« À Cœurs Vaillants, rien d’impossible », cette fière devise attribuée à Jacques Cœur ornait le bandeau-titre de Cœurs Vaillants. Né dans la capitale de l’Artois de l’initiative de quelques prêtres arrageois avant d’être repris par l’Union des œuvres catholiques et de connaître un succès national, cet illustré a laissé un souvenir marquant dans la mémoire de ses anciens lecteurs. Ne serait-ce que parce qu’il a popularisé le premier les aventures de Tintin et Milou en France. Objet de mémoire chéri aussi car la presse illustrée était un des principaux loisirs de la jeunesse, du moins de la tranche d’âge 7-14 ans, avant le déferlement de la télévision. Longtemps négligée par les historiens, cette presse s’insère tout à la fois dans l’histoire de la presse, de l’édition et de la jeunesse. Les éditeurs chrétiens ont très tôt investi ce territoire de la culture et des loisirs enfantins, persuadés, non sans raison, de trouver là un terrain propice à la diffusion de leurs messages éducatif et spirituel, voire même politique.
L’ambition de cet ouvrage est d’examiner à l’aide de regards disciplinaires croisés tous les aspects de ces presses, images aussi bien que textes, photographies et bandes dessinées aussi bien que romans et nouvelles, en mettant en valeur leur variété et leur spécificité sans négliger une perspective comparative entre illustrés catholiques et protestants mais aussi entre illustrés français, belges et suisses. L’évolution de cette presse n’est pas non plus ignorée de la fin du XIXe siècle à l’aube du XXIe siècle, d’une presse d’évangélisation à une presse moralisante et humanitariste laïcisée mais toujours pétrie de valeurs chrétiennes. Les presses enfantines chrétiennes sont comprises dans la plus large acception, presse confessionnelle bien sûr, mais aussi presse nourrie d’esprit chrétien, La Semaine de Suzette ou Lisette tout autant que Cœurs vaillants ou Pomme d’Api.
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