22 - Les mondes de la musique
Jean-Sébastien Noël
Le vidéo-clip : cheval de Troie de l’industrie du disque et territoire créatif (années 1970 – fin des années 1990)
Le Temps des médias n°22, Printemps 2014, p. 257-266.
Dans une somme à vocation encyclopédique, publiée dans les années 1980, Nicolas Deville et Yvan Brissette contribuèrent à élire le vidéo-clip comme un objet culturel digne d’avoir une histoire1. Si le projet s’accompagnait d’un sous-titre quelque peu emphatique, il témoignait par ailleurs de l’enthousiasme d’une époque pour un support à la fois commercial et artistique, assumant sa fonction publicitaire et permettant à des artistes innovants de toucher un public de masse. Dans son hybridité esthétique et fonctionnelle, le vidéo-clip ressemblait aux années 1980 : cet héritier du scopitone s’est développé à l’ère télévisuelle dans le cadre d’une libéra(lisa)tion des possibilités créatives motivées par le « do it yourself » et d’une démocratisation relative des moyens techniques d’enregistrement et de montage vidéo. Certains chercheurs ont pu s’interroger sur l’opportunité de définir trop précisément le vidéo-clip2, afin de ne pas restreindre la compréhension de la diversité de ses formes. Toutefois, l’objet a ses spécificités et son historicité : tout film musical de format court n’est pas un vidéoclip. De plus, la terminologie circonscrit en partie l’objet : l’usage exclusif ou partiel de la vidéo contribue à cerner l’objet mais n’en fournit pas une définition stricte...