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Ouvrage : Félix Torres, La Dépêche du Midi, histoire d’un journal en République : 1870-2000 (Hachette Littératures, 2002). Recension par Cécile-Anne Sibout.

La Dépêche ne bénéficiait jusqu’ici que de travaux ponctuels, mise à part la thèse d’Henri Lerner, soutenue en 1977 et s’arrêtant à la Libération. S’appuyant notamment sur des archives d’entreprise, Félix Torres retrace la longue trajectoire du « Journal de la démocratie ». Selon l’auteur « on ne peut qu’être frappé par l’extraordinaire continuité qui caractérise La Dépêche tout au long de son existence ». Son étude chronologique assez classique, qui pointe avec pertinence quelques territoires historiques encore peu explorés (tel le problème de l’évanouissement brutal en 1940 du républicanisme méridional) ne confirme que partiellement cette assertion.

Née en 1870, La Dépêche devient vite un puissant vecteur d’influence, au bénéfice de l’idéal républicain dans sa version laïque et radicale. Maurice Sarraut dirige le journal, qui soutient une cinquantaine de parlementaires du sud-ouest, tandis que son frère Albert participe à vingt-cinq gouvernements entre 1906 et 1940. Une première fracture se dessine en 1939. Félix Torres insiste sur la « complexité du parcours » de La Dépêche pendant la guerre, mais admet que le journal, s’il conserve l’idéal républicain, le vide des valeurs d’engagement qui lui donnaient son sens.

L’auteur montre bien, pour la période suivante, à la fois les réussites de Jean Baylet (reparution du journal en 1947 après une dure bataille politico-juridique, rétablissement partiel de son magistère d’influence, avec l’originalité d’être le seul grand régional antigaulliste) et les limites de son action, poursuivie par son épouse après 1959. Le « clientélisme de papier » s’effrite avec la bipolarisation propre à la Ve République et l’atténuation de la spécificité politique régionale. Quant à l’hémorragie des lecteurs, elle est continuelle depuis 1980, sous l’effet, entre autres, de la concurrence audiovisuelle et du recul démographique de la région Midi-Pyrénées. Pour l’époque actuelle, l’auteur hésite un peu entre une approche optimiste, frôlant parfois la communication d’entreprise, et une analyse plus distanciée. La Dépêche du Midi contemporaine, à la tête d’un petit groupe multimédia, apparaît dépolitisée et régionalisée, la prestigieuse agence parisienne ayant fermé en 1976. Guère de continuité, donc… L’ouvrage de Félix Torres au total s’avère très utile pour éclaircir les imbrications erratiques entre histoire nationale et Quatrième pouvoir, ainsi que pour affiner notre connaissance de la presse régionale.

Cécile-Anne Sibout

Recension publiée dans Le Temps des médias, n° 1, 2003, automne 2003, p. 254-255.

Citer cet article : http://www.histoiredesmedias.com/Ouvrage-Felix-Torres-La-Depeche-du.html

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