué par bateau vers l’île italienne de Lampedusa. 13.000 d’entre eux ont été renvoyés en Afrique, 15.000 ont obtenu le statut de réfugié, tandis que 22.000 ont été accueillis dans des structures inadéquates, en attendant la reconnaissance du statut de réfugié. 116 de ces personnes sont hébergées dans plus de quatre mois dans un hôtel abandonné sur le sommet des Alpes italiennes. Ils sont complètement isolés du reste du monde et ils ne savent pas si ils seront expulsés ou enfin reconnus. Ils vivent une vie suspendue alors que l’hiver est à venir et que le danger pour leur sécurité augmente.” Overlook Hotel, 2011