19 - Amour toujours...
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Jamil DAKHLIA, Géraldine POELS
Présentation
Le Temps des médias n°19, Automne 2012, p. 5-11.
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Quelle que soit l’époque, l’amour est pris dans un jeu d’oppositions, visant à faire le départ entre un amour juste et un amour répréhensible : l’Occident médiéval distingue par exemple amor, « passion sauvage, violente, condamnable » et caritas, « bon, bel amour […] qui signifiait le soin accordé au prochain, au pauvre, au malade », redoublant ainsi, peu ou prou, l’antagonisme entre éros d’une part, né du désir et donc d’un sentiment de privation et agapè, d’autre part, désintéressé, actualisation par l’être humain de l’amour divin. En tout état de cause, ces oppositions traduisent la difficulté à articuler trois dimensions du phénomène amoureux – sentimentalité, conjugalité, sexualité – sans cesse recombinées selon des formules originales, propres à chaque société. Et si l’on souhaite enrichir une histoire des idées sur l’amour par une histoire des sentiments qu’il inspire, on se heurte inévitablement à une rareté des traces caractéristique du domaine de l’intime. Les historiens doivent, en l’occurrence, compléter les grandes chroniques, actes notariés et registres d’état civil par des documents plus personnels (correspondance, journaux intimes), et ne sauraient se passer des représentations véhiculées par les productions artistiques -littérature, poèmes, tableaux, chansons et dessins- et plus récemment, par les médias. D’où le projet qui sous-tend ce nouveau dossier de notre revue.