03 - Public, cher inconnu !
Ouzi Elyada
L’histoire des médias en Israël : jalons et recherches
Le Temps des médias n°3, printemps 2004, p.253-269.
La construction du paysage médiatique israélien
Commençons par quelques repères historiques, indispensables pour notre réflexion. C'est vers la fin du xvie siècle que la presse hébraà ¯que apparaît dans la petite ville de Zafed, en haute Galilée : il s'agit alors de la première imprimerie au Moyen Orient. Au service d'un nouveau centre religieux, créé par un groupe mystique, elle met fin à ses activités à la mort de leur rabbin, quelques années plus tard.
L'imprimerie disparaît de la région pendant 250 ans, et c'est seulement vers 1831 qu'un entrepreneur, Israà « l Beck, fonde une nouvelle imprimerie, également à Zafed, destinée à l'impression de bibles et de livres de prières. Mais à la suite d'un tremblement de terre, Beck est contraint, en 1842, de la transférer à Jérusalem [1]. À partir de cette date, Jérusalem devient la capitale des médias hébraà ¯ques. La ville sainte garde son rôle hégémonique jusqu'à la dernière phase de l'occupation turque en Palestine (1842-1918), s'affirmant comme le centre de la production de livres (religieux et laà ¯cs) et de publications périodiques en hébreu. Les premiers journaux y naissent en 1863, conçus à la fois comme des organes d'information et des instruments de débat idéologique. Pendant la période turque, on compte à Jérusalem une quinzaine de publications périodiques (notamment des hebdomadaires) publiées en hébreu mais aussi en yiddish et ladino. Cette presse est d'abord une affaire commerciale, mais elle sert également les différentes composantes de la société juive (religieuse, laà ¯que, ashkénaze, séfarade, libérale et socialiste). Elle vise d'abord le lecteur local, mais s'adresse aussi aux juifs d'Europe centrale et d'Europe de l'Est [2].
La deuxième phase commence avec l'occupation britannique en 1918 et se prolonge jusqu'à l'indépendance de l'État hébreu, en 1948. Durant cette période, la domination médiatique de Jérusalem s'émousse au profit de Tel-Aviv, nouvelle capitale des médias israéliens, rôle qu'elle conserve de nos jours. C'est dans cette ville méditerranéenne, centre économique et culturel de la nouvelle société laà ¯que israélienne à partir des années 1920, que la presse hébraà ¯que passe de l'enfance à l'âge adulte. Cette maturation est caractérisée par un haut degré de différentiation et de professionnalisation. À la fin de cette époque, en 1948, on relève à Tel-Aviv une large palette de journaux : presse quotidienne (15 journaux), presse magazine (une quarantaine de publications), presse commerciale et presse institutionnelle au service de partis politiques, presse d'élite et presse populaire, presse d'opinion et presse d'information, presse du matin et presse du soir. Le paysage médiatique est alors dominé par la presse de partis politiques en guerre ouverte les uns contre les autres (gauche socialiste / droite nationaliste). À l'opposé de la première phase, la plupart de journaux sont imprimés en hébreu et destinés au public local. Bien avant la Shoah, la presse israélienne ne vise plus les juifs européens qui préfèrent les journaux yiddishs et la presse généraliste [3].
Plus largement, la deuxième phase de l'histoire des médias israéliens est caractérisée par l'arrivée de la plupart des maisons d'édition européennes, qui publient en hébreu : à partir des années 1920, Tel-Aviv devient ainsi la capitale mondiale de l'édition hébraà ¯que et un lieu où se rassemble le plus grand nombre des écrivains hébraà ¯ques. S'y développe aussi une industrie cinématographique qui produit des films de propagande et de fiction, et des actualités filmées en hébreu. En revanche, Jérusalem demeure le centre des médias officiels britanniques : en 1936 est fondée « Radio Jérusalem », diffusée en trois langues (arabe, hébreu, anglais) [4]. La création de l'État d'Israà « l, en 1948, ouvre la troisième phase de l'histoire des médias israéliens. Elle se prolonge jusqu'au 1975, marquée par le déclin de la presse de partis politiques et l'essor de la presse commerciale. Bien que la population quadruple, le nombre de journaux quotidiens n'augmente pas ; au contraire, sept quotidiens, essentiellement liés aux partis politiques, disparaissent. En revanche, le tirage d'un journal comme Maariv passe de 10 000 exemplaires, en 1948, à 300 000, en 1970. La presse est alors dirigée par des journalistes, actifs sous l'occupation britannique. Mais dans le nouvel État juif, ils publient une presse avant tout patriotique, peu critique par rapport à la politique militaire et diplomatique de l'État [5].
La radio est d'abord un organe officiel au service de gouvernement. Mais, en 1965, son statut change : elle devient un service public soumis à la Haute autorité de la radiodiffusion (sur le modèle de la BBC britannique). Quatre ans plus tard, en 1969, naît la télévision israélienne, qui fonctionne également comme un service public. Elle est alors trop faible pour peser sur la production cinématographique, caractérisée par le doublement du nombre des films de fiction et des films documentaires, tous en hébreu [6].
Enfin, la quatrième phase commence après la guerre de Kippour et se poursuit aujourd'hui. Dans l'ensemble, cette période est marquée par l'affaiblissement de l'État et des partis, et la domination de l'espace médiatique par le pouvoir commercial. La presse d'opinion, liée aux structures partisanes, disparaît presque complètement, à l'instar du plus grand journal politique, Davar (travailliste), en 1995, après 70 ans d'existence. C'est Yediot Aharonot, journal commercial fondé en 1939, qui dépasse en 1975 Maariv, et s'inscrit en tête des tirages (400 000 exemplaires pendant la semaine et 600 000 le week-end). Depuis les années 1990, le champ de la presse reste dominé par Yediot et Maariv, qui imposent un discours de plus en plus « people » et sensationnaliste. Ces journaux contrôlent également une partie importante de la presse magazine et de la presse locale (en plein essor depuis la fin des années 1970). La « commercialisation » des médias se manifeste aussi dans le champ audiovisuel. Depuis les années 1990, sont apparues plusieurs chaînes de télévision (quatre, dont deux câblées) et stations de radio commerciales. Ce type de média, financé par la publicité, joue de plus en plus, comme la presse, sur le côté « people » et sensationnaliste. En revanche, la radio et la télévision publiques perdent des points d'audience et ne sont plus aussi hégémoniques [7].
Ce court tableau permettra au lecteur de mieux apprécier le sens et l'ampleur de la recherche entamée en Israà « l sur l'histoire des médias du pays ; une recherche mal connue dans le monde (car écrite en hébreu et très rarement traduite). On insistera, d'abord, sur la presse quotidienne et la presse magazine, ensuite sur la radio et la télévision.
La recherche sur l'histoire de la presse israélienne : étapes
La première recherche sur l'histoire de la presse hébraà ¯que en Israà « l est publiée en 1912 par le journaliste et homme de lettres, S. L. Zitron. Dans une série d'articles, il examine les conditions culturelles et économiques qui ont permis la naissance de la presse hébraà ¯que à Jérusalem, en 1863. Pour l'auteur, le besoin de publier ne s'explique pas par le vaste projet de reconstruction d'une nouvelle culture hébraà ¯que. Selon lui, cette presse est d'abord née pour servir les intérêts économiques et politiques de différents groupes religieux qui, à cette époque, luttent pour le pouvoir [8]. La recherche se poursuit dans les années 1920, avec, notamment, la première tentative, conduite par M. Probes visant à dresser une synthèse de l'histoire de la presse hébraà ¯que en Europe et en Israà « l de 1728 à 1920 [9].
En 1933, on fête à Tel-Aviv le 70e anniversaire de la naissance des journaux hébraà ¯ques. Et, pour cette occasion, sont publiés deux recueils d'articles écrits par des journalistes qui, sous domination turque, ont participé à la création de cette presse. On y trouve les premiers tableaux de la presse d'élite et de la presse populaire, de la presse séfarade et de la presse socialiste [10].
Les journalistes savants occupent le champ de l'étude de l'histoire de la presse jusqu'aux années 1960. L'un d'eux, G. Karsel, publie en 1964 une histoire de la presse hébraà ¯que en Israà « l, de 1842 à 1948. Il propose une synthèse de travaux, ajoutant une recherche, originale sur la presse politique et la presse commerciale pendant l'occupation anglaise. Un autre journaliste, Habib Kenaan, fait paraître en 1969 une histoire de la lutte de la presse hébraà ¯que contre l'autorité anglaise entre 1918 et 1948 [11]. Il faut attendre le milieu des années 1960 pour voir se développer les premières études universitaires sur la presse, animées notamment par les littéraires et les historiens ; des femmes, pour la plupart. Ainsi, Galia Yardeni propose-t-elle un ouvrage fondamental (publié après sa mort prématurée en 1969) sur la presse, entre 1863 et 1904. Il s'agit d'une vaste analyse construite dans une perspective politique, culturelle et littéraire. Elle y montre l'usage de la presse comme agent de laà ¯cisation et de modernisation de la société juive, mais également comme levier de renaissance de la langue hébraà ¯que et de régénération de la culture hébraà ¯que [12]. Autre chercheur important : Nourit Gouvrin. Elle étudie à la fois la confrontation polémique entre presse laà ¯que et presse religieuse en Israà « l, avant la Première Guerre mondiale, et le rôle joué par les périodiques littéraires au début de xxe siècle [13]. On citera également S. Halevi qui, en 1974, entame une indexation des journaux hébraà ¯ques du xixe siècle, et Menucha Gilboa, auteur du premier dictionnaire de la presse hébraà ¯que (xviiie et xixe siècles) [14].
Jusqu'aux années 1980 les spécialistes de la presse publient leurs travaux dans le périodique de la Société d'histoire d'Israà « l (Yad Ben-Zvi), Katedra. Mais, en 1987, sort une nouvelle revue bi-annuelle, Kesher, lancée par le Centre de recherche de la presse juive à l'université de Tel-Aviv, et entièrement consacrée à l'étude de l'histoire de la presse hébraà ¯que. Kesher paraît 16 ans durant (33 numéros, au total). Le caractère pluridisciplinaire de la recherche se manifeste par la participation de littéraires et d'historiens, mais aussi de linguistes, de sociologues des médias, d'économistes, de juristes et de politologues. La revue, dirigée par Shalom Rosenfeld et Mordachai Naor, cesse ses livraisons en novembre 2003, faute d'argent.
Au total, Kesher aura proposé 300 articles, organisés autour de quatre grands axes : la presse de partis et la presse commerciale ; la presse populaire et la presse d'élite ; la presse quotidienne et la presse magazine ; la presse non hébraà ¯que et la presse arabe. À travers ces quatre pôles, les chercheurs examinent la presse dans une optique pluridisciplinaire : dimension économique et technique (structure de production et de diffusion de la presse) ; dimension sociologique (profil de l'éditeur, du journaliste, du lecteur de la presse) ; stratégies éditoriales et évolution de discours de la presse ; rapports entre les journaux (notamment la confrontation idéologique et commerciale) ; liens entre la presse et l'État.
Presse politique/presse commerciale
Jusqu'au début du xxe siècle, l'espace public médiatique israélien est dominé par la petite presse commerciale. C'est vers 1907 que naît le premier journal hebdomadaire créé et financé par un parti politique, socialiste en l'occurrence : Hapoel Hazair - Le jeune ouvrier. Trois ans plus tard, sort un nouveau périodique appartenant à un parti marxiste : Haachdut - L'union. L'étude de cette presse montre son rôle central comme moyen de propagation de l'idéologie de gauche et comme arme contre la presse commerciale, qui défend les intérêts de la bourgeoisie. Sous la période turque, cette presse reste très faible par rapport à la presse commerciale [15]. Il faut attendre encore 15 ans pour voir la naissance, en 1925, du premier grand quotidien politique : Davar [16]. Dès lors, la presse subventionnée par les partis politiques envahit progressivement et finit par occuper l'espace médiatique israélien. Au début des années 1940, 70 % de la presse quotidienne hébraà ¯que appartiennent aux groupes politiques. Ces derniers considèrent le journal d'abord comme un outil de diffusion de leur propre idéologie : les informations y sont sélectionnées et interprétées en fonction de l'intérêt du parti [17].
Autre conséquence de la montée de la presse politique : la transformation de l'espace médiatique israélien dans les années 1930 et 1940 en champ de bataille idéologique d'une rare violence. Cette confrontation médiatique, notamment entre la presse socialiste et la presse révisionniste de droite, est étudiée par plusieurs chercheurs. Nous-même nous sommes intéressé à la naissance de la presse politique de droite et à ses stratégies de communication contre la gauche, en examinant, notamment, la manière dont la droite s'est servie de formes discursives empruntées à la presse à sensation pour attaquer avec virulence les chefs du camp opposé [18]. Cet affrontement arrive à son apogée en 1933, avec l'assassinat du numéro 2 travailliste, Haim Arlozorof, à Tel-Aviv. Plusieurs chercheurs, notamment Mina Grauer, ont précisément étudié la responsabilité de la presse de la droite dans cet événement tragique [19]. En regard des travaux de Grauer, qui couvrent l'ensemble de la presse révisionniste entre 1925 et 1948, on trouve une série d'analyses sur la presse socialiste. Notons ici la recherche de Hana Herzog sur les stratégies politiques de journal travailliste Davar entre 1925 et 1938, face à la presse de droite [20].
La revue Kesher rassemble également une série de travaux sur un grand nombre de titres politiques publiés des années 1930 aux années 1950 : le libéral Haboker (Le Matin), le journal de droite Herout (Liberté), le journal du parti national religieux Hazofé (L'observateur), le journal socialiste Al-Hamishmar (La sentinelle) et le journal communiste Kol-Haam (La voix du peuple). Les chercheurs analysent la naissance de ces journaux, leur structure économique et technique ; ils dressent un portrait de leurs auteurs (éditeurs, journalistes) et s'interrogent sur leur efficacité comme moyen de propagande et de lutte politique [21].
L'affaiblissement de la presse politique à partir des années 1950, et sa disparition progressive au cours des années 1960, suscitent une série de travaux sur le déclin et la mort de la presse politique. Les chercheurs montrent l'incapacité de la presse politique à s'adapter à l'évolution d'un public moins intéressé par la lutte idéologique que par une presse d'information traitant non seulement des grands événements, mais aussi des faits divers, des personnages célèbres ou du sport. En fait, c'est bien la mutation culturelle qui provoque la disparition de la presse politique et la victoire de la presse commerciale en Israà « l [22].
Nous avons déjà remarqué que la presse hébraà ¯que du xixe siècle est d'abord une affaire commerciale. Plusieurs chercheurs ont montré la forte tension marchande qui existe dans l'espace public de Jérusalem et les différentes stratégies entamées par la presse pour élargir son public. Pourtant, cette presse se trouve au xixe siècle en lutte permanente pour sa survie, car la société est encore en retard sur le plan économique et technologique, et le pouvoir d'achat de la population reste trop faible pour soutenir une presse prospère [23]. Cette situation change avec l'occupation britannique. La société se modernise ; la population croît et améliore ses revenus (cf. le numéro spécial de Kesher, en mai 2001, consacré à l'histoire économique de la presse). Les années 1920 sont alors marquées par la présence de deux grands quotidiens commerciaux en Israà « l : le journal d'élite Haaretz (Le pays) et le journal populaire Doar Hayom (Daily Mail). Nos recherches ont tenté d'expliquer la croissance économique de Doar Hayom par sa stratégie éditoriale populaire, à base de gros titres racoleurs et de faits divers, pour séduire le public [24]. Nous avons également étudié l'histoire économique de journal Haaretz, en observant son organisation administrative et financière, en analysant son budget, en étudiant la structure du salaire de ses journalistes, ses stratégies de distribution, et le long processus d'achat de ce journal par les Shoken en 1936, une famille qui contrôle encore aujourd'hui celui qui reste le principal journal d'élite en Israà « l [25].
L'expansion de la presse commerciale se ralentit au début des années 1930, en raison de la crise de 1929. On a vu qu'à partir de cette période l'espace médiatique est occupé par la presse de partis. Mais, vers le milieu des années 1950, s'amorce une progressive croissance de la presse commerciale, notamment avec deux grands journaux, Yediot et Maariv. Cette montée en puissance de la presse commerciale et sa victoire dans les années 1960 a été étudiée par plusieurs chercheurs, notamment : M. Naor, D. Caspi, Y. Limor et S. Leheman-Welzig. Ils montrent, dans leurs travaux, l'affrontement entre ces deux journaux, qui commence en 1948 et se poursuit encore. Ils étudient l'âge d'or de Maariv, entre 1948 et 1975, période où il est le quotidien le plus diffusé en Israà « l, puis observent la manière dont Yediot, plus populaire et plus attentif au grand public, devient le journal commercial le plus lu du pays [26].
Aujourd'hui, l'étude de la presse commerciale s'attache à l'expansion économique de trois grands journaux commerciaux, toujours à structure familiale : Shoken pour Haaretz – depuis 1936 ; Moses pour Yediot – depuis 1939 ; Nimrodi pour Maariv – depuis 1991. Les chercheurs examinent aussi la création, dans les années 1980, des titres locaux créés par ces trois journaux [27]. Ils observent, ensuite, la transformation de Yediot et Maariv en empires multimédias, à partir des années 1990, le processus de pénétration de ces journaux dans le domaine des médias audiovisuels (télévision et radio), l'Internet, le téléphone mobile. Face à cette forte concentration économique, l'État reste paralysé, et les hommes politiques sont obligés de considérer cette presse commerciale comme un véritable contre-pouvoir [28].
Presse populaire/presse d'élite
Le deuxième axe examiné par les chercheurs de la presse hébraà ¯que est celui de la presse populaire et la presse d'élite. Les travaux de Karsel et Yardeni montrent que l'origine de la presse populaire hébraà ¯que date de la fin de xixe siècle : c'est-à -dire quand Eliezer Ben-Yehuda, fondateur de journal Hazevi (Le cerf), décide d'imiter la presse populaire parisienne. Il introduit l'usage de gros titres, l'écriture simple et exclamative chargée d'émotion et de passion, le discours narratif et dramatique, où tout est représenté de manière démesurée et exagérée. Ben-Yehuda se sert de ce style pour peser sur une opinion publique qui soutient la laà ¯cité, le nationalisme et la société de consommation [29]. Le fils de Ben-Yehuda, Itamar Ben-Avi, suit les traces de son père en rendant le journal Hazevi, à partir de 1908, plus sensationnel, à l'instar du Petit journal et du Petit Parisien. Nous-même avons examiné le fonctionnement de ce journal et son effet sur la création de nouveaux périodiques populaires, et les circonstances dans lesquelles, à la veille de la Première Guerre mondiale, Jérusalem devient la capitale d'une presse populaire très violente [Ouzi Elyada, « The Birth of Popular Journalism in Eretz-Israel : 1908-1910 - », Kesher, 11, May 1992, p. 70-79 ; Ouzi Elyada, « The Evolution of Popular Journalism in Eretz-Israel : 1910-1917 - », Kesher, 12, (November 1992), p. 76-85. Reprinted : in « Mass Media in Israel », D. Caspi and Y. Limor, (eds.), Tel-Aviv, The Open University, 1998, p. 111-138.]]. Au lendemain du conflit, Ben-Avi fonde un nouveau quotidien populaire, Doar Hayom, miroir de la presse populaire britannique, et singulièrement du Daily Mail. Nous avons également montré la manière dont Doar Hayom devient, dans les années 1920, le journal le plus lu dans la société israélienne. Ce succès suscite un virulent affrontement entre les partisans de la presse populaire, qui considèrent cette presse comme moyen de modernisation et de « normalisation » de la société juive, et les opposants, qui adoptent l'approche marxiste et regardent la presse populaire comme moyen de domination au service du pouvoir bourgeois [30].
La presse populaire décline à la suite de la victoire de la presse politique dans les années 1930. Mais, vers le milieu des années 1950, débute une lente croissance de cette presse, notamment de Yediot Aharonot. Ce dernier vise, à partir de 1948, un public ciblé, celui des nouveaux immigrants. Yediot essaie de les séduire par un langage populaire simple et schématique, le recours à la photographie et aux gros titres sensationnels, la mise en valeur des faits divers. Fort de cette stratégie, Yediot devient en 1975 le journal le plus lu en Israà « l. Les travaux récents de Caspi et Limor et de Leheman-Welzig montrent l'expansion de la presse populaire en Israà « l, à partir des années 1980, et la pénétration du discours populaire dans les médias audiovisuels commerciaux. Ils soulignent notamment la façon dont le langage populaire soutient le système de valeurs néolibéral, encourageant la consommation et la dépolitisation [31].
L'étude de la presse d'élite n'en est encore qu'à ses débuts. Le journal d'élite le plus important est Haaretz, étudié par Naor et nous-même. Nous avons examiné ses origines en 1918 et sa lente mutation sur le modèle du Times et du New York Times. Cette transformation ne s'est pas faite sans difficultés. Face à la presse populaire et à la presse politique, Haaretz connaissait de graves problèmes de survie. Mais son passage aux mains de la famille Shoken a stabilisé le journal sur le plan économique et permis d'assurer sa continuité comme principal organe d'information de la culture d'élite israélien [32].
La presse magazine
La presse magazine en hébreu naît au début de xxe siècle : il s'agit alors de magazines savants, consacrés à la littérature, à la géographie et à la religion [33]. Mais, pendant la période turque, il est encore difficile de distinguer la presse d'information de la presse magazine, l'une comme l'autre sortant à un rythme hebdomadaire ou mensuel.
La presse magazine se diversifie vraiment entre 1921 et 1948. Se développent, notamment, les magazines populaires, consacrés aux faits divers, à la vie des personnages célèbres, au divertissement (spectacles, cinéma, musique, radio) [34]. Mais on trouve également, alors, des magazines visant un public plus ciblé : les femmes, les enfants, les amateurs de sport, etc. [35] Un grand nombre de ces publications a été étudié : la recherche montre que les magazines populaires profitent du déclin de la presse populaire quotidienne au début des années 1930. La presse magazine est, en général, une petite affaire commerciale. Hebdomadaire, elle fonctionne comme moyen d'évasion et de divertissement. Mais on observe également, en cette période, la prospérité des magazines de la culture d'élite, notamment des magazines littéraires et savants [36].
Dans les années 1950 apparaissent à Tel-Aviv des magazines politiques, dont le plus célèbre est Haolam Hazé. Fondé en 1937 comme une publication populaire dépolitisée, il devient, en 1950, un journal politique militant. Son directeur, Uri Avneri, se sert du discours « populaire-sensationnel » pour lancer une croisade contre le gouvernement travailliste (qui dirige le pays entre 1948 et 1977) et pour rendre « transparent » le pouvoir en général. Les travaux et témoignages consacrés à ce magazine montrent son immense contribution à la lutte contre tout type de censure politique et pour la création d'une véritable presse d'investigation [37]. La presse magazine prospère entre les années 1930 et 1960. Mais, à la fin de cette dernière décennie, elle amorce son déclin, qui s'explique par la concurrence de la presse quotidienne, notamment de Yediot et Maariv. Habilement, ces journaux choisissent, dans les années 1960, d'ajouter au numéro du week-end un supplément magazine gratuit avant, dans les années 1980, de sortir des suppléments magazines deux à trois fois par semaine. Cette démarche condamne une grande partie de la presse magazine : les magazines sportifs, magazines politiques, magazines économiques, magazines du cinéma. Pour le reste, ce type de presse perd son indépendance, rachetée par la presse quotidienne. À partir des années 1990, la presse magazine connaît une brusque embellie, qu'il s'agisse des magazines féminins, pour enfants ou des périodiques de programmes de télévision ; toutefois, presque tous ces journaux appartiennent à la presse quotidienne [38].
Presse non hébraà ¯que/presse arabe
Depuis le xixe siècle, la presse en hébreu domine, la presse non hébraà ¯que (à l'exception de la presse arabe) restant marginale et temporaire. La recherche sur cette presse montre que chaque vague d'immigration produit sa propre presse. Mais dès que les nouveaux immigrants commencent à s'intégrer et à apprendre la langue hébraà ¯que, cette presse décline jusqu'à la prochaine vague d'immigration qui fait brusquement renaître une presse en langue étrangère [39]. Sous la période turque, émerge une première vague en yiddish et ladino [40]. La deuxième apparaît dans les années 1930, au service des immigrants arrivés de l'Allemagne nazie [41]. La troisième, née après 1948, est destinée à un public plus varié : on trouve alors des journaux en yiddish, allemand, hongrois, roumain, russe et français. La recherche montre que les lecteurs de cette troisième vague de journaux passent, après quelques années, à la lecture de la presse populaire hébraà ¯que, à commencer par Yediot. Enfin, la quatrième vague débute à la fin années 1980. Elle est rédigée en russe et destinée aux immigrants venus d'Union soviétique. Or, au début de xxie siècle, on remarque qu'une partie des immigrants a déjà adopté la lecture de Yediot et Maariv [42]. Les journaux en langues étrangères étaient en général de petites entreprises commerciales, qui jouaient un rôle social et idéologique important au service de l'État et de l'establishment sioniste. Ces journaux, en effet, fournissaient aux immigrants les informations et les interprétations fondamentales sur la société israélienne et le monde extérieur ; ils remplissaient un rôle important de médiateurs entre le lecteur et la société, renforçant ainsi le processus de socialisation et d'assimilation [43].
La presse en anglais, elle, remplissait d'autres fonctions. Cette presse apparaît dans les années 1920, sous forme hebdomadaire (The Palestine Weekly de Itamar Ben-Avi). Le premier quotidien, The Palestine Post, est fondé en 1932 ; en 1948, il change son titre pour devenir The Jerusalem Post. Ce journal ne fonctionne pas seulement comme moyen de socialisation des nouveaux immigrants. Il est aussi destiné aux lecteurs non juifs dans le monde. Depuis les années 1930, il est une source d'information et d'interprétation sioniste sur la réalité israélienne. Très longtemps, il a appartenu au parti travailliste ; mais, en 1989, il fut vendu à la société multinationale Hollinger. Depuis, ce journal défend les positions politiques et idéologiques proches de la droite [44].
La presse en langue arabe en Israà « l occupe une place à part. La première publication périodique importante en langue arabe, fut Al Carmel, fondé à Haà ¯fa en 1908, avant Palestine, sorti à Jaffa, en 1911. Sous la période turque, on trouve une dizaine de publications hebdomadaires et mensuelles en arabe : leur tirage est faible, parfois quelques dizaines d'exemplaires tout au plus, mais cette presse est lue très souvent à haute voix dans les cafés et dans la rue. Avec l'occupation britannique, les titres se multiplient et, à partir de 1929, sortent les premiers quotidiens en langue arabe (notamment Palestine, et, plus tard, Al-Difa).
La recherche sur la presse arabe palestinienne en Israà « l reste très limitée. La plupart des chercheurs ont surtout observé l'attitude de la presse arabe à l'égard de la société juive. Dès 1914, Nissim Malul analyse le discours de la presse arabe entre 1910 et 1914, montrant que la plupart de ces publications sont violemment anti-juives (comme Al-Carmel de Haà ¯fa) : du coup, il propose de publier un journal pro-sioniste en arabe [45]. Cette tentative de s'adresser directement à l'opinion palestinienne a été étudiée par plusieurs chercheurs qui ont essayé de comprendre l'échec de cette stratégie de communication [46]. Mais d'autres ont souligné qu'il existait aussi, avant 1948, une collaboration professionnelle entre presse arabe et juive, notamment entre le journal politique libéral Haboker et le grand quotidien de Jaffa Al-Difa [47].
Une contribution importante sur la presse arabe avant 1948 vient de paraître, en mai 2004. On la doit à Mustafa Kaaba, de l'Open University à Tel-Aviv. Son livre s'attache à l'étude de l'évolution de la presse palestinienne entre 1929 et 1939. Il examine un nombre important de publications dont il étudie la structure économique, le tirage, la diffusion, les journalistes. Une grande partie de l'ouvrage est consacrée au système de représentations. L'auteur souligne le poids de cette presse dans la formation d'une opinion palestinienne, nationaliste et anti-juive. Mais il insiste également sur son usage dans la lutte très violente à l'intérieur du camp palestinien [48].
Plusieurs chercheurs se sont intéressés à l'histoire de la presse arabe en Israà « l après 1948. La guerre de 1948 constitue une catastrophe pour les journaux arabes : la quasi totalité d'entre eux disparaît. Mais, en Israà « l, des titres renaissent, à partir des années 1950. Jusqu'à la fin des années 1970, la scène est dominée par la presse des partis politiques, comme le journal en langue arabe du parti communiste, Al Itichad (L'union, publiée depuis 1944) ; mais on trouve aussi le journal travailliste Al Youm, devenu en 1968 Al Anba. La presse politique reste populaire encore aujourd'hui (bien que le journal Al Anba ait fermé ses portes en 1985). Or, on notera qu'à partir des années 1980, émerge une presse hebdomadaire commerciale, qui mêle événements politiques et faits divers (Al Sinara et Koul El Arab, publiés à Nazareth, ou Panorama, publié à Taibé, par exemple) [49].
Radio et télévision
La recherche sur l'histoire de la radio et de la télévision en Israà « l est très peu développé par rapport à l'histoire de la presse écrite. Elle a commencé en 1965 avec l'étude de Zvi Gil sur la naissance de la radio hébraà ¯que en 1936 (sous l'occupation britannique) et sa transformation en radio officielle israélienne en 1948 [50]. Depuis, la recherche sur l'histoire de la radio a avancé très lentement. Signalons pourtant les travaux de Eitan Almog sur la tentative de créer des stations de radio hébraà ¯que avant 1936 [51], et ceux de Y. Limor, R. Mann et Y. Roae, sur l'évolution de la radio israélienne entre 1948 et 2000 [52]. Ces travaux font ressortir quatre périodes dans l'histoire de la radio israélienne.
1. 1936-1948 Après quelques tentatives pour ouvrir une station de radio hébraà ¯que à Tel-Aviv, le gouvernement britannique décide de créer une station de radio officielle, destinée à lutter contre la propagande radiophonique de l'Italie fasciste (qui émet en arabe depuis Bari, en Italie, et plus tard, depuis Tirana, en Albanie). La station diffuse ses programmes en trois langues : arabe, anglais et hébreu. Zvi Gil note que, fin 1936, le public juif dispose de 24 000 postes de radio, sur un parc de 26 000 [53]. Il montre, par ailleurs, que le service hébraà ¯que de la station considère alors la radio comme un moyen de diffusion d'une culture d'élite. Par conséquent, les programmes de la radio sont dominés par des émissions sur l'histoire, la littérature, le théâtre et par des retransmissions en direct de concerts de musique classique. Mais la radio est également employée pour répandre la nouvelle culture israélienne (littérature, théâtre, musique) et des cours de prononciation de la langue hébraà ¯que. Quant aux informations, censurées, elles présentent les positions officielles britanniques.
2. 1948 à 1965 Avec l'indépendance, le radio devient un organe officiel gouvernemental et change son nom (Kol Israel : La voix d'Israà « l). Bien que l'État israélien soit une démocratie parlementaire, sa radio fonctionne comme un instrument autoritaire de propagande. Dans les années 1950, la radio sert le gouvernement pour transmettre un système de valeurs visant à unifier et à consolider la société, encore trop fragmentaire sur le plan culturel et idéologique (transmission en direct du procès Eichmann à Jérusalem). Dans l'ensemble, la radio s'affirme en cette période comme outil de socialisation et de mobilisation patriotique [54].
3. 1965-1995 La période suivante commence avec le brutal changement du statut de la radio qui devient, en 1965, un service public soumis à la haute autorité de la radiodiffusion (sur le modèle de la BBC britannique) [55]. Dès lors, la radio rompt avec la propagande du gouvernement, cultive le pluralisme, se fait même critique à l'égard du pouvoir. Mais dans l'ensemble, elle reste un instrument de communication patriotique qui défend le système de valeurs dominant [56]. Les programmes de la radio se diversifient, désormais moins officiels et plus accessibles au grand public. Les émissions sont retransmises par plusieurs stations spécialisées (musique israélienne, musique classique, informations). Au début des années 1990, la radio devient à la fois un important vecteur d'informations et de divertissements [57]. Notons qu'à cette période, la radio publique se trouve en concurrence avec la station militaire Galei-Zahal, très écoutée par les jeunes [58].
4. Du milieu des années 1990 à nos jours La radio publique perd alors son rôle hégémonique. Des dizaines de stations de radio commerciales locales sont ouvertes ; mais on relève aussi un grand nombre de stations pirates qui émettent sans permis. Toutes ces stations, financées par la publicité, optent pour le langage populaire, voire sensationnaliste [59]. La recherche sur cette quatrième phase montre que la radio publique fonctionne encore comme un agent de la culture d'élite, tandis que les radios commerciales s'appuient sur les genres populaires sensationalistes (faits divers, vie des personnages célèbres, beaucoup de sport, système d'informations peu fiable, musique populaire orientale ; nouveau style radiophonique qui emploie une parole populaire, mal construite, violente, provocatrice) [60].
L'étude de la naissance et de l'évolution de la télévision israélienne est encore moins poussée que celle de la radio. Cette lacune s'explique par le fait que la télévision israélienne est née plus de vingt ans après la télévision européenne, c'est-à -dire en 1969. Zvi Gil est l'auteur de la seule synthèse historique sur la télévision israélienne ; mais son livre date déjà de 1986 [61]. Notons que le premier PDG de la télévision israélienne, Elihu Katz, célèbre chercheur en communication, a également écrit sur la naissance de la télévision israélienne [62]. Ces travaux examinent les premières étapes de la télévision, qui, dès sa naissance, a été définie comme service public, suivant l'exemple de la radio. D'ailleurs, la radio et la télévision ont été intégrées dans la même structure administrative (l'Autorité de la radiodiffusion). Le législateur empêchant la pénétration de la publicité, la télévision est surtout financée par le contribuable. Jusqu'aux années 1990, la télévision publique adopte la même stratégie que la radio. Élitiste, patriotique, elle est aussi populaire, comme l'indique l'audience du journal télévisé de 21 heures, suivi par plus de 80 % des téléspectateurs [63]. Elle est un moyen de socialisation, de mobilisation et de formation de l'identité israélienne, fondée sur la langue, la chanson, la danse et la littérature hébraà ¯que [64].
La deuxième étape de l'histoire de la télévision commence avec la venue du câble en 1992, et plus tard, la création de la télévision commerciale financée par la publicité (Canal 2, en 1993 ; Canal 10, en 2002). Les changements sont alors considérables : l'ancienne « télévision », devenue Canal 1, perd de son audience et abandonne bientôt l'espace médiatique à la télévision commerciale qui propage une culture de consommation et les systèmes de valeurs de la nouvelle mondialisation. Ces mutations ont été étudiées par plusieurs chercheurs. Adoni, Nosek et Weiman ont ainsi analysé l'arrivée de la télévision câblée en Israà « l et son effet sur la diffusion de la « mondialisation » [65], tandis que N. Yoran a examiné Canal 2, chaîne caractérisée par l'exaltation des valeurs à la fois d'une culture matérialiste et hédoniste de la consommation et d'une culture patriotique et nationaliste [66]. La recherche initiale se prolonge maintenant par l'analyse du processus, en plein développement, de concentration et de contrôle des médias imprimés et des télécommunications [67].
Au total, on peut affirmer que l'histoire des médias d'information en Israà « l est, aujourd'hui, un champ d'étude en vive expansion. Les recherches sont pluridisciplinaires, menées par des historiens, des littéraires, des linguistes, des sociologues, des économistes, des chercheurs en sciences de la communication. Malgré tout, la disparition en 2003 de la revue Kesher, lieu de rencontre et d'échange essentiel, a porté un rude coup à l'essor de ces études.
Jusqu'ici, la recherche de l'histoire de la presse, très abondante, s'est peut-être montrée trop spécialisée et trop ciblée. Cet espace de recherche manque, en effet, d'une grande synthèse : la dernière, celle de Karsel, date tout de même de 1964. Il reste également beaucoup à faire dans l'étude des médias audiovisuels. On manque ainsi de monographies sur la radio, pour les années 1948-1995, et la télévision, pour la période 1969-1992. On attend surtout des études sur la radio et la télévision comme institutions, des études sur le profil des journalistes de l'audiovisuel, sur les procédures de travail, sur le rapport entre médias et pouvoir, et sur les systèmes de représentations portés par les médias audiovisuels, qui contribuent à la construction de l'identité collective.
[1] Tous les livres et articles cités sont écrits en hébreu. Je propose ici une traduction anglaise. Sur l'imprimerie à Zafed, voir : H. M. Haberman, « The History of Printing in Zafed », History of Hebrew Printers, Jerusalem, 1978.
[2] S. Halevi, « History of Hebrew Newspapers in Eretz-Israel : 1963-1909 » in Mass Media in Israel, D. Caspi and Y. Limor, Eds, Tel-Aviv, Open University, 1998, p. 9-45. Sur la presse en hébreu en Europe, cf. Godeon Koutz, Journalists and Journals : Studies in the History of Jewish and Hebrew Newspapers, Tel-Aviv, Yaron Golan, 1999.
[3] G. Karsel, History of the Hebrew Press in Eretz-Israel, Jerusalem, 1964, p. 118-151 ; D. Caspi et Y. Limor, The Mediators : The Mass Media In Israel 1948-1990, Tel-Aviv, Am-Oved, 1992, p.95-99. Pour le regard de la presse du centre médiatique de Tel-Aviv sur la périphérie, cf. E. Avraham, The Communication in Israel : Center and Periphery, Jerusalem, Academon, 2000.
[4] Z. Shavit, « The History of Hebrew Publishing in Eretz-Israel », History of the Jewish Society in Eretz- Israeli-The Building of Hebrew Culture, Z. Shavit, ed., Jerusalem, Bialik, 1999, p. 199-262. Sur le cinéma cf. M. Zimerman, The History of Israeli Cinema : 1896-1948, Tel-Aviv, Deunon, 2001.
[5] Sur les rapports entre la presse et le pouvoir, voir Ouzi Elyada, « The Birth if Israeli Censorship », Mass Media in Israel, D. Caspi and Y. Limor, eds, Tel-Aviv, 1998, p. 277-291 ; Dina Goren, Secrecy, Security and Freedom of Speech, Jerusalem, Magnes, 1976 ; Zvi Lavy, « The Editors Comity in Israel », Kesher, 1, mai 1987. Pour une vue d'ensemble sur cette periode, Oz Almog, Farwell Srulik - Changing Values in the Israeli Elite, Haifa, Haifa University Press, 2004, p. 45-92, 103-120.
[6] Caspi and Limor, « The Mediators », op. cit., p. 99-105.
[7] Caspi and Limor, Ibid., p. 40-93, 105-133. O. Almog, Ibid., p. 120-245.
[8] S.L. Zitron, « Notes on the History of Hebrew Newspapers », Haolam, 1912-1913, 6th year, n°28, 7th year, n° 10, 28, 30, 31, 33, 38.
[9] G. Probs, « The History of Hebrew Newspapers : 1728-1920 » Louach Ha-mea-sef, 13, 1923, p. 237-287.
[10] Yudelevitch, David and Pevzner, Zalman, (Eds), Articles on the History of Newspapers in Eretz-Israel, Tel-Aviv, vol 1, 1934, vol 2, 1936.
[11] Karsel, Getzel, The History of Hebrew Newspapers in Eretz-Israel, Jerusalem, 1964 ; Habib Kenaan, The Battle of the Press, Tel-Aviv, 1969.
[12] Galia Yardeni, The Hebrew Newspapers in Eretz-Israel, Tel-Aviv, 1969.
[13] N. Guvrin, Studies in the Literature of Eretz-Israel, Tel-Aviv, 1989 et The Brener Affaire – The Battle Over the Freedom of Speech ; 1911-1913, Jerusalem, Yad Ben Zvi, 1985.
[14] M. Gilboa, Lexicon of the Hebrew press in the 18th and 19th Century, Tel-Aviv, Bialik, 1992 ; S. Halevi, The Halevanon Index, Jerusalem, Yad Ben Zvi, 1974.
[15] Guvrin, « The Brener Affaire », op. cit.
[16] M. Gilboa, « The Birth of Davar », Kesher, 16, November 1994 ; M. Naor, « Davar-Ten Editers : 1925-1996 », Kesher, 20, November 1996.
[17] G. Karsel, op. cit., p. 118-151.
[18] Ouzi, Elyada, « The Revisionist “Doar Hayom†: A Tumultuous Chapter in Journalistic History, 1930-1931 », Kesher, 17, May 1995, p.73-86. Ouzi Elyada, « “Doar Hayom†, The transformation of commercial Newspaper to a Party Organ, 1928-1929 », Kesher, 24, November 1998, p. 68-75.
[19] Mina Grauer, The Newspapers and The Party-The Revisionist Party and its Newspapers, Tel-Aviv, Zabutinsky Institute, 2002, p. 65-76, p. 103-134 ; G. Zifroni, « Hazit Haam », Kesher, 2, November 1987.
[20] Hana Herzog, Davar – Between Ideology and Politics : 1925-1938, Tel-Aviv, 1974.
[21] M. Naor, « Haboker- The Newspaper of the Center », Kesher, 29, May 2001 ; D. Melamed, « The Communist Underground Newspapers », Kesher, 9, May 1991 ; Y. Lahav, « Kol-Haam- Militant Communist Newspaper », Kesher, 2, November 1987 ; M. Naor, « Hador-A Party Newspaper », Kesher, 13, May 1993 ; A. Botzer, « The Rise and Fall of the Newspaper Herout » Kesher, 21, May 1997 ; A. Naor, « The Press of the Right – Wing Party », Kesher, 25, May 1999 ; B. Gutman, « The Rise and Fall of the Newspaper Zemanim », Kesher, 10, November 1991 ; A. Kedmy, « Mivrak », Kesher, 3, May 1988.
[22] D. Caspi and Y. Limor, op. cit., p.40-47 ; Y. Limor, « The Destiny of Daily Newspapers in Israel », Kesher, 25, May 1999, p.41-51 ; « The Death of Newspapers-Debate », Kesher, 15, May 1994.
[23] Y. Limor, « The Publishers War in the early History of Hebrew Journalism » in Mass Media in Israel, D. Caspi and Y. Limor, eds, Tel-Aviv, The Open University, 1998, p. 101-110 ; J. Lang « The Hirshorne Publishers – A Chapter in the History of Jerusalem Newspapers – 1882-1908 », Kesher, 29, May 2001, p. 27-43.
[24] Ouzi Elyada, « The confrontation between popular and elite journalism in Eretz-Israel : 1918-1925 », Kesher, 26, November 1999, p. 37-48.
[25] Ouzi Elyada, « Economic Analysis of an Elite Journal : Haaretz - 1918-1937 », Kesher, 29, May 2001, p. 57-84 ; M. Naor, « The First Years of Haaretz », Kesher, 5, 1989, p. 78-86 ; M. Naor, « Y.L.Goldberg- A Publisher in the Service of Haaretz », Kesher, 16, November 1994.
[26] M. Naor, « The Big Putche : Yediot – Maariv : The Beginning », Kesher, 33, May 2003, p. 3-16 ; S. Leheman – Welzig, « Yediot confronting Maariv : Past, Present, Future », Kesher, 25, 1999 ; D. Caspi, Y. Limor, « The Mediators », op. cit., p. 55-67.
[27] D. Caspi, Media Decentralization – the Case of Israel's Local Newspapers, New Jersey. 1986 ; D. Caspi and Y. Limor, « The Mediators », op. cit., p. 68-76.
[28] Y. Limor, « The Little Prince and the Big Brother – The Communication Industry in Israel », in Communication and Democracy in Israel, D. Caspi, Ed. Tel-Aviv, 1997, p. 29-46 ; Y. Limor and E. Gabel, « Media Ownership and Concentration in Israel », Kesher, 32, November 2002, p. 28-36 ; Y. Limor, « The Censorship of the Invisible Hand », Kesher, 29, May 2001, p. 98-110 (sur la censure économique).
[29] G. Yardeni, « The Hebrew Newspapers in Eretz-Israel », op. cit., p. 236-317 ; G. Kersel, « History of the Hebrew Press in Eretz-Israel » op. cit., p.67-100 ; A. D. Malachi. Articles about Eretz-Israel, Jerusalem, yad ben Zvi, 2001, p. 3-121, 179-189.
[30] Ouzi Elyada, « The confrontation between popular and elite journalism in Eretz-Israel : 1918-1925 », Kesher, 26, November 1999, p. 37-48.
[31] D. Caspi and Y. Limor, « The Mediators », op. cit., p. 55-68 ; S. Leheman – Welzig, Ibid.
[32] Ouzi. Elyada, « Economic Analysis of an Elite Journal : Haretz - 1918-1937 », Kesher, 29, May 2001, p. 57-84 ; M. Naor, « News from Eretz-israel », Kesher, 14, November 1993.
[33] Voir par exemple, N. Guvrin, Ha-omer – Life and death of a Litterary Magazine, Jerusalem 1980.
[34] G. Zifroni, « Yton Meyu-chad-The World in Yellow », Kesher, 8, November 1990 ; A. Zimerman, « The Wheel-Radio magazine », Kesher, 21, May 1997 ; T. Shapir-Benyamini, « Kalnoa-The First Illustrated magazine », Kesher, 7, May 1990.
[35] S. Leiden, « La-isha – Magazine for Women », Kesher, 28, November 2000, U. Ofek, « Magazines for Children » Hebrew Literature for Children : 1900-1948, Tel-Aviv, Devir, 1988, Vol 2, p.582-620, 715-721 ; M. Naor, « History of Humor and Satire Newspapers in Israel », Kesher, 11, May 1992 ; N. Kopelovitch, « Sikot- History of Humor and Satire Magazine », Kesher, 9, May 1991 ; Israel Paz, « The Sport and the Press in Eretz-israel », in Body Culture and Sport in Eretz-Israel, Jerusalem, Yad Ben Zvi, 2002, p. 343-362.
[36] Z. Shavit, « History of Periodicals and Newspapers », History of the Jewish Society in Eretz- Israeli-The Building of Hebrew Culture, Z. Shavit, ed., Jerusalem, Bialik, 1999, p. 132-156.
[37] S. Cohen, Haolm Haze, Tel-Aviv 1972, A. Becher, Uri Avneri, Tel-Aviv, 1968 ; M. Keren, « Holam Haze-Ideology and Politics », Kesher, 25, May 1999 ; J. Shavit, « Haolam Haze-Post Mortem », Kesher, 15, May 1994.
[38] Caspi and Limor, « The Mediators », op. cit., p. 76-83.
[39] Caspi and Limor, op. cit., p. 49-53.
[40] A. D. Malachi. Articles about Eretz-Israel, Jerusalem, yad ben Zvi, 2001, p. 174-178 ; M. D. Gaon, « The History of Sefarad Newspapers- Ladino in Eretz-Israel », in D. Yudelevitch, and Z. Pevzner, (Eds), Articles on the History of Newspapers in Eretz-Israel, Tel-Aviv, vol 1, 1934, p. 30-39.
[41] Y. Gelber, « The Newspapers in German Language », Kesher, 4, November 1988.
[42] M. Lipman, « Newspapers in Russian Language », Kesher, 8, November 1990 ; A. Ben-Yakov, « Newspapers in Russian Language in Israel », Kesher, 24, November 1998.
[43] D. Kaspi et Y. Limore, op. cit., p.49-50
[44] A. Zevielli, « The Jerusalem Post », Kesher, 12, November 1992.
[45] N. Malul, « The Arabic Press », Ha-shi-loah, 31, 1914-1915, p.364-374, 439-450.
[46] Y. Roaei. « The Zionist Organization and the Arabe Press : 1908-1914 », Zion, 32, n° 3-4, p. 201-227 ; E. Rubinstein, « The Debate Over Publishing a Pro-Zionist-Arab Newspaper », Kesher, n° 1, May 1987, p. 45-54.
[47] G. Zifroni, « Cooperation Between the Jewish Newspaper Haboker and the Arab Newspaper Al-Difa from Jaffa », Kesher, 16, November 1994.
[48] Mustafa Kaaba, The Palestinians Newspapers : 1929-1939, Jerusalem, Yad Ben Zevi, 2004.
[49] Caspi and Limor, op. cit., p. 89-93, A. Mansur, « The Arabic Newspapers in Israel », Kesher, 7, May 1990 ; Salim Jubran, « The Arabic Newspapers in Israel », Kesher, 25, May 1999.
[50] Zvi Gil, « From the Voice of Jerusalem to the Voice of Israel », Mass Media in Israel, Caspi and Limor, eds, Tel-Aviv, 1998, p. 235-250 ; voir aussi, M. Avida, « The three Voices-on the foundation of the Voice of Jerusalem », in Y. Tichler, On Journalist and Journalism, Jerusalem, 1976, p. 89-104.
[51] Eitan Almog, « Israeli Radio Station », Kesher, 20, November 1996 ; Eitan Almog, « The British Government against hostile broadcasting », Kesher, 15, May 1995.
[52] Y. Limor, « Conservation vsv Dynamism – The Evolution of the Nakdi Document », Kesher, 22. 1997 ; Y. Limor, « The illegal Radio stations », Kesher, 19, May 1996 ; R. Mann and Z. Gon-Gros, Galai-Zahal – the Military radio, Tel-Aviv, 2002 ; Y. Roae, « Monologue, Dialogue and Ideology – The Kol Israel Broadcasting, 1957-1987 », Bikoret ve parsanut 28, 1992.
[53] Zvi Gil, op. cit., p. 299-301.
[54] Caspi and Limor, « The Mediators », op. cit., p. 94-101.
[55] Y. Limor, « Conservation vsv Dynamism – The Evolution of the Nakdi Document », Kesher, 22, 1997.
[56] R. Nir and Y. Roae, « Reading the News in the Israeli radio », in Mass Media in Israel, Caspi and Limor, eds, p. 440-454 ; S. Kital, « The Voice of Israel-Who will laugh ? », Kesher, 12, November 1992.
[57] Sur la transmission des nouvelles pendant la guerre, cf. Caspi and Limor, « The Mediators », op. cit., p. 110-115.
[58] R. Mann and Z. Gon-Gros, Galei-Zahal –The Military radio, Tel-Aviv, 2002 ; Caspi and Limor, « The Mediators », op. cit., p.106-110.
[59] Y. Limor, « The illegals-Pirates Radio stations », Kesher, 19, May 1996.
[60] Tamar Libes, « The Broadcasting Structure and Society Structure », Kesher, 25, May 1999.
[61] Zvi Gil, The Diamonds Building- The Story of the Israeli television, Tel-Aviv, Poalim, 1986.
[62] E. Katz, H. Haaze, « Twenty Years of Israeli Television », Zemanim, 52, 1995.
[63] Sur la télévision et les informations, voir, P. Yurman, Life Broadcasting : Media in Israà « l 1976-1986, Tel-Aviv, 1986.
[64] G. Weiman, « On Television Culture in Israel », in Mass Media in Israel, Caspi and Limor, eds, p. 98-104.
[65] H. Adoni and H. Nosek, « Me, Israeli and Citizen of the World – The Cable television and its implications on socials relations », in D. Caspi, ed, Communication and Politics in Israel, Tel-Aviv, 1997, p. 97-115 ; G. Weiman, « Connecting to Cables - The implications of Multi-Channel Television » Megamot, 36, n°4, 1996.
[66] N. Yoran, Chanel 2, Tel-Aviv, Resling, 2001.
[67] Cf. note 27.