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Atelier "Regarder / archiver la guerre", MMSH, Aix en Provence, 8 octobre 2018
Depuis 2016, le Pôle Images/sons, pratiques du numérique en SHS, l’UMR TELEMMe et Ina Méditerranée organisent un atelier professionnel sur le thème Visual studies et Méditerranée. Animé par des chercheurs et des professionnels de l’information impliqués sur les questions des Visual studies, rattaché à des pratiques de recherche autour des postes de consultation de l’Ina installés à la MMSH, cet atelier est une invitation à un dialogue entre historiens, anthropologues, politistes et professionnels du patrimoine, qui y trouveront, un éclairage inédit sur les sources des sciences humaines et sociales.
La journée du 8 octobre 2018 s’inscrit dans le prolongement des précédents ateliers qui ont été l’occasion de faire un point sur les modalités de recherche et d’usages des archives du dépôt légal du Web (2016) et sur les méthodes de recherche des archives sonores et audiovisuelles de l’Ina (2017). Il s’agit maintenant de s’interroger sur les processus de collecte, d’organisation et des modalités d’accès de fonds constitués en situation de guerre puis d’interprétation à des fins d’analyse en sciences humaines et sociales : deux cents ans de visions différenciées de la guerre construisent aujourd’hui notre regard. L’atelier propose ainsi de confronter trois expériences de chercheur·e·s qui ont constitué des fonds archives ou en ont consulté pour leurs recherches sur des situation de guerre. Il s’agit aussi de donner aux professionnels de l’Ina l’occasion de présenter les outils à la disposition des chercheurs pour mettre en place une méthodologie de recherche sur la thématique de la guerre. Pour prolonger les discussions, le film, réalisé par Emad Ahmad et Stéphanie Latte, Inner Mapping (CNRS Images, 2017) sera projeté à la fin de l’atelier.
Programme
9h30 – Accueil et introduction, Maryline Crivello, historienne, PR1 AMU, UMR Telemme, Directrice exécutive de la Fondation A*MIDEX
10h – Archiver la Grande Guerre ? Des fonds de la Section cinématographique de l’Armée au dépôt légal de la télévision française, Clément Puget, Maître de conférences en Cinéma et audiovisuel, Université Bordeaux Montaigne, Unité de recherche CLARE – Cultures, Littératures, Arts, Représentations, Esthétiques (EA 4593) et chercheur associé IRCAV – Institut de recherche sur le cinéma et l’audiovisuel (Paris 3).
L’événement 14-18 touchant la fin de son centenaire, en cette année 2018, nous offre l’opportunité, grâce aux fonds de la Section cinématographique de l’Armée1 devenue SPCA en 1917, ECPA ensuite et désormais ECPAD (Établissement de communication et de production de la Défense) mais également du dépôt légal de la Télévision française, d’envisager un peu plus d’un siècle d’écriture de l’histoire de la Grande Guerre (1915-2018) au moyen du cinématographe puis de la télévision. Mon ambition sera d’interroger les modalités d’écriture de l’événement dans un échantillon de fragments filmiques ayant fait l’objet de projections – en temps de guerre –, montages divers – pendant et après le conflit – et remplois (Blümlinger) – dans des documentaire et reportages télévisuels.
11h – 1 Jour, 1 Poilu, les amateurs de guerre sur Twitter. Le dépôt légal du web de l’Ina comme outil de curation, Marta Severo, maitre de conférences à l’Université Paris Nanterre, EA Dicen-idf et membre junior de l’IUF.
Le 30 avril 2018, les membres du projet « 1 Jour 1 Poilu » acclament la fin de l’indexation des fiches des soldats « Morts pour la France » lors de la Première Guerre mondiale (1 400 000). C’est l’histoire de quelques centaines d’amateurs de guerre et généalogiste passionnés qui se sont coordonnés à travers le hashtag Twitter #1J1P transcrire et compléter, de manière spontanée et auto-organisée, la totalité des fiches des soldats publiées sur le portail Mémoire des hommes. Cette communication présentera la méthodologie qui a été mise en place pour étudier les dizaines de milliers de tweets que ces amateurs se sont échangés pendant quatre ans. En particulier, deux techniques seront comparées : l’interrogation des archives Twitter de l’Ina et la construction d’une archive personnelle de tweets en incluant #1J1P.
13h30 (reprise) : Introduction et modération : Sophie Gebeil, MCF Espé – UMR Telemme
14h : Regarder/Archiver la guerre : Quels outils pour une généalogie des archives audiovisuelles de l’Ina à l’ère du web, Sophie Gillery et Mireille Maurice, Ina Méditerranée.
L’institut national de l’audiovisuel met à disposition des chercheur·e·s en sciences humaines et sociales de nombreux outils pour les soutenir dans leurs recherches documentaires dans les fonds d’archives du dépôt légal de l’Ina qu’il s’agisse d’émission télévisées, radiodiffusées ou du web. A partir de la thématique de la guerre, l’intervention sera l’occasion de revenir sur les méthodologies de recherche adaptées aux fonds du dépôt légal de l’Inathèque mais aussi sur les nouveaux outils qui ont été développés , à l’heure du big data et du web sémantique, pour rendre leurs recherches plus efficaces.
15h : Archives en guerre/Revanche des images : absence, disparition et remontée de la mémoire visuelle des Palestiniens, Stéphanie Latte Abdallah, historienne/politiste, chercheure CNRS au CERI-SciencesPo, Paris.
Comment se sont recréées des archives et une mémoire visuelle de l’exil, des pionniers du cinéma révolutionnaire palestiniens à partir de fonds épars – ceux de l’Institut du cinéma palestinien – ou d’autres qui n’étaient pas destinés à documenter une présence historique et politique des Palestiniens, voire même qui entendaient l’effacer : ceux de l’humanitaire, et ceux de l’armée et de l’Etat israéliens. Il s’agit de faire l’histoire d’archives photographiques, filmiques qui au fil du temps ont été pour certaines retrouvées, pour d’autres simplement réinventées, réinvesties de significations nouvelles par l’archivage, le numérique, la recherche, le cinéma ou la création artistique.
16h30 : Projection Inner Mapping
Inner Mapping expérimente les limites territoriales de l’occupation israélienne en Cisjordanie. Selon qui vous êtes, la voiture que vous conduisez, vos circulations sont distinctes, parallèles. Le pays devient le réseau de routes, de chemins que vous pouvez empruntez. Le guide de ce drôle de road movie, le GPS palestinien, est concret, technologique, graphique. Banal, global, il est acculé par un contexte d’exception. Rouler avec le GPS, c’est vivre une carte absurde. Chacun de nous, de ceux que nous rencontrons, portent leur propre frontière. Nous regardons le dedans avec la caméra du chef opérateur, mais aussi, en continu, le dehors avec trois caméras Go Pros installées sur la voiture. Avec ce dispositif, nous filmons la cassure entre le territoire d’une continuité perdue, celui d’une Palestine rêvée et politique, et la Palestine du quotidien : la Cisjordanie des déplacements possibles, du GPS, coupée en deux cartes, israélienne et palestinienne.