Comptes rendus
Gérard Bonet
André Stil, rédacteur en chef de L’Humanité de 1950 à 1958
Né dans le Nord, repéré par Louis Aragon qui deviendra son ami et son mentor, André Stil n’a que 29 ans lorsqu’il est appelé à la rédaction en chef de L’Humanité. Venu au journalisme par la Résistance, il occupera ce poste de 1950 à 1958. Sa fonction le place immédiatement aux avant-postes des luttes dans la France de la guerre froide. Pourtant, dans son for intérieur, ce responsable communiste se voudrait avant tout un écrivain. En 1952, le Prix Staline vient consacrer son engagement et cette ambition. Figure exemplaire à l’intérieur du PCF qui le porte aux nues, il représente pour le pouvoir un symbole à atteindre. Il est emprisonné à deux reprises, en 1952 et en 1953. L’intervention des troupes soviétiques à Budapest, en novembre 1956, n’entame en rien son engagement communiste. Cependant, ennuis de santé et création littéraire conjugués font que ses éditoriaux s’espacent tandis que son animation de la rédaction devient erratique. En avril 1959, alors que, dira t-il plus tard, "j’ai tenu mon poste politique autant et aussi bien que je l’ai pu", L’Humanité annonce par un entrefilet sibyllin qu’il renonce à sa fonction de rédacteur en chef. André Stil s’éloigne dès lors de la politique active et des contraintes journalistiques inhérentes à un quotidien auquel ne le rattache plus qu’une chronique littéraire pour se consacrer, désormais, à son œuvre d’écrivain.