20 - Nouvelles du monde
Martial Martin
L’« information internationale  » dans les occasionnels et les libelles des guerres de religion
Le Temps des médias n°20, Printemps - été 2013, p. 9-21.>> Acheter cet article sur CAIRN
Très tôt dans l’histoire de l’information imprimée, l’international s’impose aux côtés de la vie nationale (structurée autour des grands personnages et par quelques événements spécifiques comme les naissances, les mariages, les entrées) et des « faits divers » (meurtres sanglants, sexualités hors-normes, monstres, phénomènes célestes, catastrophes). La couverture des campagnes d’Italie constitue sans doute le point de départ de l’« information internationale » imprimée en France. Elle s’y pense, donc, dès ses débuts, en regard d’une glorification militaire de la Nation, des grands, du roi. Cependant, c’est avec les troubles civils et religieux de la seconde partie du siècle que l’information internationale prend son essor. Dans un espace religieux, diplomatique et militaire largement européen, on est à l’affût des nouvelles venues des Pays-Bas, d’Espagne, d’Allemagne, d’Angleterre, de Suisse ou d’Italie, comme le prouvent les répertoires tenus par le meilleur témoin de l’époque, Pierre de L’Estoile toujours à la recherche des bruits et des feuilles volantes provenant de l’étranger. Pour des raisons commerciales, ces feuilles sont souvent regrattées comme beaucoup des canards de l’époque. Mais la « manipulation » de l’information internationale ne s’arrête pas là : jouant sur une proximité de la forme et des réseaux de production et de diffusion, les libelles politiques n’hésitent pas à se présenter comme des lettres venues de l’Angleterre, de l’Espagne ou de l’Italie (parfois même de terres nouvelles bien plus éloignées) : l’un de leur ressort, le sentiment national, se nourrit de la fixation de stéréotypes étrangers.