15 - Justice(s)
Frédéric Chauvaud
Petites affaires et procès pittoresques. Les tribunaliers et « la correctionnelle » de 1880 à 1940
Le Temps des médias n°15, automne 2010, p. 57-71.De 1880 à 1980, les « tribunaliers », c’est-à -dire les chroniqueurs judiciaires célèbres, délaissent parfois les comptes-rendus des cours d’assises. Ils s’intéressent alors à des juridictions plus ordinaires, notamment les tribunaux correctionnels. Ils s’attachent aux affaires inédites ou pitoyables. Leurs articles relèvent de la veine comique, voire de la « gauloiserie ». Il s’agit de distraire et d’amuser. Toutefois, les journalistes dénoncent aussi, par l’intermédiaire de leurs chroniques, le fonctionnement de la justice pénale. En effet, les prévenus sont majoritairement des misérables : trop pauvres, trop vieux, trop jeunes. Le rire a pour cible des situations et des personnages, drôles malgré eux. Les « petits procès » sont une façon de s’interroger sur les changements de mÅ“urs dans la société contemporaine et sur la finalité d’une certaine justice. Le rire égrillard voisine avec le rire grinçant.