Atelier doctoral 2003
Marc Jampy : Les journalistes lyonnais (1870-1914)
Alors que les bases de l'histoire économique de la presse sont posées, il semble important de développer son histoire sociale. Avant la création de la carte de presse, se pose pour cette étude le problème de l'indigence des sources. Il est possible de travailler sur l'activité des syndicats, mais ceux-ci s'occupent peu des journalistes occasionnels. L'étude présentée ici se fonde sur le dépouillement du contrôle de la presse et des déclarations de création des journaux.
L'autorisation préalable disparaît en 1870. Entre 1870 et 1914, 947 déclarations de journaux sont déposées dans le département du Rhône. Le suivi réalisé par le Ministère de l'Intérieur est moins strict mais la préfecture maintient ses contrôles. Ces déclarations elles-mêmes donnent déjà quelques renseignements ; surtout elles sont accompagnées par trois rapports de commissaires. On observe que ses rapports sont de plus en plus précis, dans la Troisième République naissante, et après 1881.
Des questions de définition se posent : qu'est-ce qu'un journaliste et qu'est-ce qu'un journal ? Les publications observées à Lyon sont avant tout des hebdomadaires et des journaux non politiques (81 journaux littéraires repérés). La recherche porte également sur les motivations des journalistes (un métier fantasmé).
Une base de données sous Access a permis de recenser 1130 individus participant à la presse lyonnaise de l'époque. Dans la base sont précisés leur lieu d'habitation, leur âge, leur lieu de naissance, leur casier judiciaire éventuel, leurs revenus... Ces individus sont tous des hommes, plutôt jeunes. Ils habitent le centre de Lyon mais ont une certaine mobilité géographique (régionale voire nationale), perceptible par l'étude des recensements. Par les déclarations de naissance, il est possible d'obtenir des renseignements sur leur famille. Pour la très grande majorité, le journalisme n'est pas leur seule activité. Les rapports des commissaires sont précis quant aux motivations politiques de ces créateurs de journaux. Ils s'attardent aussi sur le niveau d'instruction.
En conclusion il est possible de tenter un portait de ces créateurs de journaux : ce sont souvent les fils cadets de commerçants lyonnais, ou des commerçants âgés voulant asseoir par un journal leur notoriété.