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première table-ronde, animée par Michael Palmer, professeur à l’université de Paris III
"Médias, reflets ou amplificateurs des peurs collectives ?"
L’amphithéâtre de l’antenne universitaire était comble pour accueillir les quatre participants de la première table-ronde, animée par Michael Palmer, professeur à l’université de Paris III. Invité à répondre à la question des "Médias, reflets ou amplificateurs des peurs collectives ?", Dominique Kalifa, professeur d’histoire à l’université de Paris I, a d’abord remis en cause l’idée d’une "peur collective" préexistante au processus de médiatisation, et a donc précisé que l’enjeu du débat était moins de trancher en faveur du reflet ou de l’amplification que de poser la question "des intentions et des modalités qui président au travail des médias".
Le reflet et l’amplification sont avant tout "des démarches discursives" produites par un homme (journaliste) ou un groupe (un journal). Le tout étant de savoir pour quelles raisons et de quelles façons elles investissent l’espace public. Anne-Claude Ambroise-Rendu, maitre de conférence en histoire à l’université de Paris X, s’est proposée d’illustrer la question par l’image en évoquant le cas des peurs et les fonctions de leur mise en scène à la Belle-Epoque. L’image adoucirait-elle les moeurs ? En tout cas, souvent moins "cruelle" que le texte, l’image, qui "joue à faire peur" et ne manque pas d’encourager le "voyeurisme macabre", ne sort finalement pas du registre de l’ "acceptable" et du permissif professionnel, social ou moral. Roger Bautier, professeur en sciences de l’information et de la communication à l’université de Paris XIII a continué sur la distinction entre une "propagation" écrite et orale des peurs et sur le rapport de classes induit par la question. De Thiers à Fouillé, si "peurs collectives" il y a, il semble qu’elles aient surtout concerné les élites confrontées au pouvoir grandissant des médias plus que le public devant les figures médiatiques de la menace. Comme celle du "déviant urbain" évoquée par Guy Lochard, maitre de conférence à l’université de Paris III. Parce qu’une expression médiatisée devient rapidement banalisée, les journalistes "pris au piège de leurs imaginaires" n’ont fait, à ce titre, que "re-construire" leur personnage selon des stéréotypes répétitifs : "l’Apache" de la Belle-Epoque, le "Blouson noir" des années 1950, le "loubard" des années 1970 et, dernière version, le "beur" puis la "beurette" des années 1980 et 1990. Les mouvements d’immigrations et l’histoire coloniale ne sont guère étrangères à ces focalisations sociales...