Atelier doctoral 2003
Jeff Millié : Les journalistes sportifs pendant la guerre froide
On observe sur la période une tendance à la faits-diversification du sport. On peut se demander quelle perception de la guerre froide ont les journalistes sportifs, dans quel cadre de références ce conflit est abordé...
Il s'agit donc ici de faire une analyse sociologique dans un sous-champ des journalistes spécialisés. La dispersion des sources et leur aspect disparate pose problème. L'étude se fonde sur la consultation des anthologies, des souvenirs journalistiques, la réalisation d'entretiens (lettres ou interviews) grâce à l'étude de l'annuaire syndical (le chercheur dispose ainsi de 20 témoignages directs ou indirects). Il s'agit d'un microcosme étroit, mais l'importance exacte des effectifs st difficile à saisir (près de 6000 journalistes après guerre au total ; pour repérer les journalistes sportifs on peut par exemple regarder qui sont ceux qui couvrent le Tour de France, qui rassemble presque toute la profession).
Sur le plan de la structure de ce champ, on peut souligner que ces journalistes aimeraient être considérés comme des journalistes alors que ce sont le plus souvent des sportifs. Les réseaux ont un poids très important. Ils sont perceptibles dans le système de recrutement, qui se fait massivement par le sport et le militantisme. La discrimination de ces professionnels est perceptible dans leurs statuts (piges mensualisées à Miroir sprint, salariat très rare).
Avant 1914, l'information sportive n'apparaît que très ponctuellement, puis elle prend une importance commerciale. La Libération marque une amplification du phénomène, certains journaux faisant un effort particulier dans ce sens, comme L'Humanité. L'Equipe impose ensuite ses modes de perception du sport et l'information stimule la concurrence (entre L'Equipe et Sport, communiste, par exemple).
Au niveau des conditions de travail, on observe une tradition de solidarité entre confrères. La mobilité externe de ces journalistes est assez faible ; la mobilité interne n'existe que pour la presse engagée. Ces journalistes sont traditionnellement très proches du monde du sport. Il existe un mythe sportif de l'apolitisme qui se retrouve dans le journalisme sportif. Il arrive pourtant que les journalistes se réapproprient des problématiques extérieures (parfois pendant la guerre froide). Une temporalité mixte se met alors en place : partiellement sportive et partiellement politique.