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Ouvrage : Gilles Delavaud, L’art de la télévision. Histoire esthétique de la dramatique télévisée (1950-1965) (Ed. De Boeck / INA, 2005). Recension par Marie Lhérault.

En choisissant d’étudier la fiction française à ses balbutiements, Gilles Delavaud nous entraîne sur les premiers pas d’un genre en devenir. Appelés « dramatiques », ces nouveaux programmes s’inscrivent alors dans un projet artistique ambitieux de démocratisation de la culture. Aussi, dès l’introduction Gilles Delavaud prévient le lecteur : le titre de son ouvrage « L’art de la télévision » n’est pas l’affirmation d’une thèse tendant à prouver que la télévision est un art, mais simplement le reflet des discours tenus sur la fiction au moment de sa création. En quête de légitimité, la télévision des années cinquante se cherche. Gilles Delavaud nous restitue ces errements en quatre chapitres très denses : « les débuts du théâtre télévisé », « Ã  la recherche d’un langage », « Ã©crire pour la télévision », et « mettre en scène pour la télévision ». L’auteur nous livre ainsi une analyse fine et détaillée des premières réflexions sur la création télévisuelle. Au gré d’une approche thématique et chronologique, il relate les nombreux questionnements qui ont précédé l’adaptation du théâtre et de la littérature à la télévision mais également la création de récits spécifiques à ce nouveau média. De nombreuses citations des principaux témoins de cette aventure télévisuelle restituent avec bonheur l’atmosphère, les préoccupations esthétiques et culturelles de l’époque mais également – à titre d’exemple – les conditions éprouvantes des tournages. D’expérimentations en succès, Gilles Delavaud rend ainsi compte des préoccupations esthétiques et des tentatives de créer un nouveau langage, un « huitième art ».

La seconde partie se fonde sur des archives de l’INA – rappelons ici que l’ouvrage est paru dans la collection médias-recherches dont l’objectif est de promouvoir la mission de l’Inathèque de France. L’auteur esquisse alors une typologie permettant de définir l’art de la télévision ; à l’aide d’un corpus d’émission, il distingue « l’art du direct », « l’art de studio », « l’art de l’adresse » et, enfin, « l’art de la réalité ». On retrouve ainsi les principales caractéristiques des dramatiques déjà marquées par les impératifs de la technique, la volonté de créer un lien avec le téléspectateur ou encore les velléités de s’inscrire dans leur époque. Alors que les voies explorées par la fiction semblent aujourd’hui toujours plus nombreuses et suscitent la polémique (docu-fiction, fiction-réalité, etc.), cet ouvrage constitue sans nul doute un précieux retour aux sources.

Il reste à signaler que « L’art de la télévision » est issu d’une thèse soutenue en 2004. Il fourmille donc d’informations et de références ; un souci du détail qui ne pourra que satisfaire certains lecteurs et, malheureusement, en décourager d’autres.

Marie Lherault

Recension publiée dans Le Temps des médias, n° 7, hiver 2006-2007, p. 266.

Citer cet article : http://www.histoiredesmedias.com/Ouvrage-Gilles-Delavaud-L-art-de.html

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