Soutenances de thèses
LE SAULNIER Guillaume : La police nationale dans une société médiatisée. Des stratégies médiatiques de l’organisation aux usages et réceptions des médias par la profession
Jury : Mme Sabine CHALVON-DEMERSAY, Directrice de recherche à l’EHESS : Rapporteur ; Mme Caroline OLLIVIER-YANIV, Professeur à l’Université Paris XII : Rapporteur ; Mme Josiane JOUËT, Professeur à l’Université Paris II ; M. Erik NEVEU, Professeur à l’IEP – Université Rennes I ; M. Rémy RIEFFEL, Professeur à l’Université Paris II (directeur de thèse).
Constatant l’omniprésence médiatique de la police nationale, cette thèse consiste à penser les médias du côté des policiers. Pour cela, elle se fonde sur une enquête ethnographique de trois mois, effectuée auprès de la hiérarchie et des syndicats, en tant que sources mandatées pour s’engager dans l’arène médiatique, mais aussi auprès des services actifs de la police urbaine, en tant que publics des médias. La première partie se consacre aux stratégies mobilisées par l’organisation policière pour contrôler sa visibilité médiatique. Elle procède depuis une vingtaine d’années à une intégration à marche forcée de la communication. Celle-ci est fortement bureaucratisée, au sens où elle est soumise à un contrôle étroit et fébrile. Cependant, une part essentielle des relations presse est administrée par des liens personnalisés entre les sources déconcentrées et les journalistes locaux, propices à un détournement des consignes prescrites. En outre, cette communication institutionnelle se heurte à la concurrence des syndicats policiers, constitués précocement comme un interlocuteur privilégié auprès des médias. La seconde partie porte sur les usages et réceptions des informations et des fictions policières par les personnels policiers. Ceux-ci leur opposent une attitude critique à la fois massive et homogène, déterminée par les conditions d’existence de la profession, mais aussi par les tensions morales constitutives de l’identité policière. Pourtant, cette critique indigène coexiste avec des formes d’appropriation des fictions policières, qui exercent des effets en retour sur la socialisation professionnelle et en particulier sur la constitution des identités au travail.